Les jours se suivent, et Laurence Pithie continue d’époustoufler. Au lendemain de sa troisième place dans l’étape d’ouverture de Paris-Nice, le jeune Néo-Zélandais a fait encore mieux ce lundi malgré une étape moins éprouvante. Grâce à un superbe placement et un sprint costaud, le vainqueur de la Cadel Evans Great Ocean Race s’est octroyé la deuxième place à Montargis derrière Arvid De Kleijn. Mais mieux encore, et à sa grande surprise, il s’est tout bonnement hissé au premier rang du classement général de « la Course au Soleil », dont il représentera parfaitement les couleurs mardi lors du contre-la-montre par équipes, paré du célèbre maillot jaune. La juste confirmation d’un début de saison sensationnel.

Si les purs sprinteurs souhaitaient s’exprimer sur Paris-Nice, c’était probablement le jour ou jamais ce lundi. Entre Thoiry et Montargis, aucun obstacle ne se dressait sur la route des coureurs, longue de 177 kilomètres. Cela a d’ailleurs accouché d’un scénario de course relativement étrange, sans véritable échappée. Mathieu Burgaudeau et Jonas Rutsch se sont d’abord battus pour les points du classement de meilleur grimpeur, Pascal Eenkhoorn a tenté une échappée solitaire sans grande conviction, et le peloton a évolué à un train de sénateurs pendant une bonne partie de la journée. « Sur le papier, l’étape nous convenait moins bien qu’hier, car on sait que Laurence aime sprinter quand l’étape est dure avant, exposait Benoît Vaugrenard. En raison des conditions climatiques, ça n’a pas été le cas aujourd’hui. Il faisait beau et il y avait un vent 3/4 face toute la journée. Il n’y a pas eu de course, et énormément de monde était donc encore frais dans le final ». À plus de cent kilomètres du but, le peloton avait déjà réintégré les échappés, et a ensuite évolué de manière groupée pendant les deux dernières heures de course, sans fait notable. Après un petit moment d’agitation lors du sprint intermédiaire à 45 kilomètres du terme, la tension s’est maintenue à un niveau raisonnable avant les dix derniers kilomètres, beaucoup plus nerveux.

« Laurence nous épate de course en course », Benoît Vaugrenard

Le sprint tant attendu a commencé à se mettre en place, et la guerre de placement s’est avérée très âpre. « L’objectif était évidemment de faire le sprint avec Laurence, et on avait un plan, expliquait Benoît. C’était une grande ligne droite à l’approche de l’arrivée, et on savait qu’il fallait trouver le bon timing et être placé quand il le fallait. Avec le vent de face, cela pouvait être une loterie ». « Les derniers kilomètres ont été assez mouvementés, témoignait également Laurence Pithie. Tous les trains étaient en place sur cette large route. C’était difficile de savoir quel côté choisir pour être honnête. Je n’avais pas beaucoup de coéquipiers, mais ils m’ont vraiment tous trouvé au bon moment, un à un, pour me remonter. Quand je suis revenu sur la gauche, j’ai retrouvé Sven-Erik et il a fait un super travail pour me garder en tête à un moment vraiment crucial. Il a su me mettre en bonne position, et une fois passé le virage à 1800 mètres, j’étais bien placé derrière le train Tudor. À partir de là, il s’agissait simplement de rester calme et d’attendre le bon moment ». Lucide et habile, le Kiwi a comme la veille parfaitement manœuvré pour garder sa place en tête. « Il vient de la piste, il a un gros bagage pour le placement, complétait Benoît. On le sent et on le voit. Hier déjà, il n’a fait aucune faute. Aujourd’hui encore, il ne fait aucune erreur. Il sait se placer dans le bon timing ».

Dans le dernier kilomètre, la porte s’est un instant refermée pour le jeune Néo-Zélandais, mais il est encore parvenu à retrouver l’ouverture. « Lorsque la Visma-Lease a Bike est remontée, j’ai dû freiner un peu, mais j’ai quand même réussi à conserver l’essentiel de ma vitesse », confiait Laurence. Alors placé dans la roue d’Arvid De Kleijn, le jeune coureur de la Groupama-FDJ a pu s’exprimer pleinement dans la dernière ligne droite lorsque le Néerlandais a fait son effort. « Il était super rapide et je n’ai pas pu sortir de sa roue, confessait-il. À partir de ce moment-là, il fallait alors que je garde les autres derrière moi ». Ce qu’il a parfaitement exécuté, pour signer une sublime deuxième place, soit son deuxième podium en deux jours. « Bien entendu, on se bat toujours pour gagner, et c’est un peu décevant de terminer deuxième, mais De Kleijn était très rapide aujourd’hui et il a profité d’un bon train, donc c’était difficile de le battre », ajoutait-il. « De Kleijn ne sort pas de nulle part, soulignait Benoît. Laurence n’a pas fait d’erreur. On pensait que ça allait être plus compliqué pour lui aujourd’hui, sachant qu’il y a une grosse startlist de sprinteurs, mais il a encore réussi à sortir un gros sprint. Il nous épate de course en course ». Qui plus est, le Néo-Zélandais n’a en réalité pas tout perdu ce lundi.

« Cette saison ne cesse de se bonifier », Laurence Pithie

Après quelques instants de flottement, il a ainsi été convoqué au podium protocolaire pour enfiler… le maillot jaune ! « En fait, je ne l’ai pas su avant un petit moment, souriait-il. J’essayais de faire le calcul dans ma tête sur le chemin du retour, mais je ne savais pas vraiment qui avait pris les secondes de bonifications en cours d’étape ». Au terme de l’étape, Mads Pedersen, Olav Kooij et lui-même cumulaient tous les trois dix secondes de bonifications en tout et pour tout. « On n’y avait pas du tout fait attention dans un premier temps, car on s’est attardé sur le sprint et la deuxième place, puis on s’est mis à calculer les bonifications dans la voiture, relatait Benoît. Les deux qui étaient devant lui hier n’étaient pas là aujourd’hui, et ça s’est donc fait à l’addition des places ». C’est ainsi que grâce à ses deux podiums consécutifs, le Néo-Zélandais est allé enfiler le maillot jaune de Paris-Nice. « Le bonheur de porter le maillot atténue la déception de la deuxième place, confiait Benoît. C’est sa première course par étapes WorldTour en Europe, c’est important pour lui, et pour nous ». « Je ne m’attendais certainement pas à ça ce matin, soufflait Laurence. Je suis super heureux de porter le maillot jaune sur une course aussi prestigieuse. Cette saison ne cesse de se bonifier. Je me surprends moi-même. C’est vraiment du haut niveau ici, et je prends chaque étape comme une nouvelle expérience. C’est un formidable apprentissage pour l’avenir ».

Un apprentissage fait de jaune, donc, dont il tentera de profiter mardi sur les vingt-sept kilomètres du contre-la-montre par équipes d’Auxerre, décisif pour le général. « Ce sera une journée vraiment difficile, mais on va tout donner, essayer de garder le maillot et faire un bon temps en vue du général pour David », confiait-il. « Il vivra une journée en jaune demain, et ce sont des moments toujours importants dans une carrière, reprenait Benoît. On s’est entraînés pour ce chrono. On n’a certes pas le Stefan Küng de l’an dernier mais on sait que dans un chrono il faut surtout une équipe très homogène. C’est difficile à chiffrer en termes de places, mais on espère que tout le monde sera dans une bonne journée. Surmotivés par le maillot jaune de Laurence, on est capable d’aller chercher un très bon chrono ». Comme l’an passé, c’est par ailleurs le temps du premier coureur sur la ligne qui sera comptabilisé pour l’équipe.

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