Nul ne sait combien de temps l’aventure durera, mais elle aura au moins eu le mérite d’être vécue. Tout au long des 181 kilomètres qui composaient la septième étape du Tour d’Italie ce vendredi, Attila Valter a savouré son moment de gloire. Maillot rose sur les épaules, et bien escorté par ses coéquipiers durant tout l’étape, le jeune Hongrois a pu saisir et ressentir la grandeur et l’aura du tricot de leader sur les routes transalpines. Il l’arborera toujours demain, et le défendra d’ailleurs bec et ongles dans l’arrivée en bosse de Guardia Sanframondi.

« Un sentiment indescriptible », Attila Valter

Ce n’était donc pas un rêve. Quand il s’est réveillé ce vendredi matin, Atilla Valter avait bien le maillot rose flanqué au corps. « Bien évidemment », le Hongrois s’est endormi avec jeudi soir, et il s’est présenté au départ de Notaresco ce matin avec un statut tout autre. Le jeune homme a rencontré quelques compatriotes, reçu maintes félicitations, et s’est ensuite élancé pour 181 kilomètres de bonheur. Le soleil était qui plus est de la partie, et un trio sorti dès le coup d’envoi de l’étape a permis à l’ensemble de l’Équipe cycliste Groupama-FDJ de profiter de la journée. « L’échappée est partie tout de suite, dans les premiers hectomètres, commentait Romain Seigle. On a laissé filer puis Antoine a contrôlé toute la journée avec les équipes de sprinteurs ». Constamment en tête de peloton, le Québécois n’a pas eu à forcer son talent ce vendredi, mais il a savouré chaque coup de pédale. « C’était cool, c’est sûr, disait-il. Pour un coureur comme moi, c’est forcément un beau moment à vivre que de pouvoir défendre un maillot sur un Grand Tour. On a été chanceux aujourd’hui. Ce n’était pas une étape trop compliquée à contrôler. On a pu profiter tranquillement de cette journée en rose ». L’avantage des trois larrons de tête n’a jamais excédé les cinq minutes et le peloton ne s’est véritablement agité qu’à une quinzaine de kilomètres de l’arrivée.

« On espérait ce genre d’étape, poursuivait Philippe Mauduit. Cela permet de récupérer un peu et ce n’était pas une étape dangereuse techniquement. Les gars ont bien géré ». Tout au long du parcours, Attila Valter a lui goûté à la ferveur du maillot rose comme jamais il ne l’aurait imaginé. « Je ne m’attendais pas à ça, confessait-il. C’était un sentiment indescriptible. Il y avait des milliers de personnes sur le bord de la route qui criaient «maglia rosa, maglia rosa ! ». À chaque fois, j’ai dû réaliser que c’est de moi dont il s’agissait. C’était une sensation inexplicable. J’ai entendu mon nom tellement de fois. Les gens doivent encore assimiler que c’est Attila Valter et non Ottila (sourires), mais ce sont des erreurs évidemment pardonnables, et je vais faire en sorte qu’ils se souviennent de mon nom ! L’étape n’était pas nerveuse comme il y a deux jours et je m’estime chanceux d’avoir eu une telle journée pour profiter de ce magnifique maillot ». L’échappée du jour a finalement été revue à dix-sept kilomètres de la ligne et les esprits se sont naturellement échauffés en vue du final, que tout le monde souhaitait aborder placé. « Romain était désigné pour accompagner Attila à ce moment de la course, expliquait Philippe Mauduit. Il a la capacité de bien faire ce travail dans le final, il a la vista, la technique et maitrise bien le sujet ».

« Nous sommes d’attaque pour le week-end », Antoine Duchesne

« On a simplement fait attention à placer Attila correctement pour ne pas prendre de cassure dans ce final tortueux et avec une petite montée, reprenait Romain. Tout s’est bien passé ! On est arrivé dans les premières positions et on n’a pas perdu de temps ». Pas spécialement amateur de ce genre de joutes de coutume, Attila Valter, maillot rose sur le dos, a peut-être connu un déclic aujourd’hui. « L’équipe m’a tout le temps maintenu devant. Le final était bien sûr mouvementé mais je me sentais un coureur différent dans ce maillot, expliquait-il. Normalement, le placement n’est pas ma force, et je pense que cela a changé aujourd’hui. Je me suis senti vraiment respecté dans le peloton. Je me suis senti complètement changé. J’ai réussi à rester plutôt à l’avant et à l’abri des ennuis ». Le Hongrois a ainsi achevé la journée à la 36e place, dans le même temps que le vainqueur Caleb Ewan. « Marc disait hier : savourez, profitez. Je peux dire qu’on a savouré et profité dans les voitures, et les mecs sans doute encore  davantage sur le vélo. C’était une belle journée », ajoutait Philippe. Samedi, la tâche sera forcément plus ardue en direction de Guardia Sanframondi pour une arrivée en bosse (3,5 km à 6%).

« Je pense qu’on aura beaucoup moins d’aide qu’aujourd’hui et que ce sera beaucoup plus difficile à contrôler, mais on est prêts, assurait Antoine. On n’a pas trop gaspillé d’énergie ce vendredi, nous sommes d’attaque pour le week-end ! ». « On a très envie de garder le maillot, lançait Philippe. On ne sait pas si on y arrivera, mais on va se battre pour. Ça donne un surplus de motivation à tout le monde. Les mecs ont forcément envie de le garder le plus longtemps possible ». « Demain je pourrai reprendre le départ avec ce beau maillot, et c’est déjà un rêve, concluait Attila Valter. C’est difficile de savoir comment cela se déroulera. Ça peut être piégeux, et la météo pourrait ne pas être de notre côté. Si j’ai de bonnes jambes, je pense que je peux réussir à rester avec les favoris mais je n’ai aussi que onze secondes d’avance sur Evenepoel et seize sur Bernal. C’est un écart qui peut être vite bouché. Je fais entièrement confiance à l’équipe, ils ont veillé sur moi de manière incroyable aujourd’hui. Je vais simplement essayer de profiter au maximum de la journée de demain et faire de mon mieux pour rester dans ce magnifique maillot rose ».

1 commentaire

Andras Fonagy

Andras Fonagy

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Le 15 mai 2021 à 08:46

Bravo Attila! Ça va durer quoi que cela va durer, mais cela va rester dans la histoire du cyclisme hongrois et de Groupama FDJ comme une sacrée exécution! (En hongrois: bármeddig is tart teljesítményed történelmi marad! Gratulàlunk! Bringafan Finnországból!)