Dans la montée de Leysin, les prétendants au classement général du Tour de Romandie ont ce samedi livré leur dernière bataille. Au terme d’une quatrième étape rapide et éprouvante, tout s’est finalement décanté dans les cinq derniers kilomètres. Légèrement distancés au moment où l’action a débuté, David Gaudu et Lenny Martinez ont néanmoins terminé fort pour s’adjuger les neuvième et douzième places au sommet, à une quarantaine de secondes du vainqueur Richard Carapaz. Le Cannois a pu s’accrocher au top-10 du général (8e), tandis que le Breton a fait un bon de dix-sept places (14e). Un sprint pourrait clôturer l’épreuve dimanche.

Dans une « étape reine » cumulant près de 3500 mètres de dénivelé ce samedi, l’ascension la plus difficile au programme des coureurs se trouvait après à peine une trentaine de kilomètres. Et c’est justement là que les choses sérieuses ont commencé. Alors qu’une échappée de six hommes ouvrait la route avec quatre minutes d’avance au pied de la montée d’Ovronnaz (9km à 9,7%), le peloton a rapidement explosé. « Ineos Grenadiers avait décidé de faire la course aujourd’hui pour essayer de renverser le général, exposait Jussi Veikkanen. Ils ont mis en route dès le premier grand prix de la montagne, et quand on a retrouvé la plaine après cinquante kilomètres de course, il ne restait plus qu’une trentaine de coureurs dans le peloton. Ça en dit beaucoup sur la vitesse du jour. On avait David et Lenny devant, puis Rudy est rentré avec un petit groupe un peu plus tard ». Devant, l’échappée s’est recomposée autour de Nelson Oliveira, Bart Lemmen, Dorian Godon, Clément Berthet et Raul Garcia Pierna mais n’a jamais compté plus de deux minutes d’avance. À soixante kilomètres du terme, la formation Ineos Grenadiers a repris les rênes dans la montée des Rives puis dans celle des Giettes, se rapprochant à une petite minute du dernier fuyard, Clément Berthet. Le peloton a ensuite plongé dans une vallée d’une vingtaine de kilomètres menant à la dernière ascension du jour, vers Leysin (14 km à 6%).

« David m’a poussé dans mes retranchements », Lenny Martinez

L’homme de tête comptait encore une minute au pied, et ce n’est qu’à mi-pente que le peloton a véritablement haussé le ton. Berthet a été avalé à cinq kilomètres et l’explication finale s’est immédiatement déclenchée sous l’impulsion d’Egan Bernal. Ce qu’il restait alors du peloton a volé en éclats, et le duo de la Groupama-FDJ a d’abord subi le tempo infernal. « On savait que ça allait se faire quand on allait tourner à gauche à Leysin, indiquait David Gaudu. J’avais déjà fait cette montée en 2018. Je savais que ça allait être dur à ce moment-là. J’ai fait en sorte de toujours garder Lenny pas trop loin de moi pour essayer de le booster ». « On s’est compris sans se parler avec David, complétait Lenny. Il était très fort alors il a essayé de m’aider en me poussant dans mes retranchements. J’avais comme unique objectif de rester dans sa roue ». Le duo s’est donc battu à un quatrième échelon, alors que Richard Carapaz s’en allait remporter l’étape. « On a eu du très bon David aujourd’hui, soulignait encore Jussi. Il a bien épaulé Lenny, qui a connu une journée un peu plus compliquée. Il l’a soutenu jusqu’au bout, notamment dans les derniers kilomètres quand Ayuso a eu son coup de moins bien ». « Je savais qu’il y avait un replat et on a réussi à rentrer à ce moment-là pour profiter du travail des équipiers d’UAE avant d’essayer de faire un gros finish, complétait David. On a bien lissé l’effort, et surtout on n’a rien lâché ».

« Je vais pouvoir partir en coupure sur une note assez correcte », David Gaudu

Le duo tricolore est donc revenu dans le match, et David Gaudu a finalement obtenu la neuvième place sur la ligne à 41 secondes de Carapaz, Lenny Martinez accrochant lui la douzième à 46 secondes. « C’était une journée à l’usure, commentait le jeune homme. On a bien su gérer dans le dernier col. C’était une vraie étape de montagne. J’ai puisé dans mes ressources aujourd’hui, mais comme tout le monde je pense. C’était une journée pour hommes forts ». « Lenny a fait une belle montée compte tenu de la journée qu’on a eue, ajoutait David. Je pense qu’on ne peut pas avoir de regrets aujourd’hui, on a tout donné. Je suis content d’avoir pu l’épauler et d’être encore là dans le final. Mine de rien, on ne finit pas si loin des autres favoris. Vu les circonstances, et considérant que je suis loin d’être à 100%, c’est plutôt pas mal. Je vais pouvoir partir en coupure demain sur une note assez correcte. Il y a eu des hauts et des bas sur ce Tour de Romandie, mais c’est normal ». « Ils avaient la banane en rentrant au bus, je pense qu’ils ont fait le nécessaire, continuait Jussi. Cela a permis à Lenny de limiter la casse au général, et David a retrouvé des jambes aujourd’hui après sa journée sans d’hier. Ça fait plaisir à voir ».

Au classement général, Lenny Martinez occupe désormais le huitième rang tandis que David Gaudu siège au quatorzième ce samedi. « Je voulais garder le top-5, peut-être même l’améliorer, mais je suis quand même satisfait de ne pas sortir du top-10, disait Lenny. J’ai tout donné et je n’ai pas de regrets ». « C’est une journée satisfaisante, concluait Jussi. On espérait éventuellement le podium, nos moyens du jour ne l’ont pas permis, mais on est toujours dans le match. L’étape de dimanche est simple sur le papier mais il n’est pas dit que ça arrive au sprint. On a encore une grosse journée à faire et il faudra rester vigilant autour de Lenny et David ».

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