Pour son deuxième jour en rouge sur la Vuelta, Lenny Martinez a ce samedi dû faire face aux assauts. La huitième étape, parachevée par l’ascension très abrupte de Xorret de Cati, a essoré les organismes, et le jeune leader de l’Équipe cycliste Groupama-FDJ a pu compter sur des coéquipiers dévoués jusqu’à l’explication finale. S’il n’a pu tenir en respect les meilleurs, il a en revanche livré un beau combat en compagnie de Michael Storer pour limiter les dégâts. Sur la ligne, il a finalement cédé un peu plus d’une minute, et son maillot rouge par la même occasion. Il demeure néanmoins troisième du général et en tête du classement du meilleur jeune tandis que la première semaine de la Vuelta se clôturera dimanche avec une nouvelle arrivée au sommet.

Au lendemain d’une journée relativement calme, Lenny Martinez s’attendait à ce que la donne soit toute autre ce samedi, à l’occasion d’une huitième étape de moyenne montagne, cumulant plus de 3500 mètres de dénivelé et sans réelles portions plates. Le peloton prenait la direction de l’effrayant Xorret de Cati (3,8 km à 11,5%), mais le terrain bosselé pour l’atteindre laissait aussi augurer une journée « en prise ». « On se doutait dès le départ que ça allait être compliqué, exposait Benoît Vaugrenard. On pensait que l’échappée pouvait aller au bout aujourd’hui, donc il y avait beaucoup de prétendants ». La lutte s’est étendue pendant près d’une heure, jusqu’au terme de la première ascension du jour, et trente coureurs ont alors pu se détacher. « Une fois que c’est parti, on a essayé de maintenir l’écart sachant que le mieux placé était à quatre minutes de Lenny au général, ajoutait Benoît. Jumbo-Visma est ensuite venue rouler, mais on a donné un bon coup de main avec d’abord Clément et Sam, puis Romain et Lewis. L’équipe a fait un gros travail, mais on a vite compris que la Jumbo-Visma voulait gagner l’étape, voire prendre le maillot ». La Groupama-FDJ a tenu seule les rênes jusqu’aux environs de la mi-course, puis la formation néerlandaise a progressivement accéléré l’allure. Au fil des ascensions, le peloton a perdu en épaisseur, mais Lenny Martinez pouvait encore compter sur cinq équipiers à l’issue de l’avant-dernière bosse répertoriée. « Ça roulait vraiment vite, assurait le jeune Cannois. Le tempo de Jumbo-Visma a fracassé tout le monde ».

« Ça allait trop vite », Lenny Martinez 

En tête de course, l’échappée s’est disloquée dans la perspective de la victoire d’étape, mais le peloton s’est continuellement rapproché. À vingt kilomètres du terme, l’écart n’était plus que d’une minute, et il était encore réduit de moitié au pied de l’ascension finale. Romain Grégoire et Rudy Molard ont tâché de placer le maillot rouge au mieux pour la grande bagarre, et le tempo a d’ailleurs été soutenu dès les premières pentes. Le peloton a totalement explosé, et Lenny Martinez a résisté pendant près de deux kilomètres avant de laisser filer les meilleurs. « Je n’avais tout simplement pas les jambes pour suivre, confiait plus tard le grimpeur de poche. La dernière bosse était raide, ça me convenait bien, j’avais plutôt de bonnes sensations, mais ça allait trop vite. J’ai senti avant la bosse que j’étais un peu juste du fait de la dureté de l’étape. Michael m’a attendu et m’a bien aidé. J’ai essayé de gérer mon tempo en restant linéaire pour ne pas exploser. Si ça avait été le cas, j’aurais perdu encore plus de temps ». Tracté par son compère australien, le jeune Français ne s’est pas désuni et a même rattrapé des coureurs dans les deux derniers kilomètres d’ascension. Au sommet, il accusait une petite minute de retard sur les grands favoris, qui se sont disputés la victoire à la suite d’une courte descente et d’un dernier kilomètre en faux-plat montant. Primoz Roglic s’est adjugé l’étape, et Lenny Martinez s’est présenté sur la ligne à une très honorable 13e position, 1’10 derrière le Slovène.

« Lenny peut être fier de sa performance », Michael Storer

Sepp Kuss et Marc Soler ayant parvenu à tenir le rythme en tête, l’ancien de « La Conti » a en revanche reculé au troisième rang du classement général. Il a ainsi dû rendre sa tunique de leader ce samedi après-midi, après deux journées mémorables. « J’aurais évidemment aimé garder le maillot rouge plus longtemps, confiait Lenny. Je suis un tout petit déçu de le perdre, car on s’y habitue vite mine de rien (sourires), mais je suis toujours en blanc. Je perds seulement une minute, et ce n’est pas si mal, tant l’étape et la dernière bosse ont été dures. Devant, ce sont les mecs qui jouent la victoire de la Vuelta, ce sont des champions. Je suis content de ne pas trop concéder trop de temps »« Il a peut-être un peu payé les différents protocoles des derniers jours, mais il est jeune et c’est normal, ajoutait Benoît. Il perd le maillot, mais il est toujours troisième du général et maillot blanc. Demain, l’équipe pourra souffler un petit coup, et lui-même dès ce soir. On est forcément déçus, mais ce n’est peut-être pas plus mal pour la suite ». Essentiel pour son jeune collègue ce samedi, Michael Storer ajoutait : « Je ne parlerais pas de frustration. C’était une étape difficile et Jumbo-Visma avait décidé de la jouer à fond. Lenny perd le maillot, mais il peut être fier de sa performance. Il a dépassé, et de loin, ses propres attentes. Il n’y a aucun regret. On a l’équipe la plus jeune de l’épreuve et cinq coureurs disputent leur premier Grand Tour. Quand je courais ma première Vuelta, j’essayais juste de rejoindre Madrid. Ce que font les gars est très impressionnant ».

Dimanche, direction le sommet de la Collado de la Cruz de Caravaca (8km à 5%) au terme d’une étape légèrement moins escarpée. « On peut encore penser que l’échappée ira au bout, il y aura une grosse bataille au départ, puis le peloton décidera, en particulier Jumbo-Visma », ajoutait Benoît Vaugrenard. Lenny Martinez entamera pour sa part la journée avec un retard d’une minute tout pile sur le nouveau maillot rouge Sepp Kuss, mais avec un objectif inchangé. « Je suis toujours dans le match, et le but quand on joue le général, c’est de ne pas perdre dix minutes d’un coup, ponctuait-il. Si je ne peux pas accompagner les meilleurs, et que je perds plus ou moins une minute à chaque fois, c’est correct. Le but est d’être régulier et c’est ce que je compte faire. Maintenant, retour au maillot blanc et à la vie presque normale ».

A lire dans cette catégorie…

Aucun commentaire