Comme souvent sur les étapes de plat depuis le départ de ce Tour de France 2020, il n’y avait ce mercredi pas beaucoup de candidats à l’échappée entre Châtelaillon-Plage et Poitiers. Sorti dès le kilomètre 0 du peloton, Matthieu Ladagnous s’est ainsi retrouvé tout seul en tête de course pendant plus de trois heures. Le Palois, repris par les équipes de sprinteurs à quarante kilomètres du but, a évidemment hérité du dossard rouge du plus combatif, succédant ainsi à son collègue Stefan Küng.

« Je me suis fait plaisir », Matthieu Ladagnous

Une nouvelle étape favorable aux sprinteurs était ce mercredi au menu du Tour de France, et personne n’a semblé vouloir contrarier les plans des « grosses cuisses ». Si ce n’est Matthieu Ladagnous. Le coureur de la Groupama-FDJ a ainsi lancé les hostilités dès les premières secondes, mais personne n’était décidé à l’accompagner. « Je pensais que 2-3 mecs allaient venir avec moi, mais ça n’a pas été le cas, résumait le coureur de 35 ans. J’ai eu un petit espoir quand six mecs sont sortis derrière, avec des bons rouleurs dont mon collègue Stefan Küng, mais le peloton ne les a pas laissés partir, alors j’ai continué mon chemin tout seul ». Le champion d’Europe du contre-la-montre a en effet tenté de surprendre, avec cinq autres coureurs, vingt kilomètres après la fuite de son coéquipier. « Il a fait partie d’un coup intéressant, il n’y avait pas des manches avec lui, rappelait Thierry Bricaud. C’était dangereux, preuve étant que le peloton a tout de suite réagi et ça n’a pas rigolé pendant dix kilomètres. C’est en tout cas rassurant, ça montre que nos coureurs sont concentrés et ont envie. C’est très bien ».

Suite à cette tentative avortée, qui a rapproché le peloton à une minute de Matthieu Ladagnous, ce dernier a pu reprendre un peu de champ et ouvrir la route pendant cent kilomètres supplémentaires. « Matthieu s’est fait plaisir en tête sans trop forcer, c’était une bonne journée pour lui », résumait Thierry. « Nous n’avons pas de sprinteur, nous n’avons plus à protéger Thibaut pour le classement général, donc on essaie de se faire plaisir, confirmait Matthieu. Ce type d’échappée a effectivement peu de chances d’aller au bout, mais qui ne tente rien n’a rien, 100% des vainqueurs ont joué ». S’il n’a aujourd’hui jamais eu l’occasion de croire dans le succès de son entreprise, Matthieu Ladagnous a trouvé son bonheur autre part. « J’en avais parlé à mes enfants ce matin, confiait-il. Je leur avais demandé : « est-ce que vous voulez que je sois dans l’échappée ? ». Ils m’ont dit « allez papa, vas-y ! ». Je me suis fait plaisir aujourd’hui, et je pense qu’eux aussi devant la télé ».

« Demain, le terrain nous plait bien », Thierry Bricaud

À l’arrivée, le Béarnais a logiquement reçu le prix de la combativité, succédant au « palmarès » à son coéquipier Stefan Küng, porteur aujourd’hui du dossard rouge. Le reste des troupes a d’ailleurs rallié l’arrivée sans encombre.  « Ça reste des journées malgré tout un poil stressantes, où on ne peut pas se relâcher complètement, ajoutait Thierry. Il y a d’ailleurs eu des accrochages dans le final, certains sont rentrés à la maison, mais n’avons pas eu de coureur concerné. Compte tenu de l’étape qui nous attendait, c’est donc une journée satisfaisante ». Celle de demain pourrait l’être encore davantage, au terme de la plus longue étape du Tour 2020 (218 kilomètres) en direction de Sarran, qui proposera un final bosselé. « Désormais, les étapes vont mieux nous convenir, concluait Thierry. Demain, le terrain nous plait bien, sauf qu’il y a une première partie d’étape toute plate qui n’est pas évidente à gérer. L’échappée peut tout aussi bien partir directement que se former après une heure de bagarre. Il y a un petit côté loterie. L’étape ne convient pas spécialement à David ou Thibaut, mais les autres auront leur carte à jouer. Je pense que beaucoup auront la même idée que nous demain, et entre les baroudeurs, les puncheurs et les coureurs capables de gagner en petit comité, ça fait beaucoup de monde intéressé… »

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