Pour la première fois depuis le départ du Tour d’Espagne, Lenny Martinez a accusé le coup ce vendredi. Il faut dire que le menu était extrêmement copieux dans un treizième acte dessiné à travers les Pyrénées françaises. Au terme de trois grandes ascensions, et notamment celle finale du Col du Tourmalet, le jeune grimpeur de l’Équipe cycliste Groupama-FDJ a rallié la ligne à la dix-huitième place, à plus de huit minutes du vainqueur Jonas Vingegaard. Il a ainsi abandonné sa place dans le top-10 du classement général et figure désormais au quatorzième rang, à plus de dix minutes du maillot rouge Sepp Kuss. Un temps à ses côtés, Michael Storer a été désigné combatif du jour après avoir franchi les cols d’Aubisque et de Spandelles en tête.

Pour beaucoup, c’est à l’étape reine de la 78ème Vuelta que le peloton s’attaquait ce vendredi. Une chose est certaine, le programme monstrueux de la journée ne pardonnerait aucune défaillance : plus de 4200 mètres de dénivelé positif étaient concentrés sur tout juste 134 kilomètres de course, proposant donc un ratio mètres d’ascension par kilomètre parcouru rarement proposé. Et si l’étape se déroulait majoritairement sur le territoire hexagonal, le départ a bien été donné d’Espagne, dans le Puerto de Portalet, peu avant la frontière. La bataille pour l’échappée a commencé dès cette montée, Michael Storer a accompagné quelques mouvements, mais la distance (4,4 km) et les pentes (5,4%) se sont avérées insuffisantes pour créer une différence. Le peloton a donc plongé quasiment groupé dans une très longue descente vers Laruns, où la course a repris de plus belle à l’occasion du Col d’Aubisque (16,5 km à 7%). De nombreuses attaques ont fait jour, et Michael Storer est de nouveau parvenu à intégrer un groupe d’une vingtaine d’unités à mi-pente. Le peloton s’est en revanche émietté, et Lenny Martinez a souvent été aperçu en queue de file. « J’ai fait l’erreur d’être un peu derrière, expliquait-il. Ensuite, je ne voulais pas remonter trop fort car le tempo était élevé, donc je suis remonté petit à petit ». Le jeune grimpeur n’a donc jamais perdu le contact, et a même réussi à encaisser le coup de force de la Jumbo-Visma à cinq kilomètres du sommet, consécutif à la défaillance de Joao Almeida mais surtout de Remco Evenepoel.

« On a vu du grand Michael », Benoît Vaugrenard

Le peloton maillot rouge s’est alors réduit à une trentaine d’unités, a avalé le groupe de tête, tandis que Lenny Martinez était encore accompagné de Rudy Molard, bien présent malgré sa chute de la veille. « L’étape avait plutôt bien commencé pour nous, soutenait Benoît Vaugrenard. Rudy était impressionnant, et on a vu du grand Michael également ». À l’approche du sommet, l’Australien est d’ailleurs repassé à l’attaque, a déposé quelques hommes partis en amont et s’est octroyé la première place au sommet de l’Aubisque. Il a par la suite été repris en raison d’un gros tempo imprimé par le peloton dans la descente. Quatre hommes, dont Mikel Landa, Sepp Kuss et Jonas Vingegaard ont même pris le large avant le Col de Spandelles (10,5 km à 8%), ce qui a conduit à un énorme écrémage dès les premières pentes. Les grands favoris se sont inchangés les premiers coups, et Lenny Martinez en a fait les frais un moment, mais sans sombrer. Le leader de la Groupama-FDJ est parvenu à réintégrer un groupe d’une vingtaine d’hommes à six bornes du sommet, au courage, mais a subi un contre-coup un peu plus de trois kilomètres plus loin. Quant à lui de retour dans le groupe, Michael Storer a tenu le rythme et a même accéléré 1500 mètres avant le sommet pour s’assurer le maximum de points au classement de la montagne. Passé premier, et alors meilleur grimpeur provisoire, l’Australien a alors attendu le reste du groupe.  

« Je me devais de me battre jusqu’au bout », Lenny Martinez

Lenny Martinez a quant à lui limité la casse et franchi le sommet de cette avant-dernière difficulté à vingt secondes des meilleurs. « Ce n’était pas une journée simple, confiait Lenny. J’avais des frissons et froid dans le Col de Spandelles. Je me suis accroché puis je suis revenu dans la descente ». Le coureur tricolore a pu établir la jonction avant les vingt kilomètres de plaine menant au pied du Col du Tourmalet (18,8 km à 7,4%), où il a ainsi tenté de récupérer du mieux possible. Cela n’a malheureusement pas suffi, et il a ainsi dû s’écarter après un kilomètre de montée dans le Géant pyrénéen. « Lenny était vidé, il n’avait plus rien, commentait Benoît. Ça l’a lâché physiquement. Il a réussi à se battre mais ça a été compliqué. Il a fini comme il le pouvait avec Michael ». Le grimpeur « aussie » s’est mué en équipier pour son jeune acolyte, et l’a donc tracté pendant une partie de la montée avant que Lenny Martinez ne termine seul, à la dix-huitième place, à 8’25 du vainqueur Jonas Vingegaard. « Je savais au pied du Tourmalet que j’avais les jambes et le corps vidés, disait Lenny. Grâce à Michael, j’avais une roue à laquelle m’accrocher. Il m’a bien aidé et j’ai fini comme j’ai pu. Je n’avais plus rien, mais je me devais de me battre jusqu’au bout par rapport au travail effectué par mes équipiers depuis deux semaines ».

Si certains ont connu plus grandes défaillances ce vendredi, le grimpeur cannois a en revanche reculé de neuf places au général, occupant désormais la quatorzième position. « C’est une mauvaise journée, mais il s’est bien battu et ça fait partie de son apprentissage, constatait Benoît. Il est jeune, et c’est dans la difficulté qu’on apprend. On va maintenant faire les comptes pour voir ce qu’on peut faire pour le reste de la Vuelta ». En raison de la victoire de Jonas Vingegaard, Michael Storer n’a pu monter sur le podium protocolaire pour récolter le maillot à pois, mais il a en revanche hérité du prix du plus combatif. Tous les coureurs de la Groupama-FDJ ont par ailleurs terminé dans les temps au sommet du Col du Tourmalet, et repartiront demain pour un autre gros morceau montagneux. « Ils sont très marqués, confiait Benoît. Les délais étaient courts et il fallait se battre jusqu’au bout. C’était une étape très compliquée ». Samedi, « bis repetita » avec trois cols et 4600 mètres de dénivelé vers Larra-Belagua.

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1 commentaire

Roua

Roua

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Le 8 septembre 2023 à 23:49

Bravo