À la veille de l’entrée du Tour de France dans les Pyrénées, l’ensemble du peloton s’attendait à une journée sous tension ce vendredi, entre Millau et Lavaur.  Cette septième étape aura même été plus agitée qu’on ne le présageait, puisque la bagarre a commencé d’entrée et que le rythme n’a jamais faibli. Les bordures attendues ont bien eu lieu dans les trente derniers kilomètres, mais l’Équipe cycliste Groupama-FDJ a su répondre présente au rendez-vous, autour de son leader Thibaut Pinot. Bien entouré dans les moments décisifs, le grimpeur franc-comtois a terminé dans le temps du vainqueur Wout van Aert, contrairement à d’autres favoris, et remonte ainsi dans le top 10 du général avant la première grande étape de montagne ce samedi.

« J’ai tout de suite dit aux gars : il faut s’accrocher, ça ne vas pas s’arrêter », Stefan Küng

Le vent, sa force, sa direction et son impact sur la septième étape du Tour étaient au centre de toutes les discussions ce vendredi matin à Millau. Pourtant, ce n’est pas la météo qui a fait imploser le peloton dès les toutes premières minutes, mais la formation Bora-hansgrohe de Peter Sagan, bien décidée à se délester des purs sprinteurs dans la perspective du maillot vert et du gain de l’étape. Les coéquipiers de l’ancien champion du monde ont ainsi imprimé un tempo infernal qui a quasiment réduit le peloton de moitié après dix kilomètres. Thibaut Pinot, pour sa part, comptait encore six coéquipiers à ses côtés au moment de faire un premier état des lieux. « Ça démarré plus tôt que ce que tout le monde avait imaginé, mais on connaissait ce départ, relatait Stefan Küng cinq heures plus tard. C’était le même qu’il y a deux ans, et je me souviens d’un scénario similaire, à ceci près que c’était rentré après soixante kilomètres. Je n’ai pas été étonné quand Bora a mis en route et j’ai tout de suite dit aux gars : il faut s’accrocher, ça ne va pas s’arrêter, on ira comme ça jusqu’au bout ».

À la suite d’une grosse lutte à distance entre le premier peloton et celui du maillot vert Sam Bennett, piégé, la Bora-hansgrohe a été récompensée de son initiative et a condamné la plupart des sprinteurs. Il ne restait alors plus qu’une petite centaine d’unités dans le peloton au moment d’aller chercher le long mais roulant col de Peyronnenc. Thomas De Gendt a alors profité d’un tempo légèrement moins soutenu pour tenter d’anticiper. Mais constamment maintenu à moins d’une minute, le Belge n’a jamais pu envisager la gagne. D’autant que la tension est remontée en flèche dans le peloton principal à près de cinquante kilomètres du but, à l’approche de Castres, où un changement de direction capital avait été repéré par l’ensemble des équipes. La Groupama-FDJ n’a pas manqué le coche, a parfaitement replacé Thibaut Pinot, et s’est même retrouvée en nombre lorsqu’un groupe d’une quarantaine d’hommes s’est détaché avec un fort vent de dos.

« On s’est fait avoir une fois, pas deux ! », Matthieu Ladagnous

« C’est le travail de toute une équipe, soulignait Matthieu Ladagnous. Les grimpeurs nous ont aidé et abrité toute la journée pour qu’on puisse s’économiser. Pour nous, rouleurs, le travail commençait véritablement à la sortie de Castres, où on devait replacer Thibaut, et on s’est retrouvés à cinq dans la première bordure. On a alors déroulé et on a fait des écarts. C’est l’exact opposé de la journée d’Albi l’an dernier. On s’est fait avoir une fois, pas deux ! Aujourd’hui, c’était une bonne journée pour nous ». Lorsque la première bordure s’est constituée à trente bornes du but, Thibaut Pinot comptait encore auprès de lui Matthieu Ladagnous, Valentin Madouas, Rudy Molard et bien naturellement Stefan Küng, son garde du corps attitré. « Il fallait toujours être attentif et rouler devant, expliquait le champion d’Europe du chrono. On était là avec toute l’équipe et on a vraiment fait une bonne étape. J’ai dit à Thibaut de bien rester dans ma roue et il a bien réagi. J’ai senti qu’il était vraiment dedans, il venait toujours se replacer lorsqu’il lui arrivait de reculer. C’était aussi bon signe, dans le final, de tous se retrouver quand ça a commencé à durcir. Cela montre aussi la force collective du groupe ».

Stefan Küng lui-même a d’ailleurs tiré le peloton jusque dans le dernier kilomètre. Calé dans son sillage, son leader a donc pu tranquillement en terminer, en dix-huitième position. Bien présent à l’avant à l’inverse des Pogacar, Landa, Porte, Mollema ou Carapaz, Thibaut Pinot a ainsi grignoté quelques places supplémentaires au général et figure ce soir en neuvième position, à treize secondes du maillot jaune toujours porté par Adam Yates. « C’était une journée très très importante, compliquée sur le papier, et on avait aussi ce mauvais souvenir de l’an passé à Albi, récapitulait Thierry Bricaud. On savait que les conditions seraient assez similaires et qu’on se devait d’être présents. On l’a été, et surtout collectivement, ce qui est le plus important. Il y a eu une grosse étape dès le départ et cela a également permis d’éclaircir le général. On était bien présents autour de Thibaut et c’était l’essentiel. C’est une journée importante de passée, mais il y en a encore beaucoup de journées importantes à venir. Ce sera le cas dès ce week-end, avec l’entrée dans les Pyrénées, pour deux étapes de montagne qui distribueront les cartes pour la suite du Tour ».

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