Le rêve rose a pris fin ce dimanche sur les chemins de terre de Campo Felice pour Attila Valter. Dans une neuvième étape du Giro extrêmement intense, le Hongrois s’est accroché à sa tunique de leader jusque dans les deux derniers kilomètres de l’ascension finale, avant de céder. Personne n’a d’ailleurs su empêcher le coup double d’Egan Bernal sur les hauteurs de Rocca di Cambio. Désormais cinquième du général, Attila Valter a malgré tout encore beaucoup de choses à jouer sur ce Giro, à l’instar du reste de l’Équipe cycliste Groupama-FDJ.

« L’équipe peut être fière », Attila Valter

Attila Valter espérait rallier la première journée de repos avec le maillot rose sur le dos. Pour cela, il fallait toutefois « survivre » au neuvième acte type montagnes russes entre Castel di Sangro et Campo Felice. Environ 3500 mètres de dénivelé étaient au programme ce dimanche, et les coureurs n’ont pas tardé à se présenter sur les premières pentes. Ce fut alors le début d’une très longue séquence de tentatives d’échappées. Les attaquants ayant le vent en poupe sur ce Giro 2021, beaucoup de coureurs avaient l’ambition de prendre les devants aujourd’hui et la bagarre a donc duré … 75 kilomètres. « On n’a pas été surpris par le rythme de la course au départ, confiait Philippe Mauduit. À dire vrai, tant que nos coureurs arrivent à s’accrocher dans des situations comme celles-ci, c’est déjà une bonne chose. Ils ont montré qu’ils étaient présents. Ils n’étaient peut-être pas complètement à l’avant mais dans ce genre de scénario, on laisse aussi un peu faire car tout le monde court sur tout le monde. Ils ont plutôt bien géré la situation ». « C’était violent pour moi, mais je pense aussi pour tous les coureurs, résumait Attila. Tout le monde voulait absolument être dans l’échappée, comme si la victoire d’étape était garantie. Du coup, c’était très dur ». Après deux heures de course complètement folles et sans moment de répit, dix-sept hommes ont réussi à se démarquer et le mieux placé d’entre eux au classement général pointait à plus de cinq minutes du maillot rose.

L’Équipe cycliste Groupama-FDJ a alors sereinement repris les choses en main en plaçant ses huit coureurs en tête de peloton. « C’était important et rassurant pour Attila d’avoir encore toute l’équipe autour de lui après ce gros début d’étape », ajoutait Philippe. Dans le sillage d’Antoine Duchesne, l’écart a été maintenu autour des trois minutes dans la seconde difficulté répertoriée du jour, puis s’est présentée la longue montée d’Ovindoli à cinquante kilomètres du terme. « On voulait ralentir un peu l’allure mais lorsqu’on le faisait, les gars se faisaient dépasser par d’autres qui voulaient garder le contact avec l’échappée, précisait Philippe. Ils devaient donc se battre pour garder leur place et donc maintenir un train assez soutenu. Ils ont vraiment fait pour le mieux ». À l’issue de cette avant-dernière difficulté, le jeune Hongrois pouvait encore compter sur cinq de ses coéquipiers au sein d’un peloton amoindri par l’accélération progressive de la formation Ineos. « Ces deux derniers jours, les gars ont vraiment été incroyables, disait Attila. Je pense que tout le monde a même fait plus que ce qu’il pensait être en mesure de faire. Nous étions tous ensemble lorsque l’échappée est partie alors que seulement la moitié du peloton était là. Antoine a commencé à rouler, Romain a fait les descentes. Dans la dernière longue montée, Simon et Lars m’ont maintenu en bonne position. Rudy était là toute la journée à mes côtés. Matteo était là dans le final pour me soutenir et m’encourager, et j’en avais besoin. Seb était présent dans la toute dernière partie pour ne pas perdre trop de temps. Tout le monde a parfaitement fait son travail dans une journée pas facile. Ils auraient pu terminer dans le gruppetto dans d’autres circonstances, mais nous nous sommes bien battus pour le maillot. L’équipe peut être fière ».

« Heureux que tout ça soit arrivé », Attila Valter

À environ dix kilomètres de l’arrivée ce dimanche, la sélection a clairement commencé à s’opérer et Attila Valter a alors doucement rétrogradé dans le peloton. « Je dois admettre qu’avant-même la dernière montée, je savais qu’il y avait de fortes chances que je perde le maillot, confiait-il. Je savais que c’était raide sur la fin, et sur la partie en gravier, c’est vraiment facile de prendre dix secondes. Sans parler des bonifications. J’ai réussi à m’accrocher jusqu’au tunnel, puis j’ai essayé de récupérer un peu et j’ai donné le meilleur de moi-même sur le chemin de terre. Ça n’a pas été suffisant pour garder le maillot mais je voulais montrer que je ne voulais pas le rendre si facilement et je me suis battu jusqu’à la ligne. J’ai souffert toute l’étape, j’étais un peu fatigué des derniers jours et je n’étais pas dans ma meilleure journée ». Décroché du groupe des favoris à moins de deux kilomètres de l’arrivée, Attila Valter a finalement conclu l’étape en 25e position, à 49 secondes du vainqueur Egan Bernal. « Même si j’avais fait podium aujourd’hui, j’aurais quand même perdu le maillot face à un incroyable Egan Bernal, saluait Attila. Je pense que je n’ai pas à avoir honte de perdre le maillot après une étape aussi difficile. Je suis toujours cinquième du général après neuf étapes. Si on m’avait dit ça avant le Giro, j’aurais signé à coup sûr ». « Nous nous sommes battus pour conserver le maillot et nous n’avons pas à rougir de notre performance, renchérissait Lars van den Berg. Forcément, en passant la ligne il y a une petite déception car nous sommes des compétiteurs mais il faut aussi se rappeler ce moment de joie lorsqu’Attila a pris le maillot et les trois journées que nous avons passé à le défendre tous ensemble ».

Pour Attila Valter, la parenthèse rosée est donc arrivée à son terme ce samedi, mais sans aucune amertume. « Évidemment que je suis heureux, j’ai passé trois splendides journées, lâchait-il. Je suis aussi content d’avoir un peu plus de temps maintenant pour penser à ces trois journées, car je n’ai pas eu trop le temps de me poser. C’est vraiment difficile de trouver le bon équilibre entre rester concentré sur la course et profiter du moment, qui était le plus grand de ma vie jusque là. Je n’étais pas triste à l’arrivée aujourd’hui, mais bien heureux que tout ça soit arrivé ». Philippe Mauduit complétait : « Je veux retenir le travail de tout le staff, qui a été admirable et qui a vraiment mis les petits plats dans les grands. C’était le top du top. Je retiens aussi l’attitude des coureurs, qui étaient unis autour d’Attila et de son maillot. Ils se sont vaillamment battus tous les jours. Je ne retiens que du positif de ces trois derniers jours. Le Giro n’est pas terminé mais on bouclera demain la première moitié, et elle est réussie. Ils ont certes beaucoup donné dans cette première semaine mais on va essayer de rester dans le match en allant chercher d’autres choses ». « Je veux que chaque coureur ait sa chance, concluait Attila. Personnellement, je n’aurais jamais imaginé être en si bonne position après neuf jours. Certes, l’objectif est maintenant de rester le plus longtemps possible en haut du classement mais si j’ai un jour sans, je sais aussi que j’ai les jambes sur ce Giro pour jouer une victoire d’étape via une échappée ».

1 commentaire

Jac34

Jac34

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Le 16 mai 2021 à 23:25

Thibaut, tu nous manques, toi seul aurait pu accompagner Bernal. Attila a vaillamment combattu , visiblement il s’est donné fond, mais le dernier kilomètre était vraiment très difficile, il n’y avait qu’à regarder le visage des coureurs à l’arrivée. Encore deux semaines et je suis persuadé qu’Attila retentera une échappée.