Jérémy Maison a vécu sa première saison professionnelle avec l’équipe FDJ et c’est avec beaucoup de lucidité qu’il en fait le bilan. Il a dû s’habituer à une nouvelle vie, à un mode de fonctionnement très différent mais sa fin de saison réussie lui permet d’envisager la prochaine avec sérénité. Avant de retrouver jeudi soir ses équipiers réunis à Moussy-le-Vieux et de retrouver les fidèles supporteurs de l’équipe FDJ samedi, Jérémy revient sur ses débuts. Avec sagesse.
Jérémy, comment juges-tu ta première saison professionnelle avec l’équipe FDJ ??
C’était ma première saison à ne faire que du vélo. Je dois dire que ça a changé ma façon de vivre, de voir le vélo. C’était compliqué… Je me suis investi, trop peut-être et c’était dur de trouver du temps pour faire autre chose, bien que j’en avais besoin. Je me suis investi physiquement, mentalement, financièrement. J’y ai laissé des plumes jusqu’en juin et mon corps a fini par dire stop. En juillet, mon équipe FDJ n’avait pas besoin de moi, je me suis retapé. A partir du mois d’août je me suis senti vraiment bien.
Tu as eu du mal à t’adapter à ton équipe qui vit le vélo 24 heures sur 24 et toute l’année ?
J’avais l’habitude de concilier sport et études. Là, c’est un monde différent. Je suis dans une équipe où il y a des missions à accomplir. Début 2016, j’ai voulu me consacrer à la récupération mais il faut prendre aussi le temps de penser à autre chose. Maintenant, je m’intéresse à l’économie, au monde dans lequel on vit. J’ai envie de continuer à apprendre. Je prends des cours d’anglais. Quelques heures dans la semaine. J’ai réussi à me trouver d’autres activités.
Que faisais-tu avant de te consacrer pleinement à ton métier ?
J’ai fait des études de médecine en 2012 puis j’ai rejoint l’école de kinés de Dijon jusqu’en juin 2015. Avant de passer pro, j’ai été victime d’une chute pendant le Tour de l’Avenir (fracture de la clavicule). De fait, mon passage chez les pros quelques mois plus tard a été brutal. L’hiver avait été assez long. Ça a joué en ma défaveur.
En débutant ta carrière, tu avais une appréhension ?
Non je n’y ai pas pensé. On m’avait prévenu aussi de ce que j’allais vivre. Dans mon équipe, il y a beaucoup de gens pour nous aider, ç’a été un plus. Cela fait des années qu’ils sont à ce niveau, ils m’ont fait partager leur expérience. Je ne viens pas d’une famille de vélo, pas même de sport mais je n’ai pas de doute parce que je suis bien accompagné. Et si j’ai une interrogation, il y a toujours quelqu’un dans l’équipe à qui me confier. Je rebondis vite quand ça ne va pas. Je sais que tout finit par s‘améliorer. On vivra ça toute notre vie.
Puisque ta famille n’était pas cycliste, comment avais-tu opté pour ce sport ?
Je faisais du VTT avec un copain. Un jour, on s’est dit ‘’allez, on s’inscrit dans un club’’. J’y ai rencontré un entraîneur, Claude Enjelvin du VC Toucy. Club de Cédric Pineau aussi. Cet entraîneur était toujours impliqué, à me suivre, à me donner des conseils. Il m’a poussé vers le haut jusqu’à ce que David Han prenne le relais. Mes idoles étaient Philippe Gilbert et Alberto Contador. Pendant mes études de médecine, comme je n’avais pas le temps, je me suis demandé si j’allais continuer le cyclisme. Gilbert a gagné toutes les classiques ardennaises et je me suis dit que je ne pouvais pas arrêter le vélo. J’ai couru avec Gilbert et Contador au Tour de Catalogne en mars dernier. Je suis redescendu de mon nuage en me disant que je devais pédaler plus fort pour être à leur niveau.
A ce rythme de travail, tu as quand même été l’un des meilleurs coureurs français de ta génération. Cela en dit long sur ton potentiel ?
Pour le potentiel physique, on verra, je ne vais pas me prononcer là-dessus… C’est impressionnant peut-être, ça marque les esprits mais en 2016, je devais franchir un cap pour bien rebondir.
Comment ton entraîneur a-t-il accompagné ce grand changement ?
Parfois, David Han a voulu me laisser voir et faire des erreurs. C’était sans doute ce qu’il fallait faire parce que je suis comme ça, je fonce et après je réfléchis pour ne plus répéter mes erreurs. Je m’y suis fait mais le plus dur était de ne penser qu’à ça. Avant, je ne ‘’pensais’’ pas cyclisme toute une journée. Je m’entraînais sur mon temps libre, des sorties de deux heures de temps en temps. Quelques sorties de 4 heures au maximum. Là, en arrivant dans le groupe, ç’a été des sorties de 5 heures.
Dans quelle course as-tu débuté ta saison ?
Au Trophée de Majorque qui n’est pas facile. Je n’avais pas encore assimilé les stages de préparation en Espagne. J’ai été fatigué à enchaîner des heures d’entrainement intense. J’ai choppé une infection intestinale et j’ai été victime d’une chute pendant le Tour de Suisse où je me sentais bien, le lendemain d’une échappée.
Et après le mois de juillet, tu as accumulé les courses et les motifs de satisfaction ?
J’ai repris dans la Polynormande. Finalement j’ai gagné en confiance. Les directeurs sportifs et les entraîneurs m’ont aidé et j’ai été content de faire ce qu’on me demandait. On me confiait des missions, j’ai été heureux de les remplir après avoir vécu des moments difficiles. Notamment quand j’étais seul en juillet, devant ma télé.
Qu’attends-tu de 2017 ?
Essayer d’être performant encore plus dans ce qu’on me demande. Aider mes leaders et j’espère avoir l’opportunité de m’exprimer aussi. En tant que grimpeur mais je suis à l’aise sur tous les terrains sauf les courses en circuit. Je n’ai pas mon programme, on verra peut-être ça cette semaine pendant le stage de deux jours à Moussy-le-Vieux mais je sais que je vais débuter en Australie au Tour Down Under. Avec Anthony Roux qui est un super mec, un mec très agréable même si ce n’est pas toujours facile d’aller le chercher en queue de peloton. Moi j’aime être devant mais je ne vais quand même pas l’engueuler !
Tu aimerais disputer des courses en particulier ?
J’ai déjà fait part de mes sentiments mais je ne pense pas avoir encore beaucoup le choix. J’aimerais bien disputer le Critérium du Dauphiné, Paris-Nice et la Vuelta. On verra, la saison est longue.
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