Benjamin Thomas n’est jamais passé aussi proche d’une victoire dans le WorldTour que ce mercredi, lors la quatrième étape du Tour de Suisse. Présent dans l’échappée du jour, formée en costaud après plus de 80 kilomètres (!), l’ancien champion de France du chrono a cru en ses chances de réussite jusqu’au bout. Toutefois, sur l’aérodrome de Gstaad, théâtre de l’arrivée du jour, il a dû s’incliner au sprint face au local Stefan Bissegger. Il s’agit néanmoins de son tout premier podium à ce niveau.

« C’était de la moto GP », Franck Pineau

Avant de véritablement se présenter sur le terrain des grimpeurs jeudi, le Tour de Suisse proposait une quatrième étape au profil intéressant pour de nombreux coureurs. Avec une seule ascension au programme, roulante qui plus est, l’échappée avait toutes les chances de prendre à défaut le peloton. Par conséquent, un bon paquet de concurrents avait dans l’idée de prendre les devants et cela a donc donné lieu à une première moitié de course totalement débridée. « Pendant quasiment cent bornes, c’était de la moto GP, racontait Franck Pineau. Ça a roulé plein pétrole ». La Groupama-FDJ, par l’intermédiaire de Jake Stewart, Stefan Küng ou Benjamin Thomas a aussi largement pris part à la bagarre du début de course. « J’avais dès hier dit à mes coureurs que pour la moitié du peloton, le Tour de Suisse se terminait ce soir, ajoutait Franck. C’était donc l’étape où il fallait vraiment prendre l’échappée et tous autant qu’ils sont pouvaient y participer. C’est ce qu’ils ont fait. Les gars étaient dedans. Benji, en particulier, l’avait vraiment dans la tête. Il m’avait dit qu’il ferait tout pour y être, et il a réussi ». Le mouvement décisif s’est créé après environ 80 kilomètres mais n’a vraiment pris le large qu’une quinzaine de bornes plus tard. « On est sorti à trois dans un premier temps puis Bissegger est rentré tout seul, relatait Benjamin. On a alors roulé à bloc pour essayer de faire le trou sur le peloton. Il y avait plutôt vent de dos aujourd’hui, ça nous a permis de rouler vite et de ne pas coincer. On s’est unis pour dégouter le peloton. Les équipiers derrière ont eu besoin de souffler, on en a profité, puis ça ne s’est pas très bien organisé. Le début de course a conditionné notre réussite ».

À une trentaine de kilomètres de l’arrivée, le peloton a finalement rendu les armes et le quatuor de tête a ainsi gagné son bras de fer enclenché une heure plus tôt. « C’est parti en costauds, soulignait Franck Pineau. Bissegger n’est pas n’importe qui, et Rosskopf et Suter sont également de gros rouleurs. Il fallait mériter sa place devant aujourd’hui ». Dès lors, tous les regards se sont tournés vers le final et particulièrement vers la seule difficulté du jour, le Saanenmöser Pass (7,5 km à 4,4%), dont le pied était situé à 18 kilomètres du terme. « Le but était d’éliminer un gars ou deux dans la montée, poursuivait Franck. Ça a accéléré un moment et on a perdu Suter. Les trois autres, en revanche, se tenaient au niveau force physique ». « Dans le dernier grimpeur, personne n’a pu faire la différence, sûrement parce qu’on était un peu cuits de la journée, disait le principal intéressé. Je savais que Bissegger était le plus fort. J’ai essayé de le surprendre dans la montée mais il avait l’air facile ». L’ancien champion de France du chrono a bel et bien pris quelques mètres d’avance, mais le trio a finalement initié sa descente vers l’arrivée roue dans roue. « Benjamin a essayé d’attaquer à la bascule, mais vu les talents de descendeur de Bissegger, il aurait fallu avoir vingt secondes d’avance au sommet », soufflait Franck. « Je me suis fait violence dans la descente, je ne suis pas très à l’aise sous la pluie, complétait Benjamin. Bissegger virait vraiment très vite et il nous attaquait quasiment à chaque sortie de virage. J’ai bouché le trou 2-3 fois. Ces forces m’ont peut-être manqué, mais j’étais honnêtement plus concentré à rester sur mon vélo et ne pas partir à la faute qu’autre chose ».

« Je n’ai pas de regrets », Benjamin Thomas

À l’issue de cette portion délicate à maîtriser, Stefan Bissegger, Joey Rosskopf et Benjamin Thomas étaient néanmoins toujours ensemble et l’Américain a alors tenté d’anticiper dans les trois derniers kilomètres, sans succès. C’est donc un sprint à trois qui s’est profilé. Placé en dernière position, dans le sillage du Suisse, l’Occitan a tenté de faire valoir sa pointe de vitesse mais n’a pu prendre le meilleur sur le coureur local. « Ça s’est fait au coup de rein, disait Benjamin, deuxième sur la ligne. J’ai tout mis sur 200 mètres mais ça n’a pas suffi, il était un peu plus puissant que moi ». « Bissegger avait plus de force, c’est tout, confiait Franck. On peut toujours refaire l’histoire avec des si mais je crois que Bissegger était malgré tout difficilement prenable aujourd’hui ». Il n’y avait d’ailleurs, dans le clan Groupama-FDJ, aucune once de regret ce mercredi soir, à commencer chez le premier concerné. « C’est sûr qu’une deuxième place est toujours frustrante, mais je suis quand même content de ma journée, terminait Benjamin. Mon objectif était d’aller dans l’échappée, de jouer la gagne et de gagner l’étape. Le contrat a quasiment été rempli, mais je n’ai pas de regrets, je ne pense pas avoir fait d’erreurs dans le final. Bissegger était le plus fort physiquement et il n’a pas commis d’erreurs non plus, donc il a gagné ». « J’y ai vraiment cru, donc je suis évidemment un peu déçu, ponctuait Franck. Ceci étant dit, je retiens la volonté de mes garçons. Pour être dans la bonne aujourd’hui, il fallait vraiment avoir un gros tempérament et ne pas jeter l’éponge. Ça reste aussi une belle place de deuxième dans le WorldTour. On est dans le match, on ne lâche rien et je veux qu’on continue sur cette lancée ».

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