Au sommet de l’inédite ascension d’Arinsal, dans la principauté d’Andorre, Lenny Martinez faisait ce lundi face à son premier test en Grand Tour. Il l’a passé avec maestria. Dans la troisième étape de la Vuelta, le jeune grimpeur de l’Équipe cycliste Groupama-FDJ a ainsi tenu les roues des grands favoris jusqu’au bout, malgré plusieurs attaques dans les trois derniers kilomètres, et s’est enfin flanqué d’une splendide septième place sur la ligne, entouré par ces mêmes cadors. Une performance XXL dès son entrée en matière, qui lui permet également de remonter au troisième rang du classement général, à onze secondes de Remco Evenepoel, vainqueur et nouveau maillot rouge. Il endossera également, par procuration, le maillot blanc de meilleur jeune lors du quatrième acte mardi.

Troisième jour de course, et déjà, une arrivée au sommet ce lundi sur le Tour d’Espagne. Le peloton quittait ainsi la Catalogne pour rejoindre, après une centaine de kilomètres, la principauté d’Andorre. Et dès lors, le terrain se cabrait franchement avec l’ascension du long et roulant Coll d’Ordino (17,5 km à 5%) puis l’abrupte montée finale d’Arinsal (8,2 km à 7,8%), le tout dans les quarante derniers kilomètres. Au départ, beaucoup voyaient dans cette journée une belle opportunité de se jouer la victoire d’étape voire d’endosser le maillot rouge par l’intermédiaire de l’échappée, y compris au sein de l’Équipe cycliste Groupama-FDJ. « On voulait prendre l’échappée car on ne savait pas ce qu’EF Education-EasyPost allait faire vis à vis du maillot et on ne savait pas non plus si les grosses formations allaient vouloir jouer l’étape, exposait Benoît Vaugrenard. On s’est donc dit qu’en cas de belle échappée, il serait bien de mettre Michael, voire Rudy ou Romain. Michael a bien essayé mais il a été repris, puis un contre de neuf est sorti, et on a vite compris que Jumbo-Visma et Soudal-Quick Step voulaient jouer l’étape. On était déçus d’avoir loupé le coup, mais on n’avait pas trop de regrets non plus ».

« Content de terminer avec les grands noms », Lenny Martinez

Il aura fallu près de quarante kilomètres pour voir un groupe de onze hommes se dégager avec Damiano Caruso, Lennard Kämna, Pierre Latour ou encore Eduardo Sepulveda. Leur marge a néanmoins été contenue à cinq minutes, et même réduite à trois minutes au passage d’Andorre-la-Vieille, au pied de l’ascension du Coll d’Ordino. Clément Davy et Lorenzo Germani ont alors replacé Lenny Martinez en vue de cette longue ascension roulante, qui a malgré tout opéré une certaine sélection dans le peloton. « Rudy et Michael devaient bien placer Lenny au sommet de l’avant-dernière ascension en vue de la descente qui était super technique, indiquait Benoît. C’était important pour ne pas arriver au pied du dernier col avec du retard, et ça s’est plutôt bien passé ». Grâce à un relais de l’Australien, le grimpeur tricolore est parfaitement remonté avant la bascule, puis à l’issue de la descente, Rudy Molard a fourni un dernier effort pour son cadet. Au pied de la montée d’Arinsal, une cinquantaine d’hommes figurait encore dans un peloton alors pointé à une petite minute des rescapés de l’échappée. « Il y a eu un marquage entre les équipes de favoris, et de notre côté, on n’avait qu’à attendre qu’ils accélèrent puis les accompagner le plus longtemps possible », reprenait Benoît. C’est ce que Lenny s’est appliqué à faire, sereinement.

L’ancien de « La Conti » a d’abord tenu le rythme très soutenu de la formation UAE Team Emirates à l’entrée dans les quatre derniers kilomètres, puis a résisté aux attaques de Juan Ayuso, Sepp Kuss ou encore Marc Soler dans le final. Dans les deux derniers kilomètres, le jeune coureur tricolore s’est même retrouvé côte à côte avec les principaux favoris de la Vuelta, sans trembler. Une douzaine d’hommes se sont finalement regroupés après le passage de la flamme rouge, et une arrivée en petit comité s’est donc profilée. Le représentant de la Groupama-FDJ a tenté de faire une place parmi les « grands d’Espagne », et a finalement pu livrer un sprint très solide pour accrocher la septième place du jour, à une seconde du vainqueur Remco Evenepoel. « La journée s’est bien passée, j’ai été bien aidé par toute l’équipe qui m’a mis dans des conditions parfaites, puis ça s’est fait à la pédale sur la fin, commentait Lenny. Je suis content de terminer avec les grands noms. C’est quand même la Vuelta, je suis content de ma performance ». « Lenny a fait une super montée, il a bien lissé son effort et a réussi à accompagner le groupe qui se joue la gagne, saluait Benoît. C’est une belle étape de sa part et ça le positionne au troisième rang du général. C’est une bonne journée pour nous ».

« On va continuer à avancer tranquillement mais sûrement », Benoît Vaugrenard

Grâce au bon chrono par équipes d’ouverture, le néo-pro accède en effet provisoirement au podium du classement général, à onze secondes du champion de Belgique Remco Evenepoel. La « découverte » en Espagne pourrait difficilement mieux se passer. « Hier c’était pour Romain, aujourd’hui pour Lenny, et ils sont avec les meilleurs, poursuivait Benoît. Pour leur confiance c’est bien. On va continuer à avancer tranquillement mais sûrement ». Cerise sur le gâteau, Lenny Martinez s’élancera avec le maillot blanc mardi, en lieu et place de Remco Evenepoel, déjà porteur du rouge. « Ça va être super », s’enthousiasmait Lenny lundi soir. « Un premier maillot distinctif sur un Grand Tour, ça marque quand même les esprits », ajoutait Benoît. Lors de la quatrième étape, le peloton rejoindra Tarragona pour un probable premier sprint massif.

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