Au lendemain de la première journée de repos du Tour de France, David Gaudu et l’Équipe cycliste Groupama-FDJ se sont fait une petite frayeur ce mardi en direction d’Issoire. À la suite d’un départ d’étape hyper intense, le grimpeur breton s’est en effet retrouvé distancé dans le premier quart de la course. Grâce au soutien de ses coéquipiers, il a toutefois pu stopper l’hémorragie puis reprendre sa place au sein du peloton maillot jaune. Il a finalement aisément terminé l’étape aux côtés des principaux favoris, mais a en revanche reculé au neuvième rang du général après l’échappée victorieuse de Pello Bilbao.

Il ne s’agissait certes pas d’une étape de montagne, mais avec 3000 mètres de dénivelé au programme et sans réelle portion plate, le dixième acte de la Grande Boucle entre Vulcania et Issoire attisait tout autant les ambitions qu’elle augurait une journée pénible, qui plus est sous une chaleur accablante. La bataille pour l’échappée s’annonçait acharnée, et dès les premiers kilomètres, les prévisions se sont révélées justes. Dès le Col de la Moreno, le peloton a volé en éclats, et les choses se sont encore gâtées dans le second col, celui de Guéry. Si Thibaut Pinot tentait d’accompagner les mouvements de course, David Gaudu se retrouvait lui en difficulté. « Ça part toujours très vite les lendemains de journée de repos, donc on s’y attendait, confirmait le Breton. Mais parfois, c’est le corps qui choisit. J’étais un peu bloqué au départ, la chaleur ne m’a pas aidé et j’ai eu un petit coup de chaud ». Immédiatement, la quasi-intégralité des coureurs de la Groupama-FDJ s’est unie autour de son leader, d’abord pour limiter la casse alors que la lutte continuait de faire rage devant. « Il y avait le facteur chaleur, mais aussi le facteur intensité, indiquait Stefan Küng. La course s’est lancée dès le kilomètre 0 et ne s’est jamais vraiment posée, c’est ce qui a rendu la course encore plus dure. Tout le monde était à la rupture après le deuxième col, et j’ai entendu à l’oreillette que David ne pouvait plus suivre. Je me suis relevé, et je l’ai attendu ». « Quand ton leader est en difficulté, plus tu hésites et plus tu te mets dans une situation irrécupérable. On n’avait pas d’autre choix que d’agir vite, confirmait Philippe Mauduit. L’écart a été important mais j’avais confiance en nos coureurs pour bien gérer la situation et je n’ai jamais douté. Je savais qu’ils allaient rentrer ».

« La chance de pouvoir compter sur une grande équipe », David Gaudu

L’échappée du jour ne s’est finalement constituée qu’après une grosse heure de course et quarante kilomètres ce mardi. À cet instant, le peloton comprenant David Gaudu naviguait alors à plus de deux minutes. « J’ai eu la chance de pouvoir compter sur une grande équipe, qui m’a soutenu toute la journée, assurait David. Sans eux, je pense que j’aurais terminé loin aujourd’hui. On s’est fait une frayeur, mais dans ces moments-là, il faut essayer de rester le plus calme possible. Puis, j’ai aussi senti assez rapidement que ça allait beaucoup mieux. Dans le troisième col, ça tournait rond, les jambes étaient débloquées ». « Quand on est à la limite de l’explosion, il ne faut surtout pas aller plus loin, dans la zone rouge, ajoutait Philippe Mauduit. Les gars ont eu la sagesse de ne pas franchir cette limite, cette ligne de crête, et c’est aussi pour ça qu’ils ont réussi à rentrer ». Après une trentaine de kilomètres de poursuite effrénée, David Gaudu a finalement été ramené par ses collègues sur le peloton principal. Il restait alors plus de cent kilomètres à parcourir et tout rentrait dans l’ordre. « Tout le monde a eu mal, mais on a rectifié le tir, se félicitait Stefan Küng. On a heureusement pu rentrer une fois que ça s’est posé, mais c’était évidemment une journée très compliquée ». Pendant ce temps, une échappée de quatorze hommes a pu se forger une avance suffisante pour se disputer la victoire du jour. Pello Bilbao a finalement tiré les marrons du feu en s’imposant et en remontant au cinquième rang du général. Moins de trois minutes plus tard, le peloton maillot jaune en a terminé, avec David Gaudu, Thibaut Pinot, Stefan Küng et Valentin Madouas dans ses rangs.

« On va se projeter sur les prochaines opportunités », Stefan Küng

Une frayeur, mais rien de plus, donc, pour le leader français. « D’un côté je remercie l’équipe, car ils ont complètement sauvé ma journée, confiait David. D’un autre côté je suis vraiment désolé pour eux, car toute l’équipe avait carte blanche aujourd’hui, et ils n’ont pas pu aller devant à cause de moi ». « On peut se dire qu’il y a eu plus de peur que de mal, glissait Philippe. Cette journée a quoi qu’il en soit démontré qu’il était important d’avoir des garçons solidaires. Le plan, ce matin, était d’avoir deux ou trois coureurs devant. Les circonstances n’ont pas été celles espérées, et dans une telle situation, il faut savoir être raisonnable et changer de plan en cours de route. On s’accroche à ce classement général, qui n’est pas un objectif simple. On entend qu’on n’y arrivera pas, mais on n’est pas définitivement sortis du jeu donc on se bat ». Désormais neuvième du général, David Gaudu demeure d’ailleurs confiant malgré une journée animée. « Ce n’est pas inquiétant pour la suite, assurait-il à l’arrivée. En 2021, j’ai fait un coup de chaud au Mont Ventoux, et j’ai derrière réalisé une belle troisième semaine. Je garde beaucoup de motivation pour les Alpes ». Mais la Groupama-FDJ n’a pas uniquement le classement général dans le viseur dans cette deuxième moitié de Tour. « On aurait bien aimé jouer devant sur cette étape, on l’avait coché, mais on a fait le travail d’équipiers et on va maintenant se projeter sur les prochaines opportunités », lançait Stefan. « Il reste quelques belles étapes, j’espère qu’on prendra de belles échappées, et des échappées victorieuses », ponctuait Philippe.

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