La « Conti » a débuté son séjour italien de belle manière ce dimanche lors du Grand Prix de Poggiana, en Vénétie. Dans une course remaniée au dernier moment, les hommes de Jérôme Gannat ont su se montrer opportunistes et intégrer l’échappée qui s’est jouée la victoire. Membre d’un quintet, les Néo-Zélandais Laurence Pithie et Reuben Thompson ont bien tenté de manœuvrer dans le final, mais ils ont dû se contenter des troisième et cinquième places sur la ligne. Prochain rendez-vous : le Grand Prix de Capodarco, mardi.

« La course est devenue intéressante pour moi », Laurence Pithie

Dans la province de Trévise, l’équipe continentale Groupama-FDJ retrouvait ce dimanche une épreuve labellisée Espoirs et particulièrement reconnue. « Le Grand Prix de Poggiana a souvent consacré des grimpeurs, soulignait Jérôme Gannat. Michael Storer l’a par exemple remporté une fois avec trois minutes d’avance. C’est une course traditionnellement difficile, avec une première partie plate autour de Poggiana. Puis, on va chercher les difficultés, avec une première bosse, puis un circuit vallonné assez dur à faire quatre fois, puis deux autres montées, dont la dernière à vingt-cinq kilomètres de l’arrivée ». Mais ce schéma habituel, il a très vite fallu le ranger ce dimanche après-midi. « Le parcours a changé en toute dernière minute, on était sur la ligne de départ, relatait Jérôme. Ils ont d’abord annoncé que le départ était retardé d’une demi-heure en raison d’un accident sur le circuit de la mi-course. Au bout de 3/4 d’heure, on nous a dit qu’on ne ferait pas ce circuit difficile, ni la majeure partie des bosses. On devait donc faire le circuit plat à sept reprises, puis seulement la dernière bosse – un petit mur d’un kilomètre à 8% – avant le retour sur le circuit final. La course a changé du tout au tout. Une course favorable aux puncheurs-grimpeurs devenait favorable aux sprinteurs ». « C’est devenu intéressant pour moi, souriait Laurence. Les plans ont un peu changé ».

Les coureurs se sont ainsi élancés pour 128 kilomètres de course, et le scénario a été quelque peu particulier. « Il n’y avait personne pour contrôler au départ, expliquait Laurence, vêtu de son maillot de champion de Nouvelle-Zélande. L’équipe a été incroyable. Finlay, Enzo et Reuben ont tous attaqué au départ, ou suivi les attaques. Reuben a d’abord fait le trou avec deux autres mecs puis j’ai pu faire la jonction tout seul pour revenir sur le groupe de tête ». « Les consignes étaient d’être présents dans les coups importants avec les équipes importantes, affirmait Jérôme. Quand Laurence est rentré, il n’y avait que douze secondes d’écart, puis le peloton s’est relevé. C’est monté à 3’40 maximum. Par la suite, Jumbo-Visma a roulé un coup, KTM-Tirol également, et ça s’est réduit à 2’50 ». Pour autant, avec leurs compères d’échappée Niccolo Buratti, Federico Guzzo, et Alex Tolio, les deux coureurs de la « Conti » ont su tenir tête au paquet sur les 80 premiers kilomètres de course. « On a travaillé très dur sur le circuit local afin d’avoir une bonne avance avant l’ascension, ajoutait Laurence. Dans la montée, on est restés ensemble pour pouvoir faire face au peloton derrière. On a ensuite roulé très fort dans le final ». « C’est revenu à 1’30 au sommet de la bosse, mais on a tous décidé de réaccélérer devant et c’est repassé à deux minutes, confirmait Jérôme. On savait que les cinq allaient se disputer la victoire. On était très confiants, car on avait fait le point sur les membres de l’échappée et Laurence semblait le plus rapide ».

« Une leçon à retenir pour la suite », Jérôme Gannat

Après avoir mis hors-jeu le peloton, les cinq fuyards se sont présentés dans les dix derniers kilomètres avec la victoire en tête. Reuben Thompson a lancé une première escarmouche, mais le quintet a demeuré compact jusqu’aux deux derniers kilomètres. Puis, un fait de course a bouleversé les plans de la Conti. « Au kilomètre, il y a eu un petit cafouillage, racontait ainsi Jérôme. Le coureur de Bardiani-CSF (Alex Tolio, ndlr) a attaqué, Reuben était devant mais n’a pas pu boucher le trou. Quand Laurence a voulu y aller, il a été involontairement bloqué par Reuben qui s’est écarté en même temps. Tolio a pu prendre 3-4 secondes d’avance, Laurence y est retourné, mais il avait les deux autres dans la roue. Ils ont rattrapé Tolio à 200 mètres, mais Laurence était en bout de course et a donc terminé troisième ». « Malheureusement, ça ne s’est pas bien terminé pour nous avec cette troisième place, commentait Laurence. Mais c’était une très belle course, et Reuben a fait du beau travail pour m’aider sur la fin. C’était une magnifique journée, et c’était ma première avec le maillot de champion de Nouvelle-Zélande. Alè a fait un superbe boulot et c’est un honneur de courir avec. J’ai essayé de le faire gagner, mais ce n’était pas pour aujourd’hui. Il y aura d’autres opportunités ». Quelques longueurs derrière son compatriote, Reuben Thompson a lui hérité de la cinquième place. « Quand tu en as deux sur cinq dans une échappée qui va au bout, c’est plutôt une bonne journée, mais on espère toujours la victoire, concluait Jérôme. Il faut retenir que ce n’est jamais gagné d’avance. Parfois, les forces s’équilibrent, et deux secondes de confusion ont suffi pour faire basculer la course en notre défaveur. C’est une leçon à retenir pour la suite ».

Direction désormais les Marches et la province de Fermo pour une course davantage favorable aux puncheurs-grimpeurs à Capodarco.

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