À Coxyde ce vendredi, Jake Stewart a cette fois-ci échoué aux portes du top 10. Il s’est en revanche encore montré à son avantage dans une Classique belge usante et des plus sélectives. Longtemps situé dans un groupe de poursuite, le Britannique de 21 ans est revenu en tête de course dans le final et a pu prendre part au sprint pour la gagne. Émoussé par 200 kilomètres d’efforts, il s’est finalement contenté d’une douzième place sur la ligne, mais il a eu l’occasion, une nouvelle fois, d’envoyer des signaux très prometteurs.

Deuxième course de la semaine au plat-pays pour l’Équipe cycliste Groupama-FDJ, au surlendemain de la Nokere Koerse, la Bredene Koksijde Classic présentait un tracé de deux-cent kilomètres mais surtout deux passages par le Kemmelberg aux alentours de la mi-parcours. Il était donc attendu que la course démarre de bonne heure, mais ce fut encore davantage le cas en raison de la météo du jour. « Le vent a rendu le scénario intéressant, racontait Jake Stewart, sixième à Nokere et de nouveau protégé ce vendredi. Après avoir pris connaissance des prédictions météo, on savait que ça allait souffler et le départ a du coup été très tendu. C’était hyper mouvementé, tout le monde voulait être bien placé. Les quatre-vingt premiers kilomètres jusqu’au Kemmel se sont effectués plein gaz ! » Conséquence logique, des bordures ont animé le début de la journée et le peloton s’est morcelé en trois avant même d’atteindre les difficultés du jour. « Dans la première partie de course, ça s’est plutôt bien passé pour nous, assurait Yvon Madiot. Jake était plutôt bien entouré par les jeunes, notamment nos gars de la Conti, Lewis et Rait. On a passé les bordures sans trop de problèmes. En revanche, on s’est retrouvés un peu plus en difficulté au premier passage du Mont Kemmel. La course a démarré très tôt et les gars n’étaient pas assez bien placés ».

« J’étais cuit », Jake Stewart

À 120 kilomètres de l’arrivée, un très solide groupe de treize hommes a ainsi pris ses distances avec le peloton. « J’étais un peu trop en retrait au pied et j’ai loupé le coup, confirmait Jake. Alors, je me suis assuré d’être bien placé pour la deuxième ascension et j’ai pu prendre place dans la contre-attaque ». Aux côtés d’une quinzaine d’autres coureurs, le Britannique s’est d’abord – et légitimement – montré assez discret. « J’étais seul, sans équipier, j’ai donc essayé de conserver un peu d’énergie », disait-il. « Au début, je lui ai dit de ne pas trop en faire, complétait Yvon.  Le groupe s’était rapproché assez vite dans un premier temps, à moins de quarante secondes. Malheureusement, ça s’est remis à accélérer devant et il a donc fallu qu’il roule un peu plus avec tout le monde. L’écart est resté d’environ 40 secondes sur près de cent kilomètres, ça ne voulait pas rentrer. Ils ont laissé beaucoup d’énergie dans la poursuite ».

C’est alors par un circuit local dénué de réelle difficulté, à couvrir trois fois, que l’épreuve se concluait. Au premier passage sur la ligne (33 km), l’écart recensé était de 45 secondes, puis de 25 secondes au tour suivant en raison notamment d’un mauvais aiguillage du groupe de tête. De nouvelles accélérations ont par la suite rapproché le contre de l’échappée initiale, alors en chasse derrière Lukas Pöstlberger. La jonction s’est finalement opérée peu avant l’entame du dernier tour, Jake Stewart en étant l’un des instigateurs : « J’ai fait un petit effort pour faire le jump car l’écart oscillait autour des 20 secondes et je voulais être sûr de revenir sur la tête ». Une fois le regroupement opéré, il a néanmoins fallu chasser derrière Pöstlberger. La poursuite fut un peu désordonnée, mais l’Autrichien a tout de même rendu les armes peu avant la flamme rouge. Un sprint en petit comité s’est préparé. « J’ai essayé de bien me placer, ajoutait Jake, mais j’étais cuit pour l’arrivée. Je n’ai pas pu livrer un bon sprint ». Aux environs de la dixième position au moment d’entamer la dernière ligne droite, le Britannique est plus ou moins resté à sa place et s’est finalement classé douzième.

« Ce qu’a fait Jake aujourd’hui, c’est vraiment bien », Yvon Madiot

« Il m’a dit qu’il était mort, qu’il n’avait plus les jambes, confirmait Yvon. Il a essayé de suivre le sprint mais il n’avait plus rien à donner. Ce n’est pas étonnant. Il est encore jeune, il n’a que 21 ans. Il manque logiquement d’un peu de résistance, mais ce qu’il a fait aujourd’hui est vraiment bien. C’était une course très dure, à fond toute la journée. Il faut surtout retenir qu’il était devant, pour sa première véritable année chez les grands. Une fois qu’il aura pris encore plus de caisse et d’expérience, je pense que ça fera un très bon coureur de Classiques ». L’intéressé, déjà deuxième de l’Omloop Het Nieuwsblad fin février, souhaitait lui aussi relever le positif. « Je peux être content de ma course, assurait-il. C’était une longue journée et j’ai beaucoup appris aujourd’hui. Je n’avais que peu couru dans les bordures jusque-là, donc c’était bien d’être là, à l’avant de la course. Je peux me diriger vers les prochaines Classiques avec une dose d’expérience supplémentaire ». « De manière générale, on a encore manqué d’un peu d’expérience, mais c’est normal, ponctuait Yvon. Nous avions un groupe très très jeune aujourd’hui (le deuxième plus jeune du plateau, ndlr). L’ancien c’était Olivier Le Gac, qui n’a que 27 ans. C’est en tous les cas le type de course qui va leur servir pour l’avenir, mais elle va aussi servir à Olivier qui avait besoin de courir et faire quelques efforts en vue des prochaines échéances ».

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