À l’occasion d’une journée spectaculaire sur les routes du Tour de France, David Gaudu et l’Équipe cycliste Groupama-FDJ dans son ensemble ont parfaitement négocié la fameuse « étape des pavés ». En direction d’Arenberg, le leader breton a évité tous les ennuis, bien escorté par ses collègues flahutes, et a toujours demeuré au sein du principal groupe de leaders. À l’arrivée, il n’a concédé que quelques secondes au seul Tadej Pogacar, et a de fait effectué un bon au vingtième rang du classement général. La journée redoutée est devenue une journée maîtrisée. 

« Ça ne débranche jamais », Thibaut Pinot

C’est l’étape qui faisait causer depuis le départ de la Grande Boucle, et même depuis plusieurs mois. C’est l’étape qui, en une fraction de seconde, avait le potentiel de déterminer le destin dans ce Tour de France de l’un ou l’autre coureur. Ce mercredi, c’était donc jour de pavés. Tout commençait depuis Lille, peu après 13 heures, et tout devait se conclure à Arenberg, 157 kilomètres et onze secteurs pavés plus loin. L’objectif majeur du côté de l’Équipe cycliste Groupama-FDJ était naturellement de ramener David Gaudu à bon port, mais les obstacles ne manquaient pas. Néanmoins, le peloton a d’abord pu tranquillement se mettre en route après un départ un peu plus dynamique que les jours précédents, lors duquel six coureurs ont pris la tête : Magnus Cort, Neilson Powless(EF Education-Easy Post), Alexis Gougeard (B&B Hotel-KTM), Edvald Boasson-Hagen (TotalEnergies), Simon Clarke (Israel-Premier Tech) ainsi que Taco van der Hoorn (Intermarché-Wanty Gobert). Leur avance a progressivement atteint les quatre minutes, mais la bataille de positions dans le peloton a débuté dès l’entrée dans les cent derniers kilomètres. Valentin Madouas a notamment occupé les avant-postes jusqu’à l’arrivée sur le premier secteur pavé de la journée. Mais c’est à partir du second, situé après environ cent bornesque la course s’est véritablement débridée. « Ça a roulé très vite dans les cinquante derniers kilomètres, glissait plus tard Thibaut Pinot. Ça ne débranche jamais sur les pavés ». « J’étais vraiment très stressé ce matin, mais je me suis bien senti dès le premier secteur, racontait David Gaudu. J’avais vraiment la bonne patte ».

Le jeune grimpeur avait aussi les bons équipiers. Alors que l’écrémage s’est initié par l’arrière dès les premières portions pavées, lui demeurait au chaud dans la roue de Kevin Geniets et Stefan Küng. À la sortie du secteur 6, à plus de trente kilomètres de l’arrivée, il figurait ainsi dans un premier peloton avec les deux flahutes et à peine une vingtaine de coureurs, quelques favoris ayant eux été distancés ou piégés. « On a la chance d’avoir du super matos, et j’avais aussi la chance d’avoir un grand Stefan Küng qui me faisait la trace sur les pavés, expliquait David. Je restais au maximum dans sa roue ». Un peu plus loin, une chute a coupé le groupe des favoris en deux à la sortie d’un rond-point, mais David Gaudu y échappait car présent en tête avec ses deux coéquipiers. À vingt kilomètres du but, dans le secteur numéro 3, le maillot blanc Tadej Pogacar s’est fait la malle avec Jasper Stuyven, alors que Stefan Küng tâchait de rouler dans un groupe très amaigri en contre. « David est toujours resté près de moi, il me faisait constamment signe, et après l’enchaînement dessecteurs, on n’était plus qu’une petite quinzaine et quelques favoris étaient piégés, expliquait le rouleur suisse. On s’est mis à rouler tout de suite, J’étais seul au début, puis un mec d’Arkéa-Samsic est venu m’aider, mais les autres ne voulaient pas tourner ». À un troisième échelon, un deuxième peloton comprenant notamment Vingegaard, Yates, Thomas ou bien le maillot jaune Van Aert s’est réorganisé dans le final et a pu établir la jonction à six kilomètres du but environ. Thibaut Pinot et Valentin Madouas en étaient également. 

« Sans eux, je n’en serais pas là », David Gaudu

À l’arrivée, Simon Clarke a lui parachevé son échappée d’une victoire alors que Tadej Pogacar a grignoté treize secondes à la plupart des favoris. David Gaudu a donc terminé dans un peloton d’une cinquantaine d’unités, remontant ainsi au vingtième rang du général. « Ça a plutôt été une bonne journée pour nous, puisque David, Thibaut et Valentin arrivent devant, synthétisait Philippe Mauduit. Collectivement, ils ont encore fait un gros travail. Chapeau à eux pour cette journée. Chacun a tenu son rôle. Stefan a même fait un peu plus que ce qui était prévu sur toute la dernière partie et l’a d’ailleurs un peu payé dans les cinq derniers kilomètres. Tout le monde a fait ce qu’il avait à faire sur cette journée. C’était une journée très attendue par le public, mais aussi très stressante pour toutes les équipes. Du coup, passer au travers de tous les pépins, c’est une bonne chose ». « J’ai pu compter sur une super équipe, soulignait David. Franchement, sans eux, je n’en serais pas là. Un grand merci à eux. C’est un bon point de passage validéC’est simplement dommage que le groupe Van Aert rentredans le final, mais c’est comme ça ! Il va falloir récupérer et ne pas décompresser ». Ce mercredi, David Gaudu pointe à 1’15 du maillot jaune et reste dans le match après cette journée de tous les dangers. « L’équipe s’en est bien sortie, concluait Thibaut. L’important était que David reste au contact des autres leaders, ce qu’il a fait. Il ne fallait pasperdre le Tour ici, je pense que c’est vraiment positif pour la suiteC’est un soulagement, mais dès demain ce sera une nouvelle étape difficile et piégeuse dans le final ». À Longwy, c’est un enchaînement de côtes qu’il faudra cette fois-ci maîtriser.