David Gaudu et son escorte à la conquête de la quatrième place

L’Équipe cycliste Groupama-FDJ a encore vécu une journée riche en émotions ce jeudi sur les routes du Tour de France, à l’occasion de la toute dernière étape de montagne de cette édition 2022. Entre Lourdes et Hautacam, Thibaut Pinot et Valentin Madouas ont d’abord réussi à prendre un coup d’avance dans le Col d’Aubisque, mais tous deux se sont plus tard relayés pour permettre à David Gaudu d’effectuer une remontée au général. Dans l’ascension finale, le jeune Breton a ainsi pu nettement distancer Nairo Quintana et s’emparer de la quatrième place du classement général à trois étapes du terme. Ce jeudi soir, Valentin Madouas et Thibaut Pinot pointent également dans le top-15 du général.

Un dernier gros morceau avant la dernière ligne droite vers Paris. C’est sans doute ainsi qu’une majorité de coureurs appréhendait la dix-huitième étape du Tour, dans les Pyrénées, depuis Lourdes jusqu’à Hautacam. L’apparition d’une échappée aura toutefois tardé, comme de coutume, et le peloton dût encore batailler pendant une soixantaine de kilomètres avant que les choses ne se tassent quelque peu, dans les premières pentes du Col d’Aubisque, première difficulté du jour (17 km à 7%, Hors Catégorie). Alors présent dans un large groupe d’échappés, Valentin Madouas se voyait rejoint par Thibaut Pinot, parti en contre depuis le peloton. Un semblant de calme n’est revenu qu’à la mi-ascension, et alors que le duo français accompagnait les meilleurs fuyards dans le col, David Gaudu retrouvait lui ses cinq autres coéquipiers dans un groupe maillot jaune pourtant réduit à peau de chagrin. « Quand on voit qu’on en a deux dans l’échappée et six dans le peloton en haut de l’Aubisque, c’est quand même pas mal », lançait fièrement Marc Madiot plus tard. « Les gars ont assuré aujourd’hui, ajoutait Philippe Mauduit. Je pense que ça a contribué à sécuriser David ». Au sommet de l’Aubisque, Thibaut Pinot est alors passé en deuxième position et s’est ensuite attaqué au Col de Spandelles (10 km à 8,3%) en compagnie de Valentin Madouas et d’une dizaine d’autres échappés, avec une marge proche des quatre minutes sur le maillot jaune.

« Il y a des jours comme ça où tout se passe bien », David Gaudu

Toutefois, la bagarre pour ce même maillot jaune s’est initiée peu de temps après, réduisant logiquement les chances des hommes de tête. Thibaut Pinot s’est malgré tout agrippé aux roues de Van Aert et Dani Martinez jusqu’au sommet pour basculer au sein d’une échappée réduite à trois petites unités. Au sein du peloton, David Gaudu n’a lui pas forcé quand Tadej Pogacar a lancé les hostilités, et s’est très vite retrouvé avec ses concurrents directs. « Mon combat n’était pas avec les trois premiers, c’était avec les autres, disait l’intéressé. Je suis donc resté avec eux ». Le Breton a d’ailleurs stabilisé l’écart à une grosse minute avec le groupe maillot jaune, tant dans la montée que dans la descente du Col de Spandelles. Au pied de l’ascension d’Hautacam (13,5 km à 8%, Hors Catégorie), son coéquipier Thibaut Pinot naviguait lui deux minutes devant Vingegaard et Pogacar. Une marge insuffisante pour jouer la gagne. « J’étais déjà content de basculer avec Van Aert dans Spandelles, et je savais que pouvais ensuite servir de point d’appui pour David, indiquait le Franc-Comtois. Je voulais aller le plus loin possible dans Hautacam afin de l’aider derrière. Quand on nous a dit que ça revenait vite, j’ai compris que mon rôle était d’attendre David. L’espoir de jouer l’étape a duré deux kilomètres mais l’important n’était pas là aujourd’hui ». À neuf bornes du sommet, l’ancien triple vainqueur d’étape sur le Tour a été distancé et attendu son leader breton.

Un peu plus bas, ce dernier pouvait déjà compter sur le soutien de Valentin Madouas, de retour auprès de son acolyte de toujours sur les premières pentes d’Hautacam. « David a senti le bon moment et a attaqué Quintana juste avant de rentrer sur Valentin, expliquait Philippe Mauduit. Cela leur a permis de creuser l’écart sur le groupe où ils se trouvaient et de se mettre à la poursuite du groupe Thomas. Valentin s’est écarté juste avant que David ne retombe sur Thibaut, ça s’est bien enchaîné ». Après avoir distancé son rival colombien, Gaudu a dès lors tâché de grignoter le plus de temps possible. À un peu plus de cinq kilomètres du sommet, il a donc retrouvé Thibaut Pinot qui l’a tracté pendant près de deux bornes. « J’ai filé un coup de main, même si j’aurais préféré aller encore plus loin, faire plus, disait Thibaut. En tout cas, je ne pouvais plus pédaler quand je me suis écarté. J’ai tout donné ». « Je suis encore tombé sur du très grand Valentin, et du très grand Thibaut, assurait David. Le plus dur, au final, c’était de lâcher Nairo. Mais il y a des jours comme ça où tout se passe bien : j’attaque Nairo, je le lâche, je reviens sur Valentin, Valentin roule, je reviens sur Thibaut, Thibaut roule, et je lâche le reste de mes forces. C’était réglé comme du papier à musique ». Dans le final, le jeune homme est même revenu sur Geraint Thomas et a continué de creuser l’écart pour finalement s’octroyer la cinquième place sur la ligne, près de trois minutes devant Nairo Quintana.

« Une sacrée aventure », Thibaut Pinot

Au terme de la dix-huitième étape, David Gaudu occupe donc la quatrième place du général pour 2’30 face au Colombien, cinquième. « Les trois devant sont plus forts, je n’ai pas à rougir, lançait David. D’ici dimanche, ils auront tous gagné au moins un Tour. Je n’ai pour ma part jamais fait un top-5 sur un Grand Tour. Ce sera, je l’espère, mon premier. Je pense que j’aurais signé pour ça au départ. En tout cas, je suis fier d’être à cette place pour le moment, mais il reste deux jours et on va rester concentré car tout peut se passer ».« On a vu un beau travail collectif aujourd’hui, soulignait encore Marc. On était là. Il y avait une implication de tous, coureurs et encadrement. C’est vraiment top à vivre. On est ce soir au pied du podium ». Les massifs sont désormais franchis alors qu’une étape de « transition » probablement animée ainsi que le contre-la-montre final de Rocamadour se profilent avant les Champs Élysées. « Je suis content de finir la montagne sur une note assez bonne, ponctuait Thibaut. David grimpe à la quatrième place, et c’est donc une très bonne journée pour nous. Même si je n’ai jamais été à 100% personnellement sur ce Tour, on aura en tous cas vécu une sacrée aventure avec l’équipe. C’est ce qu’il faut retenir ». On pourra aussi retenir qu’à trois jours du terme, Valentin Madouas (12^e) et Thibaut Pinot (15^e), siègent tous les deux dans le top-15 du classement général.