Benjamin Thomas reviendra bel et bien des Jeux Olympiques de Tokyo avec une médaille autour du cou. Au surlendemain de sa désillusion sur l’Omnium, le champion de France du contre-la-montre s’est admirablement ressaisi ce samedi, aux côtés de Donavan Grondin, pour accrocher le bronze sur la course à l’Américaine. Il devient par la même occasion le deuxième homme à monter sur un podium olympique en tant que coureur de l’Équipe cycliste Groupama-FDJ, après Bradley McGee.

« La course la plus dure de ma vie », Benjamin Thomas

Il avait une revanche à prendre, et c’est donc gonflé à bloc que Benjamin Thomas s’est présenté ce samedi dans le vélodrome d’Izu. Après une quatrième place extrêmement frustrante dans l’épreuve de l’Omnium, dans laquelle il a déjà été couronné deux fois aux championnats du monde, le jeune homme de 25 ans a dans un premier temps dû passer à autre chose. « J’ai passé une sale journée hier, c’était dur à encaisser, révélait l’intéressé. Je me suis un peu coupé du monde, des réseaux, des médias. Je n’avais même pas mon téléphone avec moi. Je voulais vraiment décompresser et penser à autre chose. La journée de vendredi a été longue, mais on a essayé de se remobiliser aujourd’hui et de repartir au combat ». Car en compagnie de Donavan Grondin, le sociétaire de la Groupama-FDJ disposait bien d’une seconde opportunité de médaille dans ces Jeux Olympiques à l’occasion de la course à l’américaine, dont il était ressorti vainqueur aux Mondiaux 2017 avec un autre partenaire. Bien décidé à ne pas accumuler davantage de regrets, Benjamin Thomas entamait l’épreuve pied au plancher ce samedi. « On est partis en se disant : on fait le départ, on essaie de prendre un tour direct, indiquait-il. Ça nous obligeait à tout de suite rentrer dans la course et à ne pas calculer. Au final, nous n’avons pas réussi à prendre ce tour mais on a pu gagner deux sprints, prendre dix points et tout de suite se placer dans le match. Nous retrouver immédiatement dans la course, ça nous a incontestablement aidé mentalement. On a ensuite essayé de récupérer et on a laissé d’autres équipes faire des points avec des sprints rapides ».

Grâce un départ tonitruant et quatre autre points grappillés au cinquième et huitième sprints, la paire française se plaçait ainsi troisième du classement provisoire à la mi-course. Et c’est à ce moment précis que le vrai tournant s’est produit. « Ça s’est posé, j’ai senti qu’on était bien, et j’ai essayé d’anticiper un sprint, poursuivait Benjamin. Je ne prévoyais pas de partir en échappée, je voulais juste faire cinq points. Mais quand j’ai vu le trou qu’on avait réussi à faire, je me suis dit qu’il fallait foncer tête baissée ». C’est alors ce qu’ont fait les deux hommes, menant seuls pendant une vingtaine de tours et remportant la bagatelle de trois sprints (donc 15 points) dans l’affaire. « C’était vraiment très dur, reprenait le pistard de 25 ans. Physiquement, c’est un effort énorme après déjà 25-30 min de course. Mais j’ai dit à Donavan qu’on était en train de construire la médaille et qu’il ne fallait rien lâcher. On est allés chercher des sprints mais le plus dur a finalement été de reprendre les roues derrière ». À 70 tours de l’arrivée, les Tricolores occupaient alors la tête du classement provisoire, mais il a dès lors fallu faire de la résistance face à des doublettes moins entamées. « On s’est fait un peu contrer, mais c’était normal après tous les efforts consentis, ajoutait Benjamin. L’objectif était juste de ne pas exploser. C’était aussi dur dans la tête que dans les jambes. On prenait des relais, mais avec le seul but de tenir et ne pas péter. Moi qui d’habitude compte les points, je n’étais absolument plus dans la gestion. Je prenais mon relais et je faisais mon bout pour le redonner à Donavan. On n’a rien gardé. C’était la course la plus dure de ma vie, je n’ai jamais fini une course dans cet état là, mais ça en valait la peine ».

« Une émotion immense », Benjamin Thomas

Dans le dernier tiers de course, Britanniques et Danois ont profité de la fatigue des Français pour engranger les points, mais avant le tout dernier sprint, comptant double, ces trois mêmes nations étaient encore en lice pour la médaille d’or. Finalement, le Danemark résistait jusqu’au bout pour l’emporter, avec 43 points, tandis que la Grande-Bretagne héritait de l’argent grâce à sa victoire dans l’ultime sprint, bien qu’à égalité de points avec la France (40), héritant par conséquent du bronze.  « Jusqu’au bout, on a été à la bagarre pour le titre, ajoutait Benjamin Thomas. On ne finit qu’à trois points, mais repartir avec une médaille c’est déjà super. On n’a pas à rougir de notre course, on est fiers, heureux et on ne réalise pas encore la moitié de ce qu’on a fait. Personnellement, l’Omnium ne s’est pas passé comme je le voulais, mais cela fait partie du sport. Cette médaille me provoque des émotions que je n’ai jamais ressenties. Elle vaut plus que n’importe quel titre que j’ai pu remporter sur la piste. C’est vraiment au-dessus de tout. Pour moi, c’est une émotion immense ».

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