La sixième étape du Tour de Catalogne en direction de Molins de Rei, ce samedi, n’a laissé que très peu de répit aux coureurs, en raison d’une très longue bagarre pour former l’échappée et d’un final notamment animé par Remco Evenepoel. Il ne restait ainsi plus qu’une soixantaine d’hommes à l’approche de l’arrivée, et Bruno Armirail, après avoir parfaitement escorté Lenny Martinez, a tenté sa chance à tout juste deux bornes du but. Le champion de France du contre-la-montre a résisté quelques instants, mais a été repris à moins de 500 mètres de la ligne. La victoire est alors revenue à Kaden Groves, au sprint. Lenny Martinez demeure à la douzième place du général avant le dernier acte dimanche sur la colline de Montjuic.

« Lenny a beaucoup appris sur le placement », Bruno Armirail

Bien qu’amputée de sa toute dernière difficulté, et raccourcie à 174 kilomètres, l’avant-dernière étape du Tour de Catalogne s’annonçait des plus mouvementées ce samedi. Sur un terrain casse-pattes et sans pléiade d’équipes de sprinteurs au départ, l’échappée pouvait enfin avoir gain de cause. De fait, près de la moitié du peloton voulait en être, et les attaques n’ont pas cessé pendant près de deux heures. « On a tous les ans le droit à une étape folle en Catalogne, et cette année, c’était donc la sixième, souriait Jussi Veikkanen. Ça a roulé très vite, sur des petites routes, avec des faux-plat montants, des descentes et quelques dangers. Surtout, on ne savait pas si les sprinteurs allaient passer le talus du final ou pas. Il était prévu que Lorenzo essaie de se glisser devant, sans faire trop d’efforts, si un groupe de plus de dix coureurs se formait. Il a fait partie d’un contre, mais a été rattrapé par le peloton. Finalement, un groupe de six s’est détaché après plus de quatre-vingts kilomètres de bagarre, mais ils n’ont jamais eu plus d’une minute et quinze secondes d’avance ». Au sein du peloton, les formations de sprinteurs ont tâché de ne prendre aucun risque, et c’est donc avec à peine trente secondes d’avance que les fuyards ont abordé l’ultime bosse de la journée, l’Alt de la Creu d’Aragall (5km à 5,8%), à trente-cinq bornes du but.

Une autre course a débuté, mais tout aussi intense. Marc Soler a lancé les hostilités, le peloton s’est rétréci à vue d’œil, et à l’approche du sommet, c’est Remco Evenepoel qui a attaqué. Personne n’a pu suivre le Belge, à l’exception du leader Primoz Roglic. « De notre côté, Lenny et Bruno ont bien basculé en vue de la descente, que l’on savait très technique ». « J’ai essayé de bien placer Lenny dans la montée, et il était quasiment devant le peloton au moment où Evenepoel a attaqué, témoignait Bruno. On ne pouvait pas être mieux. Dans la descente, il a perdu 2-3 places, pris une petite cassure et je l’ai attendu pour le ramener devant, mais ce n’était rien de dangereux. Puis, dans le final, je lui ai dit de ne pas stresser, de ne pas paniquer, car il y avait vent de face. J’ai essayé de le protéger au maximum. Je pense en tout cas qu’il a beaucoup appris sur le placement cette semaine ». Au moment de retrouver un terrain plus plat en direction de l’arrivée, les deux coureurs de la Groupama-FDJ apparaissaient donc bien parmi la cinquantaine d’unités au sein du paquet. En tête, Remco Evenepoel et Primoz Roglic se sont relevés du fait de la non-collaboration de ce dernier, et c’est donc un sprint en peloton réduit qui s’est profilé.

« Il fallait tenter », Jussi Veikkanen

Bruno Armirail, toutefois, avait une autre idée en tête. « J’ai dit à Lenny : reste avec moi, je te protège jusqu’à trois bornes, et si j’ai l’occasion d’attaquer entre trois et un kilomètre de l’arrivée, je le ferai, ajoutait l’intéressé. J’ai donc tenté. De toute façon, on n’allait pas gagner au sprint. Il fallait bien essayer quelque chose et je retenterai quand l’occasion se représentera. C’est juste dommage car il y avait encore une cinquantaine de coureurs alors qu’on n’était plus que vingt-cinq après la descente. Ça aurait été mieux pour moi, mais c’est comme ça ». « On savait que la Jumbo-Visma ne voulait pas forcément arriver pour la gagne, alors Bruno a tenté. Malheureusement, il y avait encore 2-3 sprinteurs et il n’a pas pu réussir son coup, mais il fallait le tenter. C’était l’opportunité de le faire aujourd’hui, et c’est toujours mieux d’être acteurs ». Sorti à deux kilomètres, l’Occitan a pris une petite cinquantaine de mètres d’avance, mais le peloton ne s’est jamais relevé et a finalement recollé dans la dernière ligne droite, à un peu plus de 400 mètres du but. Au sprint, Kaden Groves s’est offert son deuxième succès de la semaine alors que Lenny Martinez a terminé sereinement dans le peloton, conservant sa douzième place au général avant l’ultime étape sur les hauteurs de Barcelone dimanche. « L’étape de Montjuic a été folle les deux dernières années, et je m’attends à ce que ce soit encore le cas, mais ça se joue aussi beaucoup au placement, prévenait Jussi. On va donc avoir besoin des équipiers jusqu’au circuit final, puis la jambe va décider dans les 2-3 derniers tours ».

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