Arnaud Démare, comme la majeure partie des sprinteurs, n’a ce dimanche pu se présenter sur la Via Roma pour la victoire, à l’occasion de l’édition 2021 de Milan-San Remo. Relégué à un deuxième échelon à la suite d’une montée très rapide du Poggio, le champion de France a ainsi échoué à une poignée de secondes du groupe de tête et du vainqueur Jasper Stuyven. Désormais, direction les Classiques du Nord pour le sprinteur picard.

Au sortir d’une année particulière et de sa relocalisation en été, Milan-San Remo retrouvait sa place habituelle au calendrier, et redonnait ainsi du sens à son surnom, « La Primavera ». Il n’empêche, la température était encore relativement fraîche au départ de la capitale lombarde, peu après 9h30, lorsque le coup d’envoi de la 112ème édition de l’épreuve a été donné. Au sein de l’Équipe cycliste Groupama-FDJ, regroupée autour de son champion de France Arnaud Démare, un invité de dernière minute s’apprêtait à affronter les 299 kilomètres du parcours (en plus des 7,5 kilomètres du fictif) : Clément Davy, 22 ans, issu de la « Conti » et en route pour son premier Monument … au lendemain de sa participation à la Koksijde Bredene Classic. « Je n’étais pas content de moi hier, car j’ai très vite été lâché dans les monts, indiquait le jeune homme. J’étais très loin, je n’étais même plus en course, mais je voulais quand même rallier le circuit. Ce n’est qu’en passant la ligne que j’ai appris que je prenais l’avion pour Milan. Je suis passé un peu par toutes les émotions : déçu de moi-même par rapport à la course du jour, mais ultra-euphorique vis à vis de Milan-San Remo ».

« Dans le Poggio, ça n’a pas suivi », Arnaud Démare

À l’euphorie s’est substituée la concentration ce matin, alors que l’échappée n’a eu aucun mal à se dégager puisque quelques minutes ont suffi à Filippo Tagliani, Mattia Viel (Androni-Sidermec), Alessandro Tonelli (Bardiani-CSF), Taco van der Hoorn (Intermarché-Wanty Gobert), Mathias Norsgaard (Movistar), Andrea Peron, Charles Planet (Novo Nordisk) et Nicola Conci (Trek-Segafredo) pour se dégager. Le peloton a laissé l’écart grimper au-delà des sept minutes avant que les formations des trois favoris (Alpecin-Fenix, Deceuninck-Quick Step et Jumbo-Visma) ne viennent contrôler. S’est alors engagé un long statu quo, seulement perturbé par un léger moment de tension dans l’ascension et la descente du Colle del Giovo, à la mi-course. « Honnêtement, je m’attendais à une journée très longue mais c’est passé super vite, relatait encore le néophyte Clément Davy. Ça passe plus vite sur le vélo que sur le canapé. Ce qui est difficile, en revanche, c’est de rester tout le temps très vigilant par rapport aux chutes, aux trous sur la route etc. Personnellement, c’est ce qui m’a coûté sur la fin. Physiquement, ça allait plutôt bien, mais je n’étais plus trop lucide à cause de la fatigue. Mon rôle était en outre de protéger Arnaud du vent tout au long de la journée et je pense l’avoir plutôt bien fait ».

Comme de coutume, la course a pris une nouvelle tournure à l’approche des « Capi », qui ont fait de légers dégâts, mais la vraie bagarre s’est enclenchée à l’amorce de la Cipressa. Ignatas Konovalovas, Ramon Sinkeldam, Jacopo Guarnieri et Kevin Geniets ont alors parfaitement replacé le champion de France, qui a même basculé dans les trois premières positions une fois au sommet. Parfaitement en place dans la descente, il se retrouvait ensuite dans un premier groupe d’une quarantaine d’unités dans la transition vers le Poggio, en compagnie de Kevin Geniets. Le peloton s’est toutefois reformé à treize kilomètres du but et il fut alors bien moins simple de trouver l’ouverture. Freinée dans sa remontée sur la gauche de la chaussée à quelques encablures de la montée emblématique de l’épreuve, l’Équipe Groupama-FDJ a finalement lâché Arnaud Démare aux alentours de la vingtième position au pied. Ineos a dès lors franchement étiré le peloton avant que les grands favoris ne s’attaquent à l’approche du sommet. « Sur Milan-San Remo, tu peux avoir de bonnes sensations et subitement avoir une panne de jambes, expliquait le champion de France. C’est quand il faut vraiment appuyer sur les pédales que tu découvres si tu es bien ou pas, et ça ne se produit qu’après 5 heures de course. Ça répondait bien dans la Cipressa, mais dans le Poggio ça n’a pas suivi. Je suis déçu de ne pas l’avoir mieux passé ».

« On n’a pas grand-chose à se reprocher », Frédéric Guesdon

Le gratin mondial des puncheurs-sprinteurs s’est finalement isolé au sommet, et parmi cette dizaine d’hommes, Jasper Stuyven s’est fait la malle peu après la descente. Rejoint par Soren Kragh Andersen un temps plus tard, le Belge s’est finalement imposé de justesse face à Caleb Ewan et Wout van Aert. Six secondes après, Arnaud Démare a franchi la ligne au sein d’un groupe de battus, en 26e position. « Je suis avec les mecs de mon niveau, disait Arnaud, mais il fallait être meilleur pour être devant ». « On a fait la course qu’on avait à faire, tranchait Frédéric Guesdon. Les gars étaient placés là où il le fallait. On y a cru car Arnaud a très bien basculé la Cipressa. Dans le Poggio, il a un peu coincé, mais il est à sa place. Il lui en manque un peu pour accrocher le bon wagon dans le Poggio, mais ‘’un peu’’ sur cette course, ça fait une grosse différence à l’arrivée. On n’a pas grand-chose à se reprocher, c’est important aussi. On est évidemment déçus car on prend le départ pour gagner, mais c’est le sport. Tout le monde a fait du bon boulot, du début jusqu’à la fin. On aurait préféré un meilleur résultat pour être récompensé de nos efforts mais il ne faut surtout pas baisser les bras. Il y a d’autres courses qui nous attendent. On ne gagnera pas Milan-San Remo cette année, mais on peut en gagner d’autres ».

Arnaud Démare va désormais prendre la direction de la Belgique, avec la Classic Brugge-De Panne et Gand-Wevelgem, deux épreuves WorldTour où il visera à nouveau la victoire. Par ailleurs, son jeune coéquipier Clément Davy est lui arrivé au bout de son premier Monument ce samedi. « J’avais bien dans l’intention de terminer, concluait-il. Il fallait évidemment que le corps ne lâche pas plus tôt, mais au final je craque à 35 kilomètres de l’arrivée. Pour moi, il n’y avait alors pas d’autres options que de finir. Je pensais aussi à l’avenir. J’ai pu en quelque sorte faire une « reconnaissance » et je connais maintenant le circuit. En tous les cas, aujourd’hui j’en ai pris plein les yeux, mais aussi plein les jambes ».

1 commentaire

Jac34

Jac34

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Le 21 mars 2021 à 12:40

Pas de chance pour Arnaud, mais comme je l’ai précédemment écrit c’est très difficile pour un sprinter. Un petit passage à vide et c’est terminé. Mais malgré tout il est plaisant de voir le champion de France dans les premiers du peloton . Quand vous voyez vos champions dans des 3 ou 4 derniers, c’est plutôt décourageant .