La « Conti » Groupama-FDJ a décidément pris de bonnes habitudes sur le Tour de la Vallée d’Aoste. Deux ans après le succès final de Reuben Thompson, et un an après le doublé Lenny Martinez-Reuben Thompson agrémenté de deux victoires d’étapes, la formation bisontine a encore frappé de l’autre côté des Alpes. Après une belle entrée en matière mercredi avec la troisième place de Brieuc Rolland, Joshua Golliker s’est fendu d’un superbe numéro ce jeudi vers Courmayeur pour s’adjuger la victoire du jour et endosser le maillot jaune. Son premier succès dans les rangs Espoirs, et le deuxième de la saison pour la Conti. Trois grandes étapes de montagne sont encore au programme.

Double tenante du titre, la « Conti » a mercredi posé ses roues à Arvier, pour le premier acte du Tour de la Vallée d’Aoste version 2023, grande découverte pour Thibaud Gruel, Colin Savioz, Joshua Golliker, Ronan Augé et Brieuc Rolland. La première étape, de loin la plus courte, n’affichait que 80 kilomètres au compteur et presqu’aucune difficulté. « Il y avait simplement une bosse à huit kilomètres de l’arrivée, de 1700m à 8%, expliquait Jérôme. Ça a été très animé. Il y a eu beaucoup d’attaques, on était à chaque fois représentés dans les coups, mais il n’y a jamais eu de véritable échappée ». C’est finalement à vingt kilomètres du but qu’une quinzaine d’hommes a profité du fort vent de dos pour se faire la malle. Brieuc Rolland en était. « À quinze kilomètres, trois coureurs sont ressortis, et ils avaient trente secondes d’avance au pied de la bosse, ajoutait Jérôme. Brieuc est reparti derrière avec un autre coureur et a fait la jonction au sommet. Dans le final, Brieuc était partagé entre prendre un peu de temps en vue du général et jouer la victoire d’étape ». Malgré trois derniers kilomètres en légère montée, le Breton de la Conti n’a pu se défaire de ses adversaires et c’est donc un sprint en petit comité qui a jugé du vainqueur. Dylan Vandenstorme s’est imposé, Brieuc Rolland a pris la troisième place. « C’était déjà une bonne entrée en matière, Brieuc a montré qu’il avait encore la bonne condition du Baby Giro et du championnat de France, reprenait Jérôme. C’était bien pour lui d’arriver pour la victoire, c’est quelque chose d’important ». « C’est un bon début pour l’équipe, disait l’intéressé le soir-même. On est tous vraiment motivés, on veut perpétuer la bonne dynamique de l’équipe sur cette belle course. On va jouer les victoires d’étapes en gardant un œil sur le classement général. Je suis sûr que l’équipe peut réaliser de grandes choses ».

« Je savais que je pouvais le faire », Joshua Golliker

Le jeune homme de 19 ans ne croyait pas si bien dire. Ce jeudi, les choses ont encore mieux tourné pour la Conti. Rendez-vous était cette fois-ci donné sur les hauteurs de Courmayeur, au Val Veny-Prè de Pascal après 125 kilomètres et 3600 mètres de dénivelé. « C’est la première fois qu’une course arrivait là-haut, à 1900 mètres d’altitude », précisait Jérôme. Une échappée de dix hommes a animé la journée, alors que le peloton a attendu l’avant-dernière ascension pour réellement mettre en marche. Trente coureurs ont basculé au sommet « des Places », dont Joshua Golliker, Brieuc Rolland et Thibaud Gruel. Mais le tournant de la course s’est produit quelques kilomètres plus loin. « En bas de la descente, avant de repasser à Courmayeur, un groupe de cinq s’est dégagé avec Joshua, racontait Jérôme. Ils ont rattrapé l’échappée, et très vite, Joshua est parti seul, à vingt kilomètres de l’arrivée. C’était un solide groupe, mais ça ne roulait pas assez vite pour lui, et il est donc sorti. Il a creusé assez rapidement. À Courmayeur, il avait déjà 50 secondes, puis il est arrivé au pied de la montée finale (6km à 11%) avec 1’20 sur le reste du groupe et environ 1’40 sur le peloton ». « C’était une étape super dure, confiait l’Anglais. J’ai d’abord suivi des attaques sur le plat, j’ai bougé au bon moment. Je me suis senti fort et je savais que je pouvais le faire. À partir de là, j’ai donné le maximum jusqu’au bout ».

Dire que le jeune homme de 19 ans a fait forte impression relèverait de l’euphémisme. Il n’a en réalité, au fil de la montée, quasiment rien concédé au reste de la concurrence. « Il a certes profité d’un moment de temporisation quand il est parti dans le groupe de cinq, mais il a surtout été impressionnant car il n’a rien perdu à partir du moment où il est sorti seul, confiait Jérôme. C’est un coureur qui aime l’effort solitaire, et qui est peut-être meilleur quand il est seul. Il était vraiment très fort. Il est monté à un gros tempo, régulier, sans jamais se désunir. C’était dur sur la toute fin, mais on voyait qu’il était détendu. On le sentait serein ». C’est ainsi qu’après un énorme effort et un véritable numéro, Joshua Golliker a pu laisser éclater sa joie sur le petit chemin de terre servant de dernière rampe vers la ligne d’arrivée. « Je me sentais bien dans les ascensions, et lors du stage en amont de la course, je voyais que ça tournait vraiment bien, confiait le Britannique. Je savais que je pouvais faire un truc sur cette course, mais quand j’ai franchi la ligne en vainqueur, je n’arrivais pas à y croire. Je rêvais de réaliser cela. J’y ai pensé hier soir. Je me suis convaincu que j’en avais les moyens. Il fallait que ça se réalise ». Ce jeudi, il a repoussé son dauphin du jour, Alexy Faure Prost, à 1’39, alors que son collègue Brieuc Rolland a pris la 12e place de l’étape à 2’15.

« On savait qu’il était en forme, mais ça reste une révélation », Jérôme Gannat

« Pour l’anecdote, Joshua avait écrit sur sa potence : km 125 = Win, glissait Jérôme. Le stage a été un déclic. Ça l’a rassuré, il savait où il allait. Il avait déjà fait un très bon championnat de Grande-Bretagne, neuvième sur la route avec les Élites, et troisième du chrono Espoirs. Jussi Veikkanen, qui était son directeur sportif là-bas, nous avait dit qu’il marchait très bien. Joseph nous l’a confirmé lors du stage de préparation. C’est aussi pour cela qu’il était co-leader au départ avec Brieuc, même si on n’avait pas un gros recul avec lui en montagne. On savait qu’il était en forme, il a perdu un peu de poids, mais ça reste une révélation. On connait désormais un peu mieux ses capacités ». Cerise sur le gâteau, Joshua Golliker s’est emparé du maillot jaune de leader au sommet du Val Veny, tout en apportant son second succès de l’année à « La Conti ».  « Le temps a été long depuis la première victoire, mais je trouve qu’elle est pleine de promesses, confiait Jérôme. L’équipe et Joshua progressent au fur et à mesure des épreuves, c’est encourageant pour la suite et pour l’année suivante. Je pense que ça peut être un tournant pour l’équipe cette année. Ça va donner confiance à tout le monde. Et puis, notre belle histoire continue avec le Tour de la Vallée d’Aoste ». La victoire finale, en revanche, est encore très loin d’être acquise. Trois arrivées au sommet sont encore au programme, dont l’une d’elles après 4500 mètres de dénivelé samedi. « Le chemin est encore long, mais dans une optique de formation, c’est toujours une bonne chose de défendre un maillot, concluait Jérôme. On verra où ça nous mène ».

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