Sur la plus « explosive » des Classiques qu’est la Flèche Wallonne, l’Équipe cycliste Groupama-FDJ a ce mercredi dû composer avec le forfait de David Gaudu. Et elle l’a fait de belle manière. Bruno Armirail s’est dans un premier temps glissé dans l’échappée du jour, qu’il a été en mesure de faire durer jusqu’à quinze kilomètres de l’arrivée. Mais c’est comme de coutume la montée du Mur de Huy qui a livré son verdict. Dylan Teuns s’est imposé au sommet, alors que Rudy Molard a pu arracher une belle huitième place, Quentin Pacher intégrant lui le top-20 pour la première fois de sa carrière (17e). L’équipe signe par la même occasion son dixième top-10 consécutif sur une Classique du WorldTour.

C’est sans sa carte supposée maîtresse que la Groupama-FDJ s’est présentée au départ de la première des deux Ardennaises de la semaine, ce mercredi matin à Blegny. Sur un parcours de 200 kilomètres aux difficultés désormais connues de tous, le plan d’attaque était de fait légèrement amendé. « Du fait qu’il n’y avait pas David au départ, Anthony, Seb et moi-même avions carte blanche pour prendre l’échappée, expliquait Bruno Armirail. Seb a d’abord pris un coup. J’ai même cru que c’était le bon, mais ils se sont finalement fait reprendre. Puis, au sommet d’une bosse, j’ai senti que ça pouvait partir. J’y suis allé et ça a été la bonne. On sait très bien qu’il est compliqué d’aller au bout sur la Flèche Wallonne via l’échappée, d’autant que nous n’avons eu que trois minutes d’avance maximum ». « La liste des engagés nous laissait penser que la course pouvait être moins cadenassée que les années précédentes, exposait Philippe Mauduit. On s’est finalement rendu compte rapidement qu’Ineos Grenadiers et Quick-Step voulaient reproduire le scénario habituel. On n’avait pas de certitudes avant le départ, et tout le monde s’attendait d’ailleurs à une course de mouvements. C’est pour cela qu’il fallait absolument quelqu’un dans l’échappée. Et s’il y avait eu un contre, il aurait fallu y mettre quelqu’un de sorte à conserver un coup d’avance ». Accompagné par onze coureurs en tête, le vice-champion de France du chrono s’est lui employé comme à son habitude, malgré la pression du paquet. « Au premier passage du Mur de Huy, nous n’avions plus qu’une petite minute de marge », soufflait-il.

« Je pense avoir payé mon manque d’expérience », Quentin Pacher

Si le peloton commençait à se morceler, il affichait un retard à peu près similaire après la deuxième montée du Mur, à environ trente kilomètres de l’arrivée. À cet instant, il ne restait plus que quatre hommes en tête, dont Bruno Armirail. L’Occitan a insisté en compagnie de ses collègues échappés et a pu franchir la côte d’Ereffe (2 km à 6%) en tête, mais l’aventure a pris fin à quinze kilomètres du but, avant la côte de Cherave (1,4 km à 8%). « C’est une nouvelle journée en échappée, et ça en fait quelques-unes depuis le début de saison, confiait Bruno. J’espère que ça sourira un jour… » Alors que le Pyrénéen rendait les armes, cinq hommes de la Groupama-FDJ figuraient encore dans le peloton, et Anthony Roux donnait d’ailleurs ses derniers relais pour placer ses coéquipiers. Kevin Geniets, Rudy Molard, Quentin Pacher et Sébastien Reichenbach ont ainsi pu basculer dans un peloton d’une soixantaine d’hommes vers le Mur de Huy, au pied duquel les tous derniers attaquants ont été absorbés. Le tempo s’est durci petit à petit dans les premières pentes, et Quentin Pacher apparaissait déjà proches des avant-postes. « Au pied de la montée, je me suis replacé progressivement, après que Kevin m’a un peu repositionné, commentait le Libournais, mais je pense avoir payé mon manque d’expérience dans l’arrivée finale. Je suis remonté jusqu’à me retrouver en troisième position, dans la roue de Valverde, à 300 mètres, mais quand le sprint final a démarré, j’ai manqué d’énergie. J’aurais peut-être dû lisser davantage mon effort ou en garder un peu dans la première partie de l’ascension ».

« Ça fait plaisir d’être avec les meilleurs », Rudy Molard

Dans les 250 derniers mètres, alors que les grands favoris produisaient leur ultime effort, Quentin Pacher était contraint de rétrograder légèrement, au contraire de Rudy Molard, auteur d’une jolie remontée. Au sommet, c’est finalement Dylan Teuns qui s’emparait de la victoire alors que Rudy venait couper la ligne en huitième position, à l’arrachée. « C’est une course que j’apprécie vraiment, et je savais que j’arrivais petit à petit en condition, disait l’intéressé. J’avais de bonnes ambitions aujourd’hui. Sans David, je savais aussi que je pouvais jouer ma carte et faire ma course. J’ai vraiment fait le maximum et j’ai réalisé l’une de mes meilleures montées ». Grâce à un temps quasi-similaire à celui de 2017, le puncheur tricolore s’est ainsi assuré un nouveau top-10 à Huy. « J’aurais aimé battre ma meilleure place, qui était justement huitième, mais quand je vois d’où je reviens, je suis vraiment content d’accrocher un top-10 sur une Classique WorldTour comme la Flèche Wallonne, ajoutait Rudy. Ça fait plaisir d’être avec les meilleurs. C’est bien d’être dans le rythme sur une Ardennaise difficile comme celle-ci. Je pense qu’on aurait signé pour un top-10 au départ ». À celui-ci s’est d’ailleurs ajouté un solide top-20 pour Quentin Pacher, pour la première fois arrivé au bout de la course wallonne. « J’étais satisfait de voir que j’étais là pour faire un résultat, disait ce dernier. J’ai vu, j’ai appris, et je ne referai pas cette erreur. J’étais au bon endroit au bon moment, mais il faut aussi apprendre à gérer dans la montée. C’est clairement une course qui correspond à mon profil et ça donne envie de revenir l’an prochain avec un tout peu plus d’expérience, et de physique aussi (sourires) ».

L’Équipe cycliste Groupama-FDJ poursuit en tous les cas sa série de Classiques WorldTour terminées dans le top-10. Ce mercredi, elle l’a portée à dix consécutives. « C’est une bonne journée pour l’équipe, soulignait Philippe. On savait qu’en arrivant groupés au pied, il nous serait difficile de faire mieux que ce qu’on a fait, mais je retiens l’implication des sept coureurs. Je retiens le bon travail fait par Matthieu, Anthony, Kevin et Seb. Si Rudy et Quentin ont été en lumière dans le final, c’est aussi grâce au collectif qu’ils avaient derrière eux. On sait que nos coureurs sont au niveau, et on se présentera à Liège avec une certaine assurance ». « La course d’aujourd’hui me met en confiance pour dimanche, ponctuait Rudy. C’est aussi la dernière des Classiques, donc il faudra tout donner ».

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