En décollant de Roissy-Charles de Gaulle ce mercredi matin en direction de l’Australie, la saison de l’équipe FDJ entre dans le vif du sujet. Le Tour Down Under débute le 17 janvier et c’est avec ambition que Jussi Veikkanen et ses sept coureurs y prendront part.

 

Jussi, l’une des difficultés de cette compétition, c’est le voyage pour s’y rendre ?

On décolle aujourd’hui à 11h vers Singapour où notre escale sera très courte et nous arriverons à Adelaïde jeudi à 18h. Le décalage y est important (9h30) et cela signifie que nous aurons mis moins de 24 heures pour faire ce voyage. Il y a des équipes qui ont opté pour 3 jours de voyage. Je pense que notre option est meilleure. Une fois sur place, nous aurons tous quelques jours pour nous acclimater.

« Un bon classement final ce serait bien. Une victoire d’étape en plus ce serait magnifique. Cela nous permettrait de bien fêter le 20e anniversaire de l’équipe FDJ »

Quel est votre objectif pour cette manche australienne du World Tour ?

C’est la première course de l’année, on l’attend avec impatience depuis quelques semaines. J’ai une bonne équipe, motivée. Anthony Roux connaît bien cette épreuve et l’annonce comme un objectif depuis la fin de saison dernière. Nous sommes à l’unisson de cet objectif. Un bon classement final ce serait bien. Une victoire d’étape en plus ce serait magnifique. Cela nous permettrait de bien fêter le 20e anniversaire de l’équipe FDJ, de bien débuter notre 21e saison.

Qui sont les équipiers d’Anthony ?

Jérémy Maison, Odd Eiking, Johan Le Bon, Arnaud Courteille, Matthieu Ladagnous et Lorrenzo Manzin. Nous sommes bien équipés pour soutenir Anthony dans les étapes de puncheurs comme celle de Willunga Hill. Avec Lorrenzo on a une bonne pointe de vitesse pour les sprints. On pourrait penser que ce sera un peu dur pour Odd avec la chaleur mais il revient des Iles Canaries où il a suivi un stage perso.

 

Comment gérer une course où il y a toujours un décalage de forme entre les Australiens et les autres ?

Il ne faut pas se baser sur le fait qu’ils sont prêts parce qu’ils sont chez eux et que cette course leur tient à cœur. Dans le Tour Down Under, il y a toujours des surprises. Il y a une concurrence entre eux et ils se regardent. On peut en profiter. Il ne faut jamais prendre le départ d’une course en pensant au handicap. Je sais où on va. Les gars ont déjà fait plusieurs sorties de 5h à 6h après un travail spécifique lors du stage de Calpe avant les fêtes.

L’autre difficulté du TDU, c’est le temps nécessaire pour récupérer de la course et du voyage retour ?

Le planning des courses des sept coureurs en tient compte. Ils vont reprendre au Trophée Laigueglia, peut-être dans La Méditerranéenne pour le chrono après un petit stage de reprise dans le sud de la France. Fin mars et fin avril, tout sera équilibré, ils auront le même nombre de jours de course que leurs équipiers restés en Europe. Le principal est vraiment bien gérer le retour.

Quelle est la clé ?

Prendre soin de son corps, bien gérer le décalage horaire. Nous avons opté pour le plus court séjour possible, en ne disputant pas d’autres courses telles que le Grand Prix Cadel Evans. Il n’y a pas à s’en faire une montagne. Après le voyage au Canada, par exemple, il y a le décalage horaire et en rentrant personne ne se plaint. Pour la Californie au mois de mai, je n’entends rien non plus. Outre la récupération, il est très important pour les coureurs de bien doser la charge de travail.

« Ma philosophie est de rendre à l’équipe ce que j’ai appris avec elle »

L’avantage, Jussi, est que tu sais bien gérer cet événement. Tu as souvent obtenu de bons résultats dans le Tour Down Under ?

J’avais la chance d’être bien en début de saison. J’avais un pic de forme de deux mois et je faisais une petite coupure en mars. Un coureur doit juste tenir compte de ce qu’il est. Et nous, dans le staff, de ce qu’il est. S’il s’avère que le retour en Europe est difficile, qu’il a besoin de plus de temps, il faut le laisser récupérer.

C’est ta deuxième saison de directeur sportif après avoir porté le maillot de l’équipe depuis 2005. Quel bilan as-tu fait de ta première année ?

J’ai appris dans toutes les courses, tous les jours. Ma philosophie est de rendre à l’équipe ce que j’ai appris avec elle. J’ai quelque chose à donner à tous les coureurs. Directeur sportif, je le sais maintenant, c’est la bonne façon de rester dans le milieu.

 

Jussi Veikkanen à l’arrivée du Tour de Vendée 2015, dernière course de sa carrière de cycliste professionnel

Est-ce un avantage d’avoir couru avec tous les membres de l’équipe hormis les petits jeunes ?

Oui, c’est un avantage, on se connaît bien. On est dans une bonne ambiance, on se fait confiance. Ensemble, on sait ce qu’on peut faire. Les coureurs savent ce que je peux leur apporter. Je veux moi-aussi tirer l’équipe vers le haut.

Quelles sont les courses où tu te sens le plus à l’aise ?

Je préfère celle que j’ai faites comme coureur et que j’affectionnais. Il y a les courses que je connais par cœur, celles où on a pris du plaisir et celles où on a subi beaucoup. Le Down Under, je le connais par cœur. En revanche, dans les classiques, les directeurs sportifs comme Frédéric Guesdon, Martial Gayant et Marc Madiot on ne peut pas les battre !

Tu es le directeur sportif référent des trois coureurs scandinaves, tu peux nous en parler ?

Nous sommes beaucoup en contact. Tobias Ludvigsson, je le connais depuis quelques années. Lui a des capacités physiques énormes, c’est un bon rouleur, capable de bien grimper. Il peut faire des résultats mais il a surtout envie d’apporter le meilleur à ses leaders. Je pense qu’il sera très rapidement apprécié pour la qualité de son travail.

Daniel Hoelgaard ?

Pour sa première année avec nous, il a eu des hauts et des bas mais a montré quelque chose à Plouay (7e), sur d’autres courses sans que ça se voit et il a trouvé sa place dans le groupe Démare. Il a compris qu’il peut aussi obtenir des résultats. L’an dernier, il a sous-estimé le volume de son programme. Il a beaucoup travaillé à l’entraînement et s’est trouvé très fatigué en cours de saison. Cette année, il va mieux gérer l’équilibre entraînement-compétition avec Sébastien Joly.

Enfin Odd Christian Eiking a parfois été un peu trop personnel, dit-on ?

Avec Odd il y a eu une incompréhension. Il voulait s’exprimer, montrer qu’il peut être un leader. Dans certaines courses, ça a été difficile mais en fin de saison il a compris et a montré qu’il peut bosser dans une équipe. Il a un talent exceptionnel, il n’y a pas beaucoup de néo-pros qui finissent Liège-Bastogne-Liège et le Tour de Lombardie lors de leur première saison. Ce sont les deux courses d’un jour les plus dures du calendrier. En tout cas pour les grimpeurs/puncheurs. Ce coureur, il faut encore le canaliser mais sur certaines courses il devrait avoir sa chance. Je lui ai dit aussi que les compteurs sont remis à zéro, c’est à lui de gagner la confiance de tous.

Comment juges-tu les recrues de ton équipe ?

C’est un bon recrutement. Il y a de très bons jeunes comme Gaudu et Vincent. Les deux Italiens (Guarnieri et Cimolaï) vont renforcer le groupe Démare. Jacopo (Guarnieri) est un sacré coureur, avec une grande expérience et il est mieux qu’un lanceur de sprint. Enfin, il y a l’arrivée de Molard et Ludvigsson pour le groupe montagne. Ils vont faire du bien. C’est un recrutement pointu et précis.

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