Reuben Thompson a décidé de profiter pleinement de l’expérience offerte à l’occasion du Tour des Alpes, pour sa toute première course aux côtés de ses aînés de la WorldTeam. Le Néo-Zélandais de 20 ans, habituellement sociétaire de la Conti, s’est ainsi échappé lors de la deuxième étape, montagneuse, ce mardi. Il a même été le dernier à rendre les armes, dans l’ultime difficulté répertoriée du jour où Simon Yates s’est envolé pour conquérir l’étape. Thibaut Pinot, encore en proie à des douleurs, n’a lui pu s’exprimer dans cette première journée test.

« Je savais que ma famille était devant l’écran », Reuben Thompson

Comme lors de l’étape d’ouverture, l’Équipe cycliste Groupama-FDJ avait bien l’intention d’être active ce mardi matin, au départ du second acte du Tour des Alpes. Et comme la veille, c’est le jeune Reuben Thompson, pensionnaire de la Conti depuis le début d’année, qui s’est mêlé aux premières offensives, parvenant finalement à prendre le bon coup après quelques minutes de course. « J’avais déjà essayé de prendre l’échappée hier, mais je m’y étais mal pris, expliquait le Néo-Zélandais de 20 ans. Je voulais retenter aujourd’hui et les mecs de l’équipe m’ont donné des conseils pour y arriver. Ils m’ont dit d’être plus patient, d’identifier les coureurs qui voulaient s’échapper et de suivre leurs attaques. Ça a bien mieux fonctionné ! » Le « Kiwi » s’est alors retrouvé en compagnie de Reinardt Janse van Rensburg (Qhubeka-Assos), Mathias Vacek (Gazprom-RusVelo), Davide Bais (Eolo-Kometa), Morten Hulgaard (UnoX) et Felix Engelhardt (Tirol KTM) mais le peloton ne leur a accordé qu’un avantage maximal de trois minutes. « On a bien travaillé ensemble dans la première partie, ajoutait Reuben. Puis, mon objectif était de prendre les points au sommet de la première montée répertoriée, ce que j’ai été en mesure de faire. C’était une bonne chose ». Après avoir accéléré dans les derniers hectomètres de l’ascension, il a ainsi grappillé six points pour le classement de la montagne et s’est même un instant retrouvé seul en tête. Davide Bais l’a ensuite rejoint à l’entame de la descente et les deux hommes ont collaboré jusqu’à la deuxième montée de Pillerhöhe, par un versant plus difficile (6,5 à 9,4%).

En second rideau, le peloton a nettement accéléré dès le pied et mis fin à l’entreprise du Néo-Zélandais à environ 26 kilomètres de la ligne. « Je voulais m’accrocher au peloton aussi longtemps que possible, ajoutait le jeune homme. Quand j’ai repris les roues, j’ai d’abord pensé que le rythme était tenable, mais Nairo Quintana a ensuite attaqué et c’était fini pour moi (rires). Je n’avais jamais fait trois montées de ce genre en un seul jour, mais j’ai beaucoup aimé ça, et c’est quelque chose qui me correspond bien ». « Reuben a fait une super étape, insistait Philippe Mauduit. C’était important de mettre quelqu’un devant, même s’ils n’ont jamais eu une grosse marge de manoeuvre. Reuben a très peu couru avant de venir ici, ça nous a permis de voir ce qu’il avait dans les jambes et c’est plutôt très intéressant. C’est un garçon qui a toujours la banane, il s’émerveille de tout : du bus, de la logistique mise en place, etc. Il en a encore pris plein les yeux aujourd’hui ». Victorieux au sommet de « The Remarkables » sur le Tour of Southland l’hiver dernier, le sociétaire de la Conti s’est fait plaisir ce mardi, mais il a aussi fait plaisir aux siens. « Je savais que ma famille était devant l’écran, et c’était quasiment la première fois que je passais à la télé, ajoutait-il. C’était sympa d’imaginer mes parents et mes proches me regarder à la télé à deux heures du matin ! Je suis en tout cas super reconnaissant de cette opportunité, j’apprends énormément et c’est une expérience incroyable. Plusieurs gars de l’équipe m’ont d’ailleurs dit qu’ils auraient aimé avoir ce genre d’opportunités quand ils avaient mon âge ».

« Nous sommes déçus, Thibaut le premier », Philippe Mauduit

Dans cette étape déjà décisive pour le classement général, finalement remportée par Simon Yates, Thibaut Pinot n’a pas été en mesure de jouer les premiers rôles, étant décroché relativement tôt dans l’avant-dernière ascension de la journée. Le Franc-Comtois a finalement passé la ligne un peu plus de douze minutes après le vainqueur, en compagnie de ses coéquipiers Lars van den Berg, Simon Guglielmi et Tobias Ludvigsson. « On s’attendait à une étape difficile, mais c’est pour cela qu’on est venus, expliquait Philippe Mauduit. Il n’y a rien à cacher : Thibaut est venu pour se tester et aujourd’hui, on voit qu’après sa coupure et ses soins, il a toujours mal. Il a ressenti des douleurs au dos très tôt dans la course, et quand ça a mis en route, il a tout de suite été mis en difficulté. Non pas à cause de son état de forme mais à cause des douleurs ». « Thibaut se sentait bien à l’entraînement, il ne ressentait pas de douleurs, ce qui l’autorisait à reprendre la compétition, reprenait le Docteur de l’équipe Jacky Maillot. Malheureusement, le rythme de la course réveille les douleurs ». Et Philippe de conclure : « Ce matin, on n’avait pas la certitude que tout allait bien, mais pas non plus la certitude que tout allait mal. Ce n’est pas ce qu’on voulait mais c’est comme ça… Nous sommes déçus ce soir, Thibaut le premier. Il n’arrive pas à s’exprimer sur le vélo. La nature humaine est parfois formidable mais quand c’est déréglé, il n’y a pas de miracle. Tout a pourtant été fait pour que ça marche. On va en discuter ce soir, mais on sera bien là demain pour faire la course ».

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