Le 108ème Tour de France de l’histoire est ce dimanche arrivé à son terme, sur les Champs Elysées à Paris, comme il en est désormais coutume. Alors que Wout Van Aert a raflé l’étape, et que Tadej Pogacar a été couronné pour la deuxième fois consécutive au classement général, l’Équipe cycliste Groupama-FDJ n’a pour sa part pu remplir les objectifs qu’elle s’était fixée à Brest. Pas vernis tout au long des trois semaines, les hommes de Marc Madiot auront pourtant vaillamment défendu leurs chances jusqu’au bout.

« Le Tour reste le moment le plus important de la saison, on en a conscience. Alors, le fait de n’avoir pu aller chercher ce qu’on souhaitait, c’est évidemment un manque. On est loin des ambitions qu’on pouvait nourrir ». Au moment de tirer le rideau sur la Grande Boucle version 2021, Thierry Bricaud se voulait lucide ce dimanche quant au bilan purement comptable, alors que la vingt-et-unième et dernière étape revenait elle à Wout Van Aert. « On était notamment venus chercher des victoires d’étapes, reprenait Thierry. On savait qu’on était prêts physiquement, les gars avaient bien bossé et on arrivait avec certaines convictions ». Malheureusement, la première partie de Tour, avant la première journée de repos, n’a pas franchement souri à l’Équipe cycliste Groupama-FDJ. « Beaucoup de paramètres rentrent en ligne de compte, mais les chutes des premiers jours ont évidemment eu des conséquences terribles, exposait-il. Il ne faut pas oublier qu’on perd Kono dès le premier jour. Arnaud a également été gêné quelques jours à la suite de sa chute, et ça a forcément un peu pesé sur l’étape de Tignes également. Jacopo, lui aussi, est tombé… On fait partie des équipes qui n’ont pas été épargnées, mais c’est aussi ça le Tour… Il faut réussir à passer à travers les gouttes ».

« On s’est remobilisés, tous ensemble », Valentin Madouas

Réduite à cinq après neuf jours de course, l’Équipe cycliste Groupama-FDJ a également perdu Miles Scotson, affaibli, lors de la onzième étape. Celle du Ventoux. Celle-là même où David Gaudu, alors en embuscade derrière les favoris, a perdu tout espoir de très bon classement général. S’est alors initié une deuxième partie de Tour complètement différente. « Je veux retenir l’état d’esprit du groupe, des quatre qu’il restait encore, soulignait Thierry. Si on regarde bien, on a été acteurs ou échappés quasiment sur chaque étape après le Ventoux. Jusqu’au bout, ils ont voulu aller chercher cette étape et je retiens l’engagement qu’ils ont mis chaque jour. Même à quatre, on a fait partie des équipes les plus actives car il y avait de l’envie. On va garder cette image. Ils ne se sont pas désunis, ils sont restés concentrés sur ce qu’ils avaient à faire, motivés, et cela toujours dans une bonne ambiance. Tout le monde était prêt à donner un coup de main au copain pour aller chercher un résultat. Quand on voit qu’on a trois coureurs sur quatre échappés vers Andorre, et qu’on tente de peser sur le Tourmalet dans la dernière étape de montagne, ça reflète l’état d’esprit des gars ».

Malgré plusieurs tentatives, cela n’aura donc pas payé pour David Gaudu. Pas plus pour Stefan Küng, deuxième et quatrième des deux chronos du Tour. « C’est un bilan plutôt mitigé, concédait Valentin Madouas. L’objectif était de remporter une victoire d’étape et on n’a pas réussi à l’obtenir. On ne peut donc pas être réellement satisfaits. Néanmoins, on s’est remobilisés sur de nouveaux objectifs, tous ensemble, après nos déconvenues. Personnellement, ma deuxième partie de Tour a été correcte, j’ai retrouvé de bonnes sensations. J’étais plutôt satisfait, j’ai réalisé plus d’échappées que l’an passé. C’est bon signe. J’aurais évidemment aimé réaliser une meilleure performance sur une étape (12e à Quillan, ndlr), mais c’est le Tour de France… En tous les cas, on a passé une fin de Tour super au niveau ambiance et on a vraiment bien travaillé ensemble pour aller chercher le meilleur résultat possible. Ça ne l’a pas fait, mais on reviendra ». Auteur de trois top-10 au cours de la dernière semaine de course, David Gaudu a par ailleurs accroché la onzième place du classement général. « C’est anecdotique, soutenait-il dimanche. Ce n’est pas ce qu’on était venus chercher. Il y a malgré tout eu de belles choses sur ce Tour de France. Je vais essayer de retenir qu’il y a eu une belle première semaine et une belle dernière semaine. On a essayé de tenir la baraque à quatre en deuxième partie et on a fait le maximum pour remporter une victoire d’étape. Malheureusement on n’a pas réussi, mais c’est la loi du sport ».

« Une satisfaction d’arriver sur les Champs Elysées », Bruno Armirail

Pour sa première expérience en tant que leader sur la Grande Boucle, David Gaudu échoue donc aux portes du top-10, l’étape du Ventoux à elle-seule ayant été fatale. « C’est certes un regret car il aurait pu être dans la bagarre pendant trois semaines, ajoutait Thierry. Il en avait les moyens. Si on oublie cette étape, il était tous les jours avec les meilleurs, ou pas loin. Inversement, l’étape du Ventoux l’a un peu libéré et lui a laissé un peu de marge de manœuvre pour aller chercher une étape, qu’il n’aurait sans doute pas eu sinon. C’est surtout dommage et frustrant pour lui, car il était sur une très bonne dynamique depuis sa Vuelta l’an passé. Cela rentre néanmoins dans son apprentissage et cela lui servira pour la suite ». Bruno Armirail aura lui aussi engrangé une belle dose d’expérience pour son tout premier Tour de France en carrière. « J’ai beaucoup appris, certifiait l’Occitan. J’ai vécu de belles expériences, surtout dans les Pyrénées. Sur le plan sportif, j’aurais aimé être plus présent et répondre davantage aux attentes de l’équipe. Mais j’ai fait avec les moyens du moment. Compte tenu de l’état dans lequel je me trouvais lors de la première journée de repos, je pense que peu de personnes auraient pensé me voir aux Champs Elysées. Je ne voulais pas abandonner, mais j’avais moi-même du mal à l’imaginer. C’est donc une satisfaction d’arriver sur les Champs Elysées et de boucler ce premier Tour de France ».

Alors que Stefan Küng et David Gaudu s’envoleront dans les prochaines heures pour les Jeux Olympiques, non sans ambition, Thierry Bricaud ponctuait : « On a conscience que, même si on fait de belles choses en fin de saison, certains ne retiendront que le mois de juillet, qui n’a pas été terrible. Mais on ne s’en soucie pas, on a été à la bagarre tous les jours et on a essayé d’aller chercher les meilleurs résultats possibles. Cela fait seulement partie du miroir déformant du Tour ».