Romain Grégoire à une marche du succès

Tout comme il avait coché la deuxième étape de la Vuelta, Romain Grégoire attendait beaucoup du onzième acte menant à la Laguna Nera ce mercredi. Et à l’instar du deuxième jour (7^e), le puncheur franc-comtois a répondu présent. Au terme d’une grosse bagarre durant la première heure, il a d’abord réussi à se glisser à l’avant en compagnie de Rudy Molard et Lewis Askey, au sein d’une échappée de vingt-six coureurs qui a pu se jouer la victoire dans l’unique ascension du jour. Encore en lice pour la gagne à 300 mètres du but, l’ancien champion d’Europe Juniors a simplement buté sur Jesus Herrada au terme du sprint final. Sur la ligne, il s’est octroyé la deuxième place, soit son premier podium sur un Grand Tour. Rudy Molard a quant à lui franchi la ligne en septième position et Lenny Martinez a accompagné les favoris jusqu’au sommet, conservant donc son cinquième rang au général.

Pour Romain Grégoire et l’Équipe cycliste Groupama-FDJ dans son ensemble, l’ambition était claire ce mercredi au départ de Lerma, à l’occasion d’une véritable « course de côte » vers la Laguna Negra (6,5 km à 6,7%) à Vinuesa. « On avait prévu de jouer l’étape aujourd’hui, exposait Benoît Vaugrenard. L’étape était propice aux échappés ». Il fallait donc réussir à prendre les devants, mais une large partie du peloton avait une velléité similaire ce mercredi, ce qui a donc conduit à une bagarre féroce et ininterrompue pendant plus d’une heure. Ce n’est qu’après d’innombrables relances et cinquante bornes parcourues qu’un groupe a enfin pu se détacher. « On avait décidé de mettre Romain, Rudy ou Michael devant, reprenait Benoît. Au final, on en avait deux parmi les trois, plus Lewis. On était super bien représentés ». « Ça a bagarré pendant un long moment, sur un profil assez plat, donc ce n’était vraiment pas évident, complétait Rudy. On n’a vraiment rien lâché et on a réussi à l’intégrer avec deux belles cartes. C’était un bon départ ». « Tout était parfait, ajoutait enfin Romain. On avait Rudy et moi pour la montée finale et Lewis pour boucher les trous et nous aider du mieux possible dans la vallée ». Au sein d’une échappée de vingt-six coureurs, le trio de la Groupama-FDJ a notamment retrouvé Geraint Thomas, Filippo Ganna, Jesus Herrada, Andreas Kron, Andrea Piccolo, Luis Leon Sanchez ou bien Jonathan Caicedo.

« J’ai décidé de me sacrifier », Rudy Molard

Sans coureur menaçant au général, le peloton a laissé faire. L’écart a rapidement atteint quatre minutes, et a même flirté avec les six minutes dans la dernière heure de course. Sur un terrain dénué de difficultés jusqu’à l’ascension finale, l’échappée a longtemps entretenu une collaboration relativement bonne. Les premières escarmouches ont fait irruption dans les quinze derniers kilomètres, mais Lewis Askey s’est assuré de maintenir ses coéquipiers dans le match. À l’approche de la montée finale de la Laguna Negra, Paul Ourselin a anticipé la grande bataille, mais dès les premières rampes, Filippo Ganna s’est porté en tête de groupe pour imprimer une allure très soutenue et dégraisser l’échappée. À la mi-ascension, ils n’étaient plus que huit à pouvoir tenir sa roue, dont Romain Grégoire et Rudy Molard. L’Italien a gardé les commandes jusqu’à 1500 mètres de la ligne, où la pente s’est franchement durcie et les premières accélérations se sont produites. Rudy Molard a très brièvement tenté de se frayer un chemin en tête, avant que Jonathan Caicedo ne prenne quelques longueurs d’avance au passage sous la flamme rouge. « Quand il est parti, il fallait que l’un de nous se sacrifie et j’ai décidé de faire l’effort, indiquait Rudy. C’était un final quand même explosif, et Romain pouvait jouer la gagne donc j’ai décidé de me sacrifier ». À la suite du relais appuyé de Rudy Molard, Romain Grégoire a embrayé dans la roue de Geraint Thomas et un quatuor s’est ainsi rapproché à quelques mètres du Sud-Américain à 300 mètres du but.

« Je ne peux pas être déçu », Romain Grégoire

C’est à cet instant que Jesus Herrada a décidé de lancer le sprint final. Romain Grégoire a bien tenté d’accrocher sa roue, mais sans succès. L’Espagnol s’est ainsi dirigé vers la victoire, et le jeune Bisontin devait se contenter de la deuxième place au sommet, à trois secondes. « Je pense que j’ai tout bien fait, confiait Romain peu après la ligne. Je ne peux même pas être déçu, car quand Herrada m’a débordé, je ne pouvais rien faire. Je suis battu par plus fort. On sait qu’il est monstrueux dans ce genre de scénario, et ça n’a pas raté. J’étais là, mais en-dessous de lui. Tant pis. On ne fait pas le palmarès avec des deuxièmes places, mais je n’ai rien à regretter aujourd’hui ». « On est tombés sur un coureur plus expérimenté et un peu plus résistant que nous, saluait également Benoît. Romain s’est très bien défendu et Rudy a été exemplaire une fois de plus. Que ce soit avec Lenny ou Romain, il fournit un gros travail sur cette Vuelta ». Auteur de son premier podium en Grand Tour après sa septième place à Barcelone le deuxième jour, Romain Grégoire a quoi qu’il en soit pris rendez-vous pour les étapes à venir. « Je suis en forme, et j’étais même mieux aujourd’hui qu’en première semaine, lâchait-il. On réessaiera ». L’Équipe cycliste Groupama-FDJ totalise désormais huit tops 10 depuis le départ de la Vuelta. « De manière générale, on se souvient toujours de son premier Grand Tour, mais un Grand Tour comme celui-là, ça va marquer les jeunes, confiait Rudy. Ils pourront se reposer dessus pour progresser et prendre encore plus confiance. Je suis vraiment content d’être avec eux sur cette Vuelta ».

Lenny Martinez a quant lui terminé dans le peloton des favoris ce mercredi, au terme d’un final contrôlé par les équipiers de Remco Evenepoel. Le grimpeur français demeure donc à la cinquième place du général mais restera vigilant jeudi vers Saragosse, où les sprinteurs espèrent avoir gain de cause. « Si le vent est mal placé ça peut être une étape très piégeuse car c’est dégagé toute la journée », concluait Benoît.