Arnaud Démare s’attendait à une grosse bagarre ce jeudi à l’occasion de la dix-huitième étape du Giro. Il a été servi. Comme à Cuneo, l’échappée a donc opposé une réelle résistance au peloton en direction de Trévise. Cette fois-ci, en revanche, elle a bel et bien réussi son coup. Malgré les innombrables efforts des équipiers du Picard, et d’autres formations, le peloton n’a pas été en mesure d’établir la jonction et la victoire est alors revenue à Dries De Bondt. Arnaud Démare a hérité de la sixième place du jour – la deuxième au sein du peloton. Le maillot cyclamen est bien accroché à ses épaules à trois étapes du terme de l’épreuve.

Depuis près d’une semaine, les sprinteurs lorgnaient la dix-huitième étape du Giro, la dernière censée leur convenir. Pourtant, en direction de Trévise, en cette toute fin de Grand Tour, un risque était bien présent. Chacun était prévenu, et c’est aussi pourquoi l’Équipe cycliste Groupama-FDJ, comme d’autres, a tenté de maîtriser au mieux le début de course. Il en a résulté, après six kilomètres, une petite échappée de simplement quatre hommes comprenant néanmoins Edoardo Affini (Jumbo-Visma), Dries De Bondt (Alpecin-Fenix), Magnus Cort (EF Education-Easy Post) et Davide Gabburo (Bardiani-CSF-Faizanè). « On ne peut pas filtrer tout le monde, commentait plus tard Arnaud Démare. De Gendt n’y était pas, d’autres gros rouleurs non plus. À un moment donné, ils étaient quinze devant et on est allés les chercher, mais on ne peut pas courir après tout le monde ». « On ne voulait pas laisser partir des coureurs de ce style-là, on se l’était dit, ajoutait Sébastien Joly. Mais une fois que c’était parti, on n’allait pas faire l’effort pour immédiatement boucher le trou ». Néanmoins, une poursuite organisée s’est assez vite mise en place derrière le quatuor de tête, si bien que l’écart a toujours oscillé autour des deux minutes. « Il y avait tout de même une bonne coalition entre les équipes de sprinteurs aujourd’hui », indiquait Sébastien Joly. La première moitié d’étape a de fait été bien gérée par le paquet, qui a complètement muselé l’échappée.

« Un grand coup de chapeau à mes équipiers », Arnaud Démare

Toutefois, l’écart a bondi d’une minute environ à une soixantaine de kilomètres de l’arrivée, à l’approche du Muro di Ca’ del Poggio. « Je crois que ça s’est joué avant le raidard, assurait Sébastien. On a essayé de mettre un coup de gaz dans le peloton, mais ils en ont mis un plus gros devant ». Au sommet de cette courte montée d’un kilomètre, le peloton a basculé avec 2’30 de retard, mais le bras de fer final s’est immédiatement engagé. Le peloton a un temps semblé tenir le bon bout, avant de buter à une minute dans les vingt derniers kilomètres. Dans ce final effréné, le paquet a d’ailleurs volé en éclats, les équipiers se sont écartés les uns après les autres, et le quatuor de tête est finalement entré dans la dernière ligne droite avec suffisamment d’avance pour jouer la victoire. Dries De Bondt s’est imposé, et Arnaud Démare a pris la sixième place quatorze secondes plus tard. « On est forcément déçus quand on peut légitimement espérer un sprint, confiait l’ancien champion de France. Quick Step-Alpha Vinyl et nous-mêmes avons vraiment joué le jeu. On a vraiment mis tout le monde à rouler. C’est dommage que d’autres équipes soient venues trop tardivement. En tous les cas, je veux encore tirer un grand coup de chapeau à mes équipiers. On n’a pas la victoire aujourd’hui, mais ils ont encore fait un énorme boulot ». « On a malheureusement perdu Miles sur un souci mécanique, et je pense que ça nous a pas mal manqué, argumentait Sébastien. Dans le final, c’était à couteaux tirés. C’était vraiment une grosse journée. Une fois de plus, les mecs ont fait du super boulot, tous autant qu’ils sont. Il faut aussi savoir reconnaitre que les échappés ont bien joué le coup. Ils ont senti qu’il y avait une ouverture, et ils l’ont saisie aujourd’hui. C’est le sport ».

Ce jeudi soir, la déception dans le clan Groupama-FDJ était toutefois mesurée compte tenu de l’escarcelle déjà bien remplie. « Certes il n’y a pas de quatrième victoire, mais ça reste un excellent Giro avec trois victoires d’étapes et un maillot cyclamen qui sera probablement sur les épaules d’Arnaud à Vérone. Il faut aussi relativiser », ajoutait Sébastien. « Il reste deux grosses journées avant de rejoindre Vérone, concluait Arnaud. On aura tout donné sur ce Giro, on n’a rien à regretter et on peut vraiment être fiers de ce qu’on a réalisé. Je suis fier de l’équipe, du staff, de tout le monde. On a fait quelque chose de formidable. Trois victoires sur un Grand Tour, c’est extraordinaire ».