La dix-neuvième étape du Tour d’Espagne ce vendredi autour de Talavera de la Reina aura été moins animée qu’espérée par certains, mais l’Équipe cycliste Groupama-FDJ a malgré tout joué son va-tout dans le final. Alors qu’un emballage réduit se profilait, Miles Scotson a ainsi surgi dans les six-cents derniers mètres pour essayer de tromper les sprinteurs. L’Australien a certes pris quelques longueurs, mais il n’a pu éviter le retour de la meute à 250 mètres du but et la nouvelle victoire de Mads Pedersen. Samedi, l’avant-dernière étape constituera la dernière opportunité pour les grimpeurs.

C’est une étape en circuit qui était proposée ce vendredi aux coureurs de la Vuelta, à l’avant-veille de l’arrivée finale. Un circuit de… soixante-quatre kilomètres, à boucler deux fois, et comprenant l’ascension relativement roulante du Puerto del Pielago (9km à 6%). Malheureusement pour les grimpeurs, l’étape se concluait au terme de quarante kilomètres de descente et de plat, mais les baroudeurs nourrissaient malgré tout de vraies espérances pour cette journée. Ainsi, les attaques ont été nombreuses pendant dix kilomètres, mais lorsque Jonathan Caicedo (EF Education-EasyPost), Brandon McNulty (UAE Team Emirates) et Ander Okamika (Burgos-BH) se sont extirpés dans les contreforts de la première ascension, le peloton n’a alors permis à personne d’autre, si ce n’est à Lawson Craddock (EF Education-EasyPost), de s’enfuir. « On espérait un peu plus de mouvements au départ, et il y en a eu un peu, mais il y a eu un gros barrage dès qu’on s’est retrouvés dans la bosse et on savait que ça pouvait se passer ainsi, relatait Philippe Mauduit. On savait également depuis 2-3 jours que Trek-Segafredo avait un plan pour l’étape du jour, mais on savait aussi qu’ils n’allaient pas avoir beaucoup d’aide. Il y avait donc un petit espoir que le peloton soit très actif et qu’une belle échappée se déclenche. Ça n’a pas été le cas, et je pense que toutes les équipes concernées par le classement général étaient bien contentes de ce scénario. De notre côté, on s’est accommodé de cette situation, et ça a été une journée de récupération pour nos grimpeurs ».

« Ça valait le coup d’essayer », Miles Scotson

Le trio de tête a lui pu compter jusqu’à quatre minutes d’avance dans la première heure de course, mais le peloton l’avait déjà bouché à cinquante bornes du terme. Dans la deuxième montée du Puerto del Pielago, une véritable sélection s’est effectuée par l’arrière, mais une soixantaine de coureurs figurait encore dans le groupe maillot rouge au sommet. Parmi eux : Thibaut Pinot, Sébastien Reichenbach, Rudy Molard mais aussi Miles Scotson. Ce dernier s’est alors attaché à refaire le plein d’énergie en vue du final, promis à un coureur véloce. Un peloton réduit s’est donc sereinement dirigé vers l’arrivée, et Miles Scotson s’est replacé dans les cinq derniers kilomètres avant d’utiliser sa munition à environ 600 mètres de la ligne. « Je pouvais sprinter, mais si j’avais l’occasion d’y aller, alors je devais le faire, car je n’aurais jamais pu gagner le sprint, confiait l’intéressé. Peut-être que j’aurais pu faire une place, mais je me suis dit que ça n’aurait pas changé ma carrière et qu’on ne sait pas quand sera la prochaine arrivée avec un peloton réduit. La manière dont je suis remonté et j’ai attaqué n’était pas parfaite mais je devais essayer. Les chances de gagner comme cela étaient minces, mais si on n’essaie pas, on ne réussit pas ». Habituellement membre du train d’Arnaud Démare, l’Australien a tâché d’user de sa puissance pour faire la différence. Et s’il a pu prendre une quinzaine de mètres à la suite de son accélération, le peloton n’a toutefois pas relâché son effort.

« J’ai essayé de ne pas trop me retourner mais j’espérais faire un trou plus important, expliquait-il. La première fois que j’ai regardé derrière, j’ai senti que la Trek-Segafredo était quasiment dans mon aspiration. Dans ces circonstances, c’est dur de faire un vrai écart et de résister, surtout quand on sait à quel point ça va vite dans les 200 derniers mètres. Mais ça valait le coup d’essayer, je n’ai pas de regrets ». Repris à environ 250 mètres de la ligne, Miles Scotson était donc aux avant-postes pour voir Mads Pedersen démarrer son sprint, et l’emporter. Le rouleur de la Groupama-FDJ a finalement coupé la ligne en 25e position. « Il s’est accroché dans le peloton pour basculer et tenter sa chance dans le dernier kilomètre, reprenait Philippe. Il a préféré prendre le risque d’attaquer. Si Pedersen s’était retrouvé seul à 400-500 mètres de la ligne, ça l’aurait peut-être fait. Malheureusement pour Miles, Tiberi était encore capable de relayer, mais c’était bien joué. Il fallait tenter, surtout quand on a les qualités pour le faire. C’est en tout cas bon signe pour Miles. Il a été très gêné depuis le milieu de semaine dernière par une rhinopharyngite. Il était proche de l’abandon il y a deux jours car il était vraiment dans le dur. Ça allait un peu mieux ce matin, il a passé une bonne journée et il a réussi à franchir la bosse avec le peloton. C’est aussi une bonne nouvelle pour dimanche, car on retrouve un poisson-pilote pour tenter de faire un beau sprint avec Fabian ».

Avant le final madrilène, une dernière étape accidentée, cumulant près de 4000 mètres de dénivelé, verra les grimpeurs de l’équipe tenter le tout pour le tout samedi. « Il y a tout pour que ce soit une étape de folie, concluait Philippe. Est-ce que l’échappée réussira à aller au bout, ou est-ce que le peloton rentrera du fait de la bagarre pour le podium ? Ce sera encore du 50/50, mais il faudra évidemment essayer ».

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