La deuxième et dernière étape pyrénéenne du 110ème Tour de France a donné lieu à une nouvelle bagarre parmi les favoris, ce jeudi, au sommet de Cauterets-Cambasque. La hiérarchie s’est encore éclaircie en tête du classement général, dont Jonas Vingegaard a pris la tête, et David Gaudu s’est ardemment accroché pour rester à la lutte pour le podium. Légèrement décroché dans le final de la sixième étape, le Breton a signé la treizième place du jour, à près de trois minutes des deux grands favoris de l’épreuve, mais à tout juste trente secondes de ses principaux rivaux. Au sortir des Pyrénées, il occupe ainsi la septième place du général alors que se profilent deux étapes de transition.

Les coureurs avaient du pain sur la planche, ce jeudi, pour venir à bout du premier grand massif du Tour 2023. Près de 4000 mètres de dénivelé étaient comptabilisés tout au long des 145 kilomètres de la sixième étape. Surtout, le peloton devait s’attaquer à un mythe de la Grande Boucle : le col du Tourmalet (17 km à 7,4%), franchi dans la foulée du Col d’Aspin (12 km à 6,6%) mais avant la montée finale irrégulière vers Cauterets-Cambasque (16 km à 5,3%). Dans cette journée « montagnes russes », l’échappée s’est constituée dès le kilomètre 0, dans le sillage de Wout van Aert et Julian Alaphilippe, mais son avantage est néanmoins resté mesuré avant d’entamer les grandes difficultés. « On voulait mettre quelqu’un devant mais ça ne s’est pas fait, disait Philippe Mauduit. À partir de là, les gars se sont concentrés autour de David et ont essayé de l’accompagner au mieux toute la journée ». Dans le Col d’Aspin, un premier tri s’est effectué, tant à l’avant que dans le peloton, mais c’est dans le Col du Tourmalet que les grandes manœuvres ont véritablement débuté. Au sein du groupe maillot jaune, le rythme s’est progressivement durci, puis la Jumbo-Visma a tout fait voler en éclat à plus de trois kilomètres du sommet. Très vite, Vingegaard et Pogacar se sont détachés du reste des favoris, regroupés à un second échelon. « On se doutait que Jumbo voulait enfoncer le clou, confiait Thibaut Pinot. On n’a pas été surpris du scénario, mais personne n’était vraiment capable de suivre. Le maillot jaune Jai Hindley a essayé mais a explosé. Ils vont trop vite pour nous, donc on fait notre course, celle pour le podium ».

« Pas ma meilleure journée », David Gaudu

À plus de cinquante kilomètres du terme, les deux grands favoris de l’épreuve ont donc pris leur envol puis rejoint les rescapés de l’échappée. Pendant ce temps, un groupe maillot jaune d’une quinzaine d’hommes s’est formé avec les autres prétendants au général, dont David Gaudu, encore accompagné de Thibaut Pinot au sommet du Tourmalet. Dans la longue descente suivante puis dans la vallée, le groupe des favoris a vu son débours grimper à trois minutes, écart approximatif au pied de la montée finale. En tête, Pogacar a pu se défaire de Vingegaard et s’emparer de la victoire d’étape. Au sein du groupe maillot jaune, David Gaudu a été contraint de laisser filer trois rivaux, mais a tout de même rallié la ligne en treizième position à Cauterets-Cambasque, à plus de trois minutes du vainqueur, mais à trente secondes de l’ancien maillot jaune Jai Hindley, Simon Yates et Carlos Rodriguez. « J’avais plutôt de bonnes sensations dans la montée finale, mais j’ai explosé d’un coup, à 2,5 kilomètres du sommet, disait le Breton. Ça fait partie du jeu. C’était une journée très difficile. Malheureusement, ce n’était pas ma meilleure, mais le Tour est une course d’endurance. Il y a des journées où on est très bien, d’autres où c’est plus compliqué. Il fallait en tout cas répondre présent et limiter la casse ». Encore aux côtés de son leader jusque dans la montée finale, Thibaut Pinot a pour sa part pris la vingtième place du jour, trente secondes derrière le Breton.

« On reste dans le match », Marc Madiot

Au classement général, David Gaudu progresse ce jeudi de la dixième à la septième place. Il pointe à 4’03 du nouveau leader Jonas Vingegaard et à environ 2’30 de la troisième position occupée par Jai Hindley. « Le côté positif est qu’on se rapproche du podium en termes de places. D’un autre côté, on perd du temps sur ceux qui le jouent, analysait Philippe. Mais encore une fois, le Tour va être long, difficile et plein de surprises ». Un son de cloche qui se propageait dans l’équipe tout entière. « Si on tourne les pages du roadbook, on s’aperçoit qu’on n’a quasiment rien fait, soufflait Marc Madiot. On reste dans le match, et ça va se faire par élimination ». « Sur la Loze, les écarts entre chaque concurrent vont se compter en minutes, rappelait Thibaut, désormais 18e du général. Le Tour est très long. Il faut surtout ne pas avoir de jour sans, et si d’autres en ont, ce sera à nous d’en profiter. On n’a pas l’impression d’être au sixième jour du Tour, mais plutôt en fin de deuxième semaine car la fatigue est déjà là et les écarts aussi. Ça promet vraiment pour la troisième semaine ». Et le principal intéressé, David Gaudu, de conclure : « Il y a encore énormément de montagne à venir. On continue de s’accrocher et les Alpes seront décisives quoi qu’il en soit. Le Tour est encore très, très, très long. On ne va pas perdre le cap. Mine de rien, on remonte petit à petit au général. L’équipe est motivée, il ne faut rien lâcher, et gérer les jours moins bons. Il y aura peut-être des journées plus difficiles pour les autres aussi, et c’est là qu’il faudra saisir l’opportunité ».

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