avec Frédéric Grappe

« Les feux sont au vert ! »

Après un week-end sur ses skis de fond et en famille, le responsable du pôle performance de l’équipe FDJ, Frédéric Grappe, nous fait le compte rendu du stage qui s’est déroulé la semaine dernière en Espagne. Pour la première fois, deux groupes de coureurs avaient été mis sur pied, les sprinteurs et leurs équipiers, les grimpeurs et leurs équipiers. Leur travail spécifique a été impressionnant et fait penser que les résultats ne devraient pas tarder en début de saison.

Frédéric comment s’est déroulé ce deuxième stage à Calpe ?

Vraiment ç’a été un très bon stage même si on a été embêté par le mauvais temps les trois derniers jours. Nous avons mis en place un nouveau modèle. Les années précédentes, il y avait beaucoup de coureurs regroupés ensemble en janvier et on s’est dit qu’on ne faisait pas assez de travail spécifique pour les sprinteurs ou pour les grimpeurs. On  arrosait dans tous les sens mais ce n’était pas assez. Cette année, nous avons donc fait chevaucher les deux groupes, ils se sont rencontrés seulement pendant trois jours dont un jour de repos. En fait, ils ont travaillé ensemble pour le chrono par équipes.

 « Nous avons mis en place un nouveau modèle »

 

  

Qu’avez-vous mis en place pour les sprinteurs et coureurs de classiques ?

Pour les sprinteurs, nous avons imaginé beaucoup de situations nouvelles, nous avons inventé de nouveaux jeux. En règle générale, les coureurs il faut les surprendre pour éviter de tomber dans la routine. Les mettre dans une nouvelle situation qui allie ludique et travail. Je peux dire que le pari est gagné. Eux ont eu sept jours de beau temps et ils se sont bien amusés. Il n’y a pas eu un seul coureur qui n’était pas dedans ou pas en condition. C’est rare. Je peux dire que le groupe de ‘’classicmen’’ était bien motivé, bien préparé et a joué le jeu à bloc. Dans ce groupe, il y a eu une cohésion comme jamais. Les gars se sont beaucoup investi, se sont beaucoup parlé, il y a eu des briefings et débriefing chaque jour. Il s’est passé quelque chose, le ciment a bien pris. L’arrivée des étrangers fait du bien, ils sont bien intégrés. Ce fut une semaine fantastique.

Quelle a été la nouveauté ?

L’idée était de trouver les situations les plus proches de la course, sans le peloton. Arnaud Démare avait son train, Davide Cimolai avait le sien et il y avait un électron libre dans la roue, un autre sprinteur. C’était intéressant. Cet exercice a permis de se souvenir des erreurs commises en course et elles ont été comprises.

Cela signifie qu’aujourd’hui vous avez connaissance du train idéal pour Arnaud ?

Il est affiné. On avait bien débriefé cet hiver et on a décidé de mettre le paquet dans le sprint. De coordonner le travail dans le sprint. Frédéric Guesdon qui est très impliqué, a été le maître d’œuvre de cette mise en place, il a proposé des situations. On n’avait jamais fait ça, un directeur sportif qui faisait le programme. Il a mis de belles situations en place. Tout le monde a travaillé la main dans la main. Sur ce tour de deux kilomètres, tout le staff était concerné, Marc Madiot était au bord de la route. Il y en avait que pour eux, les grimpeurs n’étaient pas là. Je peux dire aussi qu’on a fait un recrutement intéressant. Jacopo Guarnieri joue un rôle très important, il écoute, il se remet en cause et apporte ce qu’il a connu chez Katusha.

Frédéric Guesdon et Arnaud Démare lors du stage à Calpe (Espagne)

Dans la continuité, il est possible de transposer ce travail ?

C’est simple, on sprinte toute l’année. Sur quatre-vingt jours de course, les deux-tiers du temps, un sprinteur et ses équipiers jouent la gagne. Un sprinteur bien accompagné, ça change son mental puisqu’il a confiance en ses boys.

«  Il n’y a pas eu un seul coureur qui n’était pas dedans ou pas en condition. C’est rare »

Comment était Arnaud Démare pendant cette semaine ?

Souriant tous les jours. C’est un stage où il s’est amusé en progressant. Les coureurs ont bien senti cette progression. Ils ont tenté des combinaisons. Ils ont travaillé l’influence du placement dans les virages. Aujourd’hui c’est ancré dans les esprits.

Dommage que Lorrenzo Manzin qui était en Australie, n’ait pu profiter de cette mise en place ?

Vu le Tour Down Under qu’il a fait, il est évident qu’il a passé un palier psychologique intéressant. De toute façon, il fallait bien un sprinteur de chez nous là-bas. Il ne l’a pas vécu ce stage mais il bénéficiera de tout ce qu’il a fait en Australie et de ce qu’il s’est passé en Espagne. Il va avoir les debriefings toute l’année.

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Tu parlais de l’apport de Jacopo Guarnieri ?

Il connaît bien son taf. Et il a été surpris de voir la somme de travail, de réunions, de debriefings, de voir qu’on est une équipe qui travaille dans la qualité. Quant à Davide Cimolai, c’est simple, il n’avait jamais fait de stages avec Lampre.

Frédéric Grappe/Julien Pinot et Tobias Ludvigsson lors du stage à Calpe (Espagne)

Passons aux grimpeurs, quel a été leur menu ?

Ils sont arrivés trois jours après les sprinteurs. Leur première session a consisté à travailler le chrono par équipes avec les sprinteurs et le chrono individuel. Je peux dire qu’on est en place. Il y a eu aussi des situations nouvelles avec les grimpeurs. Malheureusement, il y a eu le mauvais temps, on n’a pas fait tout ce qu’on voulait. Le dernier jour, ils ont fait deux séances de home trainer. Ils ont quand même eu de bons exercices. On a également reproduit l’exigence d’une montée finale en course.

 Que penses-tu de David Gaudu ?

C’est un coureur étonnant et impressionnant. Dans le contre la montre par équipes, on ne savait pas trop mais il était bien posé, pas en difficulté, dans le tempo. C’est un garçon posé et sûr de lui. Il a vingt ans et a une belle maturité. Dans les bosses, il est taillé pour grimper et il est explosif. Quand il se met en danseuse, il met du braquet et ça pousse, ça pousse… Et il ne se couche pas ! Il va faire des écarts dans les montées. C’est rare à son âge.

« Vu la cohésion des deux groupes, je sens qu’il y a de ‘’l’happy face’’, il n’y a pas de tensions et des mecs motivés. Les feux sont au vert ! »   

A t’entendre, on comprend que c’est fini les stages où on tenait comptes des calendriers et des objectifs différents pour chacun ?

Il n’y a pas de différences dans le travail, on ne peut plus être en retard. Dès le début de saison, les mecs sont tellement prêts qu’il est difficile de boucher le trou. Il vaut mieux être prêt trop tôt et gérer que l’inverse. L’important est de bien assimiler les charges de travail. Après un tel stage, les gars le savent, il ne faut pas trop travailler derrière. Après de telles intensités, le voyage retour ce n’est pas une journée de récup’. On leur préconise donc deux jours de repos en lâchant prise. En fait, il faut une petite semaine de récup avec de petites sorties. Je peux dire que les deux groupes sont très homogènes mais ce sont deux races à part. Ils sont dans la même équipe mais le modèle compétitif est différent. Arnaud et Thibaut font le même sport mais les situations sont très différentes.

Comment va Kevin Reza ?

Il va bien. Le programme a été aménagé pour lui, il ne doit pas revenir trop vite. Il va progressivement rattraper son retard accumulé, ce sera progressif mais il sera bien en ligne. Il n’a plus de problème physique, il sourit, il est à l’aise et je suis certain qu’il va faire une belle saison 2017. Meilleure que les deux précédentes. Il a eu du mal à s’intégrer mais c’est fait. Lui était dans le groupe de Thibaut mais il rentrait parfois plus tôt à l’hôtel.

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L’équipe cycliste FDJ lors du stage à Calpe (Espagne)

Tu sembles penser que l’équipe FDJ aura de bons résultats d’entrée de jeu ?

Il n’y a pas de mecs malades, pas de pépins physiques. Le Tour Down Under s’est bien passé. Jojo (Le Bon) est tombé mais ne s’est pas blessé. Lorrenzo (Manzin) a compris qu’il doit prendre plus de risques pour aller chercher des résultats. Il l’a fait contre des mecs qui roulent au chaud depuis des semaines et avaient de l’avance sur lui. J’ai vu que Jérémy Maison marche bien, Anthony Roux est toujours très impliqué… Vu la cohésion des deux groupes, je sens qu’il y a de ‘’l’happy face’’, il n’y a pas de tensions et des mecs motivés. Les feux sont au vert !     

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