Ce dimanche, l’Équipe cycliste Groupama-FDJ lancera officiellement sa saison sur route 2022 dans les environs de Marseille, pour le traditionnel Grand Prix d’Ouverture et première manche de la Coupe de France FDJ. À quelques jours de cette rentrée des classes, nous avons pris le pouls du manager général Marc Madiot.

Marc, tout est sur les rails pour 2022 ?

Tout est sur les rails, et en même temps, le Covid n’a peut-être jamais été aussi présent, paradoxalement. À tour de rôle, des membres de l’équipe viennent à être touchés, comme dans toutes les équipes, et comme partout ailleurs. Il n’y aucune gravité, mais il y a des perturbations. Pour l’instant, ça n’a pas d’impact sur les programmes mais on sait que cela peut survenir. Il faut simplement souhaiter qu’on ait assez de monde opérationnel en temps voulu. Ça ne sert à rien de redouter telle ou telle situation, on s’adaptera, simplement. On fait des tests, on fait attention, mais tout ne dépend pas que de nous. Objectivement, on sera forcément confronté à cette situation à un moment ou un autre, mais on ne va pas se prendre la tête. On fera pour le mieux.

« On veut ressentir l’adrénaline de la course, de la victoire »

C’est le 26ème début de saison de ton équipe. Ressens-tu toujours la même excitation ?

Toujours ! Je suis content que les courses reprennent, j’ai de l’appétit pour les courses qui arrivent, j’ai envie de retourner en course le plus vite possible. C’est ce pourquoi on fait ce boulot. On veut courir, mettre un dossard, essayer d’aller chercher des résultats, ressentir l’adrénaline de la course, de la victoire. C’est vital. S’il n’y a pas ça au bout, on ne fait pas tout ce qu’il faut au préalable. Tout le monde a envie de courir maintenant. On arrive fin janvier, ça y est, on veut remettre le dossard. Moi, je suis excité par les courses. Si je ne suis pas sur place, je les regarde à la télé, et c’est clair que je ne les regarde pas de la même façon si j’ai des gars présents. Par exemple, je vais regarder les Mondiaux de cyclo-cross avec beaucoup d’intérêt, même si on n’a pas de coureurs à l’exception de Louka Lesueur, que l’on accompagne, chez les juniors.

Justement, l’équipe a ouvert son compteur dans les labourés au début du mois.

Ce n’est pas comptabilisé dans les victoires sur route, naturellement, mais ça fait très plaisir. C’était un retour au cyclo-cross et c’était un retour gagnant. Gagner chez les Espoirs (Romain Grégoire) et chez les Juniors (Louka Lesueur), ça nous tourne aussi vers l’avenir. Plus qu’intéressant, c’est motivant et stimulant. Personnellement, ça m’a aussi fait très plaisir de retrouver les sous-bois. Maintenant, l’objectif se situe davantage sur la formation de nos jeunes. On en a quatre qui s’inscrivent dans ce projet cyclo-cross l’hiver. Nous n’avons pas vocation à élargir plus que ça, mais nous continuerons à rentrer le cross dans le cadre du développement du coureur lors des prochaines saisons. Pour l’heure, il n’y a pas d’objectif mondial.

Revenons à la route. Tu as dit que cette année serait charnière. Pourquoi ?

Car en 2021, on a eu absence de résultats, particulièrement de victoires d’étape sur les Grands Tours. Pour nous, il est important de renouer avec la gagne sur ces terrains-là. C’est une année charnière aussi dans la mesure où Thibaut a connu de grandes difficultés physiques l’année dernière. Pour lui, c’est donc un nouveau départ. Arnaud n’a pas forcément été le Arnaud qu’on a pu connaître d’autres fois, et c’est un moment important pour lui aussi. Enfin, David Gaudu est dans une phase de développement, alors même qu’il est parmi les meilleurs mondiaux. L’idée est de continuer cette progression. C’est d’abord une année charnière de ce point de vue, au regard de ce qu’on a observé l’an passé. Ce n’est pas encore une année charnière en vue de 2023. On ne va pas mettre la charrue avant les bœufs. L’objectif est avant tout d’être opérationnel cette année et je pense qu’on a bien travaillé cet hiver. On a fait de bons stages et je trouve qu’il y a déjà une bonne dynamique.

« Ce qui est important c’est aujourd’hui, ce n’est pas demain »

A-t-il fallu une profonde remise en question cet hiver ?

On a surtout essayé de comprendre pourquoi on était un ton en-dessous en 2021, pourquoi il nous manquait toujours ce petit pourcent. Il y a plusieurs raisons à cela, et notamment l’intersaison 2020/2021 que nous n’avons simplement pas bien géré. On n’a pas pu repartir sur les bases qu’on avait précédemment. Mine de rien, cela faisait quand même deux ans qu’on n’avait pas fait un stage de cohésion collectif, où tout le monde avait pu se réunir. De ce point de vue, on a eu un gros trou d’air l’an passé. C’est aussi là qu’on voit les limites des réunions en visio-conférences (sourires). On avait besoin de retrouver de la cohésion, de l’unité, de se retrouver tous ensemble. C’est quelque chose de vital dans la vie d’une équipe. Je pense que le stage de Calpe au mois de décembre nous a fait beaucoup de bien. On a pu se recentrer et se redynamiser tous ensemble. On a tous ressenti les bienfaits de se retrouver.

Qu’attends-tu de l’ensemble de tes troupes cette année ?

J’attends une chose très simple, qu’on traduise dans le résultat ce qu’on a perçu dans les stages : l’état d’esprit, le travail, le niveau physique, l’engagement. J’attends la traduction de tout ça sur le terrain, mais je suis très optimiste.

Tu évoquais aussi une année « agressive ». Qu’entends-tu par-là ?

J’entends par là qu’il ne faut pas succomber à la fatalité. Si on loupe une course, je ne veux plus du « ce n’est pas grave, ce sera mieux demain ». Non. Ce qui est important, c’est aujourd’hui, ce n’est pas demain. Je pense que le message est bien passé, tout le monde a intégré ce modèle-là et je pense que ça va sourire. Le but n’est pas d’attaquer n’importe où, n’importe comment, à tout-va. Être agressif, ça veut dire être concerné par ce qu’il se passe en course, en permanence. L’an passé, il nous a souvent manqué pas grand-chose, mais ce pas grand-chose, c’est ce qui te fait terminer en deuxième, troisième ou quatrième place, et non pas en première. C’est cela qu’il nous faut transformer. Il ne manque pas beaucoup, mais il faut retrouver cette hargne qui fait que tu ne te satisfais pas d’être deuxième, mais seulement de gagner.

« Plus tu gagnes, plus tu as de chances de gagner de grandes courses »

Tu as imagé ton discours de motivation par le débarquement de Normandie. Comment ton audience a-t-elle accueilli le message ?

Je n’ai pas eu de retour direct, mais je pense qu’ils ont compris le message. On aura l’occasion de le vérifier sur le terrain, mais rien que sur les stages, je ressens une dynamique. Certes, nos concurrents s’entraînent aussi, sont sûrement très motivés également, mais je pense qu’on a mis la grinta qu’il fallait dans l’entraînement, la cohésion et la vie de l’équipe pour décoller. La comparaison est peut-être un peu risquée par rapport à ce qu’a été le Débarquement, mais personnellement, c’est l’état d’esprit qui m’intéressait. Les mecs qui ont débarqué en 1944 ne savaient pas ce qu’était la France et ne parlaient pas Français. Ils sont montés dans un bateau et on leur a dit qu’ils allaient au casse-pipe. Nous, on monte dans un bateau, on sait où on va et on parle la même « langue ». C’est quand même beaucoup plus facile. Ce qui m’intéressait dans cette réflexion, c’est l’exercice de volonté. J’essaie de me mettre dans la tête des mecs qui sont montés dans la barge pour comprendre leur état d’esprit. Quand mes coureurs vont monter sur leur vélo et arriver au départ des courses, que ce soit le Tour ou autre chose, je veux qu’ils aient la niaque (sic).

L’objectif est-il de gagner mieux ou plus ?

Quand tu gagnes, tu gagnes. L’objectif, c’est de gagner. Tout est bon à prendre. Je suis prêt à gagner partout, n’importe où, n’importe comment, il n’y a pas de problème. Ce qu’il faut, c’est mettre la balle au fond. Maintenant, si on peut mettre au fond sur le Tour, ce sera encore mieux. Mais l’un va avec l’autre. Tu ne gagnes pas trente-cinq courses sans en gagner des belles. On veut gagner à la fois plus et mieux. De toute façon, plus tu gagnes, plus tu as de chances de gagner de grandes courses. On veut monter d’un ou deux crans ce qu’on a fait l’année dernière. On est capable de gagner à peu près partout et d’être très performant, notamment sur le Tour de France. Quand je dis qu’on vise le podium du Tour, je l’assume. Quand on regarde bien, il y a des coureurs qui jouent le podium du Tour et qui n’ont rien de plus que nous. Alors pourquoi pas ?

L’an passé, l’équipe avait patienté jusqu’à début avril pour cumuler deux victoires. Faut-il que le compteur tourne plus vite cette saison ?  

Il faut toujours faire tourner le compteur ! S’il y a bien une chose à savoir, et ce quelle que soit l’équipe, une « petite » ou la plus grande du monde, c’est qu’il faut que le compteur tourne. C’est comme un championnat de foot : il faut marquer des points. Le début de saison est donc effectivement très important, mais toute la saison est importante ! Maintenant qu’on a dit ça, il faut évidemment bien entamer, et partir sur de bonnes bases ne peut qu’être positif.

L’éternelle question étant, faut-il gagner ou non le Grand Prix La Marseillaise ?

Bonne question… Tout dépend où on se place par rapport à l’idée qu’on s’en fait, comme disait Coluche. Je suis impatient de gagner, mais l’Ouverture… J’ai toujours une petite appréhension. Mais elle est très personnelle et étant donné que je suis le seul à l’avoir, si on peut gagner, on gagnera.

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1 commentaire

Xavier Ruedin

Xavier Ruedin

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Le 28 janvier 2022 à 18:41

Aux paroles viendront les actes….j’ai entièrement confiance
Vivement dimanche,et merci à tous de nous faire vibrer