Deux ans après, Arnaud Démare, ses coéquipiers et l’Équipe cycliste Groupama-FDJ dans son ensemble ont retrouvé et reconquis les honneurs du Tour d’Italie. Ce dimanche à Vérone, l’édition 2022 de la Corsa Rosa est arrivée à son terme, et le sprinteur picard est non seulement reparti avec trois succès d’étapes mais aussi avec le maillot cyclamen du classement par points. Il a ainsi eu l’opportunité de monter sur le podium final avec ses acolytes dans les arènes de Vérone, clôturant ainsi une belle aventure de trois semaines.

« La roue a tourné », Arnaud Démare

Quel meilleur théâtre que Vérone, ce dimanche, pour illustrer l’histoire d’amour désormais enracinée entre Arnaud Démare et le Tour d’Italie. Comme en 2019, le Giro s’est achevé par un contre-la-montre d’environ dix-sept kilomètres dans la cité de Vénétie, et comme en 2020, le coureur picard s’est affirmé comme l’un des principaux protagonistes de l’épreuve. Dimanche, Matteo Sobrero s’est adjugé la vingt-et-unième et dernière étape, Jai Hindley a assuré sa victoire au classement général, et l’Équipe cycliste Groupama-FDJ tout entière est venue à bout des 3 445 kilomètres du parcours. Le tout avec un formidable bilan à la clé : trois victoires d’étapes, à Messine, Scalea et Cuneo, ainsi qu’un maillot cyclamen remporté haut la main. « Je n’aurais pas imaginé cela au départ de Hongrie, confiait Arnaud, qui ne cachait pas une petite préférence pour son dernier succès, obtenu après une étape âprement disputée. Je suis très content. Nous terminons à huit ce Giro, c’est également une grosse satisfaction C’est génial de remporter à nouveau le classement par points. Pour ça, il faut forcément être performant sur les sprints mais il faut aussi gérer la montagne, être patient et surtout être solide dans la tête. C’est toujours difficile de reproduire une performance. On le savoure différemment de la première fois. En 2020, tout nous réussissait. Cette année, on s’est présenté sur le Giro après avoir subi un échec collectif en début de saison, et je dirais même depuis l’année dernière. On a tous beaucoup travaillé avant le Tour d’Italie et la roue a tourné. L’image qui illustre cela est peut-être ma deuxième victoire, qui se joue au lancer de vélo. La photo-finish a basculé en notre faveur. On tombe. On se relève. C’est la beauté du sport. On vit des émotions exceptionnelles. On va toujours au bout de nous-mêmes, mais quand ça sourit et qu’on est devant les autres après un gros travail de toute son équipe, ça crée des moments qui nous lient à vie ! »

« Une famille unie dans l’effort et la performance », Clément Davy

Il y en a d’ailleurs un qui se souviendra de son premier Grand Tour. À 23 ans, le Mayennais Clément Davy, issu de la Conti, a complété ce dimanche sa première course de trois semaines avec des souvenirs plein la tête, et des émotions jusque-là inconnues. « Avant même de parler de sport, j’avais envie d’une aventure humaine, et c’est vraiment ce que j’ai eue tout au long de ce mois de mai avec les sept coureurs et le staff, disait le jeune homme. Nous étions vraiment une famille, unie dans l’effort et dans la performance. Mon meilleur souvenir, c’est probablement la cinquième étape, car c’est notre première victoire. Un vrai soulagement. Même si on était conscients de nos capacités, on n’avait pas réussi à l’emporter en début de saison. Le scénario était fou, avec ce fameux col puis la grosse descente pour revenir sur le peloton… Quand j’ai su qu’Arnaud avait mis au fond ce jour-là, j’ai eu les larmes aux yeux car c’était une délivrance ». Régulièrement à la planche pour son leader, Clément Davy s’est également fendu d’une échappée en dernière semaine, lors de l’avant-dernière étape de montagne où il a été d’un soutien précieux à Attila Valter. Preuve qu’il n’a pas terminé complètement exténué. 

« Sportivement parlant, je suis évidemment très heureux du Giro de l’équipe, mais je le suis aussi d’un point de vue personnel, ajoutait-il. J’ai énormément appris sur moi-même durant ces trois semaines, et je pense que j’en sors avec une condition presque meilleure que celle avec laquelle je l’ai commencé. Je sens que j’ai progressé, malgré la fatigue. J’ai hâte de voir ce que donnera l’après-Giro, car on m’a toujours dit que le premier Grand Tour changeait un coureur. Je veux en tout cas remercier tout le staff qui a été aux petits soins pendant trois semaines. C’est aussi ce qui permet aussi d’être performant sur le vélo ».  Déjà directeur sportif lors de la razzia en 2020, Sébastien Joly a connu un nouveau Grand Cru en cette saison 2022. « C’était un très beau Giro, insistait-il. Les coureurs ont fait preuve d’abnégation, et c’était l’idée générale qu’on voulait transmettre au départ. Outre les trois victoires et le maillot cyclamen, je suis heureux qu’on ait pu ramener nos huit coureurs à Vérone. Cela démontre leur bonne forme, et cela leur a aussi permis de partager ces émotions avec Arnaud, ce soir, lors de la soirée protocolaire. C’était important. Certains ne l’avaient pas encore connu. Au terme de ce Giro, je retiens tout le travail effectué en amont. Il y a eu une vraie remise en question sur beaucoup d’aspects après un début de saison moyen. Les coureurs ont bien récupéré, et ont beaucoup travaillé. Il y a aussi eu un gros travail du staff pour les mettre dans de bonnes dispositions ».

« Avant tout une force collective », Sébastien Joly

 Pour clôturer le bilan d’un Giro de nouveau historique, Sébastien ne résistait pas à l’envie de saluer ses poulains un à un. « Clément est la révélation de ce Giro, débutait-il. Il démontre qu’il a passé un cap, physiquement, depuis le début d’année. Il est désormais vraiment intégré dans le train. Tobias était extrêmement motivé pour nous accompagner sur ce Giro, et il a fortement contribué à cette énergie collective et à cette réussite. Cela me fait aussi plaisir d’avoir retrouvé le Kono qu’on connaissait, celui capable de rouler très vite et très fort pour pouvoir placer le train idéalement. Miles a été à la hauteur de nos espérances. Il continue d’amener sa capacité à faire la différence dans les moments cruciaux. Ramon est aussi la très bonne surprise de ce Giro. Il a beaucoup travaillé pour atteindre son niveau actuel, que ce soit dans le train ou dans la montagne. C’est un gros travailleur qui est récompensé aujourd’hui, et on est très heureux pour lui. Je crois qu’il a retrouvé une pleine confiance après avoir été lanceur lors de la première victoire. Jacopo a été égal à lui-même, en chef d’orchestre du train. C’est un personnage sur lequel on s’appuie beaucoup au niveau de la stratégie. Quant à Arnaud, il est clairement au top physiquement et il continue de progresser. Il est récompensé de tout son travail et il est totalement relancé pour le reste de la saison. Pour ce qui est d’Attila, il a fortement contribué à chaque victoire, et c’est très appréciable. C’est vraiment à signaler quand un coureur est là pour les étapes de montagne et qu’il se met à 100% au service des sprinteurs. À chaque fois, ce sont les sept autour d’Arnaud qui ont permis qu’il y ait victoire au bout. Ça a été, en conclusion, avant tout une force collective ».

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