À la veille de la vertigineuse étape du Grand Colombier, la quatorzième étape du Tour en direction de Lyon semblait être une opportunité rêvée pour l’échappée. La bataille pour le maillot vert en aura décidé autrement et, comme il y a quelques jours, Stefan Küng a certes pu se projeter en tête de course mais n’a pu espérer la gagne. Un petit peloton s’est ainsi présenté dans la capitale des Gaules, les acolytes bretons Valentin Madouas et David Gaudu ont tour à tour tenté leur chance, mais c’est finalement Soren Kragh Andersen qui a eu raison des sprinteurs restants. Stefan Küng, lui, est allé recueillir un nouveau dossard rouge de plus combatif.

« Une fois qu’on est devant, autant y rester », Stefan Küng

En se présentant au départ de Clermont-Ferrand ce samedi matin, Stefan Küng savait que cette quatorzième étape constituait potentiellement sa dernière chance de lever les bras sur le Tour de France 2020. Alors, le champion d’Europe du contre-la-montre s’est montré des plus actifs en début de course pour s’assurer de prendre le bon coup. Après une dizaine de kilomètres, c’est ce qu’il a réussi à faire, mais comme vers l’Île de Ré en début de semaine, le coureur helvète a vite compris que ça n’irait pas au bout. « Je m’attendais à ce que plus de monde rejoigne l’échappée, confiait-il, mais on n’était que trois dans un premier temps, puis le Sunweb (Cees Bol) s’est relevé. Sur le coup, j’avais envie de faire pareil, car je me disais que ça ne servait à rien. Avec Bora qui roulait derrière, on a vite compris le scénario de course se profilait : sortir les sprinteurs dans la bosse principale et insister jusqu’à l’arrivée ». La bataille pour le maillot vert, entre Peter Sagan et Sam Bennett, a donc très vite annihilé les chances de Stefan Küng et d’Edward Theuns, qui l’a un temps accompagné.

« Son collègue n’était pas hyper motivé, ajoutait Yvon Madiot. On a longtemps hésité sur l’attitude à adopter, mais il y avait ce col au premier tiers de l’étape et on s’était dit de le passer en tête puis de voir ce que ça donnait. C’était toujours dur de prendre la décision de se relever, il ne faut pas avoir de regrets et Stefan n’était pas à fond non plus ». « L’équipe m’a motivé à poursuivre mon effort, et une fois qu’on est devant, autant y rester, abondait le Suisse de 26 ans. Je me suis progressivement relevé mais j’ai quand même voulu passer le col devant et faire la descente tranquille. Ça a m’a couté de l’énergie mais je me sentais encore très bien dans le final ». Logiquement repris à 80 kilomètres du terme par un premier peloton emmené à toute allure par la Bora-hansgrohe et la CCC, Stefan Küng a alors retrouvé Valentin Madouas et David Gaudu. Tous trois se sont alors focalisés sur le final à Lyon, avec les courtes mais importantes côtes de la Duchère et de la Croix Rousse.

« On est à l’affût », Yvon Madiot

C’est d’abord Valentin, quatrième hier au Puy Mary, qui est passé à l’offensive dans la première bosse. « Ça allait plutôt bien, confiait le Breton. Je me suis retrouvé placé donc je me suis dit qu’il fallait tenter quelque chose. Je savais que ça allait être un peu compliqué avec la deuxième bosse qui suivait, mais ça me permettait de faire la descente placé. Dans la deuxième difficulté, malheureusement, je me suis un peu fait enfermer et c’était compliqué de remonter avec la foule qu’il y avait ». C’est alors son compère David Gaudu qui a accompagné les costauds sur le sommet de la côte de la Croix Rousse, mais le peloton s’est finalement reconstitué à quatre kilomètres du terme alors que Stefan Küng était retardé suite à un coup du sort. « Malheureusement je crève en haut de la première bosse, relatait-il. Il y avait un énorme trou sur l’extérieur du virage. C’est dommage car je pense c’était ma dernière opportunité sur ce Tour ».« Stefan voulait attaquer dans le final car il savait qu’il n’y aurait plus beaucoup d’équipiers pour le sprint, résumait Yvon. Il pensait sûrement faire la même chose que Kragh Andersen mais il n’a pas été chanceux. Quoiqu’il en soit, on est à l’affût ! Et si on n’essaie pas, on n’y arrivera pas. Il faut tenter des choses si on veut ramener cette victoire ». Et c’est ce qui sera de nouveau au programme demain dans la grande étape du Grand Colombier. « On a dit à Sébastien et Thibaut, qui étaient derrière, de ne pas s’affoler aujourd’hui, concluait Yvon. Demain, on a plusieurs coureurs capables d’être présents dans le final, alors on va continuer d’essayer ».

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