Entouré par un remarquable collectif à l’occasion de la septième étape du Critérium du Dauphiné, la première dans les Alpes, David Gaudu a âprement bataillé face aux tous meilleurs coureurs de l’épreuve ce samedi. Dans la montée finale, il a simplement dû laisser filer trois hommes dans les tous derniers hectomètres avant de s’octroyer la septième place du jour, quarante secondes derrière le vainqueur en échappée Carlos Verona. Le grimpeur breton se hisse ainsi à la sixième place du classement général, à 1’40 du nouveau maillot jaune Primoz Roglic, mais à seulement seize secondes du podium. Le tout à la veille du dernier acte, vers le Plateau de Salaison.

« C’était génial de mettre la pression dans la Croix de Fer », Michael Storer

Depuis dimanche dernier, les grimpeurs n’attendaient que ça. Le grand week-end alpestre était enfin sur le point de débuter, au départ de Saint-Chaffrey, avec un apéritif pour le moins corsé. C’est en effet avec l’ascension du légendaire Col du Galibier que la septième étape du Critérium du Dauphiné, d’à peine 134 kilomètres, démarrait sur les coups de 13 heures. Comme chacun s’y attendait, la course fût rude d’entrée en raison de la bagarre pour l’échappée, à laquelle l’Équipe cycliste Groupama-FDJ s’est jointe volontiers. De très nombreuses offensives ont alors fait irruption avant que plusieurs grappes de coureurs ne parviennent à s’extirper. Au sein de l’une d’elles : Bruno Armirail, de retour à l’attaque au lendemain de son raid vers Gap. Après un bel effort dans la première heure de course, l’Occitan est même passé en sixième position au sommet du Galibier avant d’intégrer définitivement une échappée de dix-neuf hommes. Celle-ci n’a toutefois jamais bénéficié d’un avantage conséquent en raison de la présence d’hommes dangereux en son sein. Au pied de la deuxième ascension du jour, la non moins célèbre Croix de Fer (29 km à 5%), l’avance de Bruno Armirail et de ses compères était ainsi inférieure aux trois minutes. En gestion dans un premier temps, le peloton a finalement haussé le rythme dans le dernier tiers de la montée, avant que l’Équipe cycliste Groupama-FDJ elle-même ne vienne aux commandes, à environ cinq kilomètres du sommet.

Olivier Le Gac, Valentin Madouas et Kevin Geniets ont été les premiers à embrayer. « C’était une belle étape de montagne, et chacun avait besoin de savoir où il en était après cinq premiers jours où on a vu que ça allait plutôt bien, signifiait Thierry Bricaud. On voulait savoir si les jambes répondaient en montagne. On est au Dauphiné pour aller chercher un résultat mais aussi pour prendre de bons automatismes. C’était l’occasion ». « On a pris des risques, lançait David. Si on n’en prend jamais, on n’y arrivera pas. J’étais en confiance après ma victoire. On voulait faire les choses bien et l’équipe marchait fort. On a donc décidé de prendre la course en main et de durcir. Si on ne l’avait pas fait, on risquait aussi d’emmener un gros groupe à l’arrivée. On a essayé de déstabiliser un peu la Jumbo-Visma ». « C’était génial de mettre la pression dans la Croix de Fer aujourd’hui, ajoutait Michael Storer. Peu d’équipes avaient des coureurs assez forts pour tenter quelque chose ». Le travail de sape des équipiers a d’ailleurs permis de réduire le peloton à une petite trentaine d’unités et d’éjecter le maillot jaune Wout van Aert. Au sommet, une quinzaine de coureurs seulement composait encore le « peloton », incluant David Gaudu et Michael Storer qui retrouvaient… Bruno Armirail au moment de basculer. « Il n’était pas dans une grande journée hier, mais aujourd’hui il ne pouvait pas être devant par hasard, pointait Thierry. Il a été utile dans le final. Ça a été un bon relais pour finir le travail qu’avaient effectué les équipiers un peu avant ».

« On peut être fiers », David Gaudu

L’Occitan a ainsi mené le train du groupe des favoris pendant une partie de la descente, avant de prendre les rênes à l’approche de la montée finale vers Vaujany (6 km à 7%), que le « peloton » a entamé avec 1’30 de retard sur Carlos Verona. Bruno Armirail a insisté jusqu’à quatre kilomètres du but avant de laisser le relais à Michael Storer, qui a imprimé un tempo soutenu pendant un kilomètre supplémentaire. Puis, la bataille entre les principaux favoris s’est enclenchée. David Gaudu s’est arraché pour suivre une première offensive de Jonas Vingegaard, à l’instar de six autres concurrents, mais le Breton n’a rien pu faire lorsque Primoz Roglic est passé à l’attaque à environ 1500 mètres de la ligne. Le grimpeur tricolore a serré les dents en poursuite et a finalement coupé la ligne en septième position, à vingt-sept secondes du Slovène. « Je me sentais plutôt bien, puis les jambes ont parlé dans le final, commentait David. J’ai tenté le tout pour le tout quand Roglic est parti, mais il m’a manqué 200 mètres pour basculer dans les roues. Ce n’est pas si mal que ça pour une première course par étapes. C’est plutôt encourageant pour la suite. L’équipe a fait un grand travail, et je les remercie. Je suis déçu de ne pas avoir pu conclure, mais je pense qu’on a couru comme il le fallait. On était encore trois au pied de la dernière ascension, on avait mis Bruno dans l’échappée. Dans le peloton, les gars ont fait un super boulot. Olivier, qui n’est pas un grimpeur de base, s’est écarté quand il n’y avait plus que 40 mecs. On n’a pas à rougir. On peut être fiers de ce qu’on a fait aujourd’hui. Peser sur une course WorldTour en équipe, ça fait plaisir ».

« On a essayé de mettre des choses en place, complétait Thierry. Il y a encore un peu de travail, mais ça va dans le bon sens. En face, il y a de la concurrence, et il ne faut pas perdre de vue que tout le monde rentre de stage, qu’il faut digérer tout ça et que le Tour est encore un peu loin. On est dans les temps de passage pour juillet, et c’est plus qu’intéressant ». À la veille du bouquet final, qui inclura notamment ce dimanche les ascensions du Col de la Colombière et du Plateau de Salaison, David Gaudu a ainsi progressé au sixième rang du général, à 1’40 de Primoz Roglic mais à seulement seize secondes du podium. « Demain est un autre jour, avec une nouvelle montée difficile, et différente, glissait David. On ne va rien lâcher et on va essayer de réaliser de belles choses ». « Ce sera une étape à peu près identique à celle d’aujourd’hui, concluait Thierry. On montera moins haut mais elle sera aussi dure, voire plus. C’est une étape piège typique de fin de Dauphiné. On n’est pas à l’abri de surprises ». « C’était agréable de faire ce travail d’équipe aujourd’hui, et pourquoi pas le refaire demain, souriait Bruno. Personnellement, ça allait beaucoup mieux aujourd’hui et j’espère que je progresserai encore d’ici demain. On va tout donner. David n’est pas loin du podium, alors pourquoi ne pas l’y faire monter ! »

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