Le rêve aura duré trois jours, mais il s’est logiquement achevé ce mardi. Au lendemain de la seconde journée de repos, Bruno Armirail a été contraint d’abandonner son maillot rose au profit de Geraint Thomas, lors d’une seizième étape colossale vers Monte Bondone. Pour autant, le rouleur occitan a lâché toutes ses forces dans la bataille pour faire honneur à son récent statut. Il n’a été distancé que lorsque la grande bagarre entre les favoris s’est enclenchée et a finalement rallié le sommet un peu plus de quatre minutes après le vainqueur Joao Almeida. Thibaut Pinot a pour sa part pris la seizième place du jour. Au classement général, le Haut-Pyrénéen occupe désormais la septième place et le Franc-Comtois la treizième.

La lecture du profil ne trompait pas. C’est bien une étape terrifiante à laquelle s’attaquaient les coureurs du Tour d’Italie ce mardi, au lendemain d’une journée de repos salvatrice. En guise de remise en route, il s’agissait, dans cette seizième journée de course, de couvrir 203 kilomètres mais surtout d’avaler plus de 5500 mètres de dénivelé positif. Rendez-vous était ainsi donné au Monte Bondone (23 km à 6,5%) en fin d’après-midi, après le franchissement de quatre autres sommets et sans véritable zone de répit dans les 150 derniers kilomètres. Cette journée, c’est donc toujours vêtu du maillot rose de leader accaparé samedi que Bruno Armirail l’a entamée, de très bonne heure, mais avec les idées claires. Le coureur de Bagnères-de-Bigorre s’attendait à perdre son paletot dans ce qui s’annonçait être la première grande explication entre leaders, et il n’était donc pas envisagé de contrôler l’étape à 100%. « Heureusement, on avait soixante kilomètres de plat pour rejoindre le pied de la première ascension, et l’échappée a pu se former avant les difficultés, indiquait Sébastien Joly. Juste avant, une cassure s’est créée dans le peloton à la suite d’une chute. Bruno a été retardé mais les gars ont bien réagi et se sont relevés pour boucher le trou. Par la suite, étant donné qu’il y avait deux Ineos Grenadiers dans l’échappée, Jumbo-Visma s’est mise à rouler et on a collaboré avec eux pour respecter le maillot dans la première partie de course. Jake est même allé un peu plus loin que prévu et ça nous a permis de rester tout le temps bien placés ».

« J’ai profité à bloc », Bruno Armirail

En tête, une grosse vingtaine d’hommes ont pu bénéficier d’un avantage maximal d’environ cinq minutes. Parmi eux, Aurélien Paret-Peintre, pointé à un peu plus de quatre minutes au général, constituait alors la plus grande menace pour le maillot rose. L’allure s’est toutefois nettement accélérée dans le peloton à l’occasion de l’avant-dernière difficulté, la montée de Serrada, mais Rudy Molard, Thibaut Pinot et Bruno Armirail étaient toujours bien là parmi une quarantaine d’hommes. Les coureurs de tête n’ont finalement entamé la montée finale qu’avec un capital temps de trois minutes, et le tempo n’a pas faibli parmi les favoris, bien au contraire. Jumbo-Visma puis UAE Team Emirates ont franchement haussé le ton, et ne demeuraient plus qu’une vingtaine d’hommes au contact à mi-ascension du Monte Bondone. Après un léger replat, la guerre d’usure s’est perpétuée, et Bruno Armirail, langue tirée après de nombreux kilomètres en souffrance, a été contraint de laisser filer le groupe. « Ça a été une journée très très difficile, commentait l’intéressé. Les gars de l’équipe ont encore fait un travail énorme. Je me suis accroché au maximum, mais à dix kilomètres, je n’ai pas pu suivre. Je suis tout de même content, car quand je m’écarte, il reste moins de vingt mecs, et pas n’importe lesquels. Ça fait plaisir d’avoir de telles sensations. J’ai ensuite tout donné jusqu’à la ligne. C’est le maillot rose, je me devais d’aller jusqu’au bout et ne rien regretter. J’ai passé trois journées et deux étapes extraordinaires. Ce maillot aura certainement changé une partie de ma carrière. J’ai profité à bloc ».

Quelques instants plus tard, les principaux favoris ont commencé à en découdre, et Thibaut Pinot n’a ce mardi pu se mêler à la lutte. Distancé à environ neuf kilomètres du sommet, le Franc-Comtois a passé la ligne en seizième position, à 3’27 de Joao Almeida vainqueur au sprint devant le nouveau maillot rose Geraint Thomas. « On a essayé de faire le mieux possible mais ça n’allait pas du tout pour moi aujourd’hui, confirmait Thibaut. C’était un jour sans et j’ai fait ce que j’ai pu avec les moyens du jour. Il y a beaucoup de déception, mais il reste encore deux belles étapes de montagne ». Le désormais ancien maillot rose s’est quant à lui démené jusqu’au bout pour prendre la dix-neuvième place du jour, à 4’24 du lauréat portugais. « C’était un final à la pédale, et c’est la première étape sur ce Giro où les gros se découvrent, jugeait Sébastien. Bruno s’est vraiment bien accroché, et c’est la première fois qu’on le voit à un tel niveau. Il limite bien les écarts et il s’est battu jusqu’au bout par respect pour le maillot ». Au terme de la seizième étape, le rouleur tricolore demeure d’ailleurs dans le top-10 du Giro, en septième position à 3’22 de Thomas. Son acolyte haut-saônois pointe lui au treizième rang, à désormais 6’48 du leader. « Le Giro n’est pas terminé, il y a encore de belles étapes cette semaine, mais il va d’abord falloir récupérer car l’étape a été très très compliquée », ponctuait Bruno.

2 commentaires

Jac34

Jac34

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Le 23 mai 2023 à 22:49

Merci à Bruno de s’être battu jusqu’au bout, quel bel exemple. Toujours bien encadré par ses équipiers il avait fière allure. Ceux qui le remercient aussi ce sont les spectateurs car il ne faut pas se mentir aller voir une course cycliste ,c’est souvent après une longue attente voir passer une centaine de coureurs en quelques secondes devant soi. Résultat à part les attardés on ne reconnait personne et on ne voit que très rarement les maillots distinctifs (Jaune, Rouge, Rose, Vert,…..) Mais aujourd’hui les spectateurs ont vu le maillot Rose car toujours dans les premiers, il était impossible de ne pas le voir. Ce soir il y a des heureux qui ne regrettent pas de s’être déplacés.

Lancel

Lancel

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Le 23 mai 2023 à 21:31

L’équipe Groupama-FDJ a bien été en vue pendant les 16 etapes (cela fait plaisir) et ce n est pas terminé.
Les jours sans existent pour tous, il y a encore moyen de gagner une étape et/ou de remonter dans le classement général avec 2 coureurs dans le top 15.
Cela va payer🥇