Il ne fêtera ses 20 ans que le mois prochain, mais Lenny Martinez a déjà tout d’un grand. À l’occasion de la grosse étape de montagne du Critérium du Dauphiné ce samedi, le coureur de l’Équipe cycliste Groupama-FDJ a encore exhibé toutes ses qualités. Il s’est ainsi immiscé dans la bagarre entre les principaux favoris dans la dernière montée du jour et a rejoint le sommet du Col de la Croix de Fer au sein d’un groupe qui s’est disputé la cinquième place. Finalement douzième sur la ligne, à une minute et seize secondes du vainqueur et maillot jaune Jonas Vingegaard, le jeune homme est remonté au dix-septième rang du général avant l’ultime journée extrêmement escarpée vers Grenoble.

Moins de 150 kilomètres de course, mais plus de 4000 mètres de dénivelé positif. Tel était le menu du jour sur le Critérium du Dauphiné. Après cinquante bornes toutes plates en guise d’entrée en matière, ce sont les cols de la Madeleine et du Mollard qui faisaient figure de plat principal avant le dessert épicé que constituait le Col de la Croix de Fer. Il s’agissait aussi d’un final historique, car jamais l’épreuve n’avait tracé une ligne d’arrivée aussi haut (2067 mètres). Si cette journée semblait réservée aux prétendants du général, la Groupama-FDJ avait décidé d’anticiper la grande bagarre dans cette septième étape, et c’est Reuben Thompson qui s’est retrouvé à l’avant dans la première partie de course. Le Néo-Zélandais n’a toutefois jamais pu établir la jonction avec la toute première échappée, et est donc resté en contre avec trois hommes pendant près de quatre-vingts kilomètres. Au terme de cette belle escapade, qui lui a permis de passer le sommet du Col de la Madeleine en septième position, l’ancien de « La Conti » a finalement été repris à l’entame du Col du Mollard, à moins de 40 bornes de l’arrivée. Déjà réduit d’une bonne moitié à cet instant, le peloton a continué de perdre quelques éléments dans cette même ascension, puis a récupéré Victor Campenaerts, le dernier échappé, au pied du Col de la Croix de Fer (13 km à 6%, dont les six derniers à plus de 8%).

« Je gère mieux l’enchaînements des cols », Lenny Martinez

La grande explication tant attendue s’est donc profilée, mais c’est un rythme asphyxiant qui a d’abord maintenu le peloton en file indienne dans la première partie de montée, assez roulante. À six kilomètres du sommet, la route s’est davantage cabrée, et il n’a fallu qu’une poignée d’hectomètres supplémentaires pour voir le maillot jaune Jonas Vingegaard filer seul en tête. Derrière, Lenny Martinez a peu à peu recollé les wagons pour se retrouver au troisième échelon de course, avec certaines pointures telles Ben O’Connor, Jai Hindley, Dani Martinez ou encore Jack Haig. Le jeune homme a de nouveau fait sensation, restant agrippé aux roues des meilleurs jusqu’au bout. Certains ont réussi à se détacher à l’approche du sommet, mais c’est malgré tout au sein d’un groupe jouant la cinquième place du jour que Lenny Martinez a pu atteindre l’arrivée. « Je n’ai pas réussi à faire le sprint, il m’en manquait un peu pour chercher une petite placette, confiait-il à l’arrivée. Je suis allé le plus loin possible dans la douleur. Il faut que je finisse mort, sinon j’ai un regret. Je suis quand même content d’être là, après un bel enchaînement rapide de cols. Au début de la saison, j’avais un peu plus de mal de ce point de vue, mais je sens que j’ai pris de la caisse et que je le gère mieux désormais ». Finalement, le jeune homme de 19 ans s’est accaparé de la douzième place du jour, à 1’16 de Vingegaard mais à simplement une petite vingtaine de secondes du podium. « C’est chouette ce que réalise Lenny, il confirme tous les espoirs qu’on avait en lui, commentait Philippe Mauduit. Il a fait une superbe étape ».  

« Il faut en passer par là », Philippe Mauduit

Sa remarquable performance du jour lui a aussi permis de remonter de douze positions au classement général ce samedi. Il occupe désormais le 17e rang, à 5’35 du leader danois et à un peu plus d’une minute du top-10. Son aîné David Gaudu a pour sa part pris la 23e place au sommet de la Croix de Fer, à trois minutes de Vingegaard, et figure désormais aux portes du top-20 au classement général (22e). « C’est logique compte tenu des derniers jours, confiait Philippe. Il n’y pas eu de miracle et il n’y en aura pas demain non plus, surtout sur ce type d’étape. David est à sa place du moment. Comme tout compétiteur, il ne veut pas se retrouver là, mais ça fait partie du jeu. Il faut en passer par là et apprendre de cette situation. David est quelqu’un qui a toujours connu des hauts et des bas, et qui a montré qu’il était capable de gérer les bas pour rebondir. Encore une fois, ça fait partie du sport du haut-niveau. Les coureurs restent des humains qui peuvent avoir des contre-performances, même si on essaie de faire en sorte qu’ils en aient le moins possible ». Dimanche, le Critérium du Dauphiné se clôturera avec des cols moins haut perchés, mais une étape « montagnes russes » néanmoins très exigeante, qui se conclura avec le « mur » de La Bastille, sur les hauteurs de Grenoble.

1 commentaire

Bonningue

Bonningue

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Le 11 juin 2023 à 02:18

David et Valentin ne sont pas à leur niveau…espérons pour le tour ! Quant à Lenny c’est super, grand espoir du cyclisme Français, on y croit !