Les sourires au sein du clan Groupama-FDJ, ce jeudi après-midi, étaient aussi radieux que la fabuleuse cité de Matera, où se concluait la sixième étape du Giro. C’est ici que le champion de France Arnaud Démare a conquis son deuxième succès d’étape sur l’épreuve, avec la manière, et sans contestation possible cette fois-ci. Le sprinteur picard a su s’accrocher dans un final pour costauds et trouver l’ouverture au bon moment avant de largement dominer le sprint. Auteur de son douzième succès de l’année, il endosse par la même occasion le maillot cyclamen du classement par points. Et une nouvelle opportunité se présente demain…

« On savait qu’Arnaud était capable de passer », Sébastien Joly

« C’est l’une des étapes marquées d’un point d’interrogation », glissait Sébastien Joly mercredi soir, en évoquant la sixième étape du Tour d’Italie qui reliait Castrovillari à Matera après 188 kilomètres et quelques bosses. L’indécision demeurait donc quelque peu sur les ambitions à nourrir en direction de la pittoresque cité de Basilicate. Ce jeudi matin, en revanche, les plans étaient bien plus clairs. « Nous avions prévu de ne pas nous découvrir avant les quatre derniers kilomètres, expliquait Sébastien. Premièrement car nous avions déjà gagné, mais aussi car l’étape était encore assez technique aujourd’hui, avec pas mal d’ascensions et surtout un final spécifique qui correspondait davantage à Matthews ou Sagan. On pouvait donc se permettre de jouer un petit peu, d’autant que nous n’étions plus que sept après avoir perdu Benjamin Thomas hier. Ce n’était pas à nous d’assurer la poursuite ». Pendant un long moment, personne n’a d’ailleurs assuré la chasse derrière le quatuor sorti en début d’étape. Ce n’est qu’à la mi-course que la formation Bora-hansgrohe de Peter Sagan, alors porteur du maillot cyclamen, s’est décidée à prendre ses responsabilités. L’équipe Groupama-FDJ est elle restée discrète, à la seule exception du premier sprint intermédiaire où Arnaud Démare est venu grignoter quelques points en prenant la cinquième place.

Le champion de France a ensuite retrouvé sa place dans le paquet alors que l’écart avec l’échappée se réduisait constamment. Il n’était d’ailleurs plus que d’une minute et trente secondes à l’approche de la Galleria Millotta (5 km à 7%), dernière difficulté répertoriée de la journée, qui en d’autres circonstances aurait pu faire de vrais dégâts. « On a eu un allié de circonstances avec le vent, on le savait, et c’est aussi pourquoi on était motivés pour cette étape, exposait Sébastien. Cette ascension était assez difficile mais le vent de face permettait de cadenasser la course ». Et effectivement, le peloton n’a quasiment perdu aucun de ses membres, et tout devait donc se décider dans les dix derniers kilomètres, qui se décomposaient en portions légèrement ascendantes et descendantes, mais qui incluaient également un petit raidard à trois bornes du but. « Nous avons mis en place ce qu’on voulait dans le final, ajoutait Sébastien. Le plus important était de bien placer Arnaud avec les puncheurs à quatre kilomètres de l’arrivée, au moment où la route se rétrécissait avant la courte descente. Ensuite, la partie la plus dure ne faisait ‘’que’’ 600m et on savait qu’un Arnaud en grande condition était capable de passer. Il a actuellement cette grinta qui lui permet d’extrêmement bien s’exprimer dans des montées du genre ».

« Aujourd’hui, je savoure beaucoup plus », Arnaud Démare

Le principal intéressé poursuivait alors le récit du final : « C’est montré vraiment très fort, j’ai perdu quelques places mais je ne me suis pas affolé. J’étais vraiment à bloc dans le passage à 9-10%, presque à la rupture. On reprenait ensuite pas mal de vitesse, j’ai bien soufflé. Simon [Guglielmi] voulait me remonter, mais j’ai préféré attendre. Je me suis refait une santé, et je me suis dit ‘’c’est parti pour le sprint’’. J’ai fait l’effort au dernier moment, à 800 mètres, dans la roue des Astana. Je suis bien emmené, je ne donne pas un coup de frein puis je lance le sprint. J’ai mis tout ce qu’il me restait, et je savais que c’était bon. J’avais la bonne puissance, je savais que je n’allais pas coincer ». Le Picard n’a non seulement pas coincé, mais il n’a tout simplement pas connu la moindre concurrence dans la dernière ligne droite. En tête avec plusieurs mètres d’avance, il a cette fois-ci pu savourer sa victoire, autoritaire, comme il se doit. « C’est extra, c’est super, lançait-il avec un énorme sourire à son arrivée. Ce matin, je n’étais vraiment pas sûr que ça arrive au sprint, mais on a voulu tenter et les gars ont encore fait un super travail. Je ne peux pas les remercier suffisamment. Ils étaient même presque trop forts quand ils m’ont remonté à quatre kilomètres. Aujourd’hui, je savoure beaucoup plus. Celle-ci n’était pas facile à aller chercher mais j’ai levé les bras bien de façon bien nette, et ça me fait d’autant plus plaisir de le faire avec ce beau maillot bleu-blanc-rouge. Ça en fait déjà deux sur le Giro. Pour l’instant, c’est du régal ! ».

L’euphorie était également palpable chez Sébastien Joly à l’arrivée. « Il met trois vélos au deuxième, c’est du très grand Arnaud actuellement, ajoutait-il. On a beau faire des plans, dans ces moments-là, c’est surtout la jambe qui parle. Et elle a encore parlé pour Arnaud. Je suis content également car Simon a fait du très bon travail dans le final. À la base, il était venu pour rouler mais il parvient à être présent aujourd’hui dans un finish pour costauds et de donner un coup de main à Arnaud. C’est fantastique pour un jeune comme lui. Collectivement, ces deux victoires sont différentes, mais celle-ci est forcément particulière, aussi par rapport à cette ville d’arrivée. Gagner dans un beau lieu et avec la manière comme il l’a fait, c’est magnifique ». Ce jeudi, Arnaud Démare a pu exhiber son maillot de champion de France en Mondovision. Bien lui en a pris, car il devra s’en séparer demain ayant hérité du maillot cyclamen du classement par points, qu’il domine ce soir de 39 unités par rapport à Peter Sagan. « Nous allons continuer à avoir le même objectif : les victoires d’étapes, soulignait Sébastien. Demain l’étape est particulière, assez courte, et ça va sans doute bordurer avec le vent de côté toute la journée. Nous agirons comme si nous n’avions pas le maillot : ce sera tout pour la victoire ». « J’avais dit que plus tôt je gagnais ma première, plus tôt je serais libéré », ponctuait Arnaud. Après une illustration saisissante ce jeudi, rebelote vendredi ?

A lire dans cette catégorie…

1 commentaire

VIGNOLES

VIGNOLES

Répondre

Le 9 octobre 2020 à 11:37

Bravo les Champions🏆🏆