Cette fois-ci, Arnaud Démare a pleinement pu s’exprimer, et il ne lui a d’ailleurs pas manqué grand-chose pour décrocher sa première victoire de la saison. Dans la troisième étape de Tirreno-Adriatico, l’ancien champion de France s’est en effet retrouvé en excellente position pour le sprint final, qu’il a lui-même lancé avec puissance. Le Beauvaisien a alors résisté à tous ses concurrents, à l’exception de Caleb Ewan, qui l’a dépassé dans les tous derniers mètres. Il a de fait hérité de la deuxième place, qu’il tentera d’améliorer dimanche lors de l’ultime étape. En attendant, des étapes plus accidentées se profilent.

« Tout le monde a réussi à donner un coup de main », Sébastien Joly

Le troisième acte de Tirreno-Adriatico était bien moins long que celui de la veille, mais l’issue devait théoriquement être la même. Au terme des 170 kilomètres menant les coureurs à Terni, en Ombrie, c’est un sprint massif qui était attendu. C’est pour cette raison que l’échappée n’était pas si convoitée en dépit d’un début d’étape corsé. Six hommes se sont donc facilement fait la malle, à savoir Luca Rastelli (Bardiani-CSF-Faizanè), Mattia Bais, Edoardo Zardini (Drone Hopper-Androni Giocattoli), Davide Bais, Mirco Maestri (Eolo-Kometa) et Taco Van der Hoorn (Intermarché-Wanty-Gobert), et ont cumulé jusqu’à six minutes d’avance. Le peloton n’a toutefois pas tardé à se rapprocher alors que Davide Bais réintégrait le peloton après avoir récolté les points de la montagne dans la première heure de course. Dès lors, l’écart a été maintenu autour des deux minutes pendant la majeure partie de la journée. Ce pécule s’est toutefois rapidement restreint à l’entrée dans les cinquante derniers kilomètres lorsque la formation UAE Team Emirates est venue imprimer un gros tempo dans le peloton. L’échappée a très vite rendu les armes, et quatre coureurs ont plus loin profité d’un sprint bonifications en bosse, à vingt-cinq kilomètres de la ligne, pour prendre le large. Quatre coureurs, et pas des moindres : Tadej Pogacar, Julian Alaphilippe, Tao Geoghegan Hart et Marc Soler. « Aujourd’hui, le plus important était d’arriver à mettre Arnaud dans les meilleures dispositions. Ce que tout le monde a fait, à commencer par Thibaut, Antoine et Tobias qui, comme hier, ont parfaitement travaillé, indiquait Sébastien Joly. Quand les quatre champions sont sortis, on s’est mis à rouler immédiatement pour ne pas leur donner la chance d’aller jusqu’au bout ».

Le quatuor a obtenu jusqu’à trente secondes d’avance mais a bien été rattrapé à douze bornes de la ligne, sur une grande portion rectiligne. Le sprint s’est alors préparé de manière frénétique dans le peloton. « Je pense que le plus dur était d’arriver aux trois bornes, expliquait Arnaud Démare. Ça frottait énormément dans l’approche. C’était moins le cas ensuite, car tout le monde était déjà à fond, et ça ne pouvait donc plus remonter de part et d’autre. J’ai pu commencer à récupérer un peu à ce moment-là, car avant ça, on ne faisait que freiner et relancer ». Le train s’est parfaitement repositionné à trois kilomètres de la ligne et tout a dès lors été un peu plus fluide. « Chaque élément du train a individuellement réussi à donner un coup de main, soulignait Sébastien Joly. Jacopo a été très bien placé avec Arnaud à 1600 mètres quand ça a commencé à tourner sur la droite, puis il l’a lui-même bien remonté au bon moment. C’était ensuite un sprint de costauds ». Que l’ancien champion de France détaillait lui-même : « Jacopo et les mecs ont fait un très beau travail. On voulait absolument que je m’exprime, et je voulais être dans les trois premiers au virage à 250 mètres, puis lancer. C’est ce que j’ai fait. Je sais que c’est ma force de lancer fort, de loin. Même si je n’ai jamais trouvé la bonne adhérence sur le pavé, je me sentais bien, je me suis vu gagner, mais à vingt mètres de la ligne, Caleb Ewan m’a passé… ». Le Picard a ainsi franchi la ligne en deuxième position, soit sa meilleure performance de l’année, mais il ne s’en satisfaisait en rien.

« Certes j’ai pu sprinter, mais moi je veux gagner », Arnaud Démare

« Je suis dégoûté », lâchait-il même à chaud, avant d’ajouter plus tard : « C’est une grosse déception car on n’a pas non plus beaucoup d’occasions de s’exprimer comme j’ai pu le faire aujourd’hui. Certes, j’ai pu sprinter aujourd’hui, mais moi je veux gagner. Et justement, quand j’ai des occasions comme celle-ci, je ne dois pas me louper. Il y a désormais un grand nombre de sprinteurs, le niveau est dense, et tout le monde ne peut pas sprinter tous les jours. C’est impossible. On a de moins en moins d’occasions. Il y a toujours quelques sprinteurs favoris qui se font piéger. Hier, Viviani, Ewan, Bouhanni, Kristoff et moi-même, par exemple. Il y a une nouvelle génération, tout le monde a un sprinteur, et même ceux qui ne sont pas favoris viennent nous titiller dans les derniers kilomètres. Le niveau est si homogène que lorsqu’on a des occasions comme aujourd’hui, il faut les saisir ». « Hier, il y avait de la frustration, aujourd’hui il y a de la déception, mais avec une touche de satisfaction car on a la sensation d’être revenu dans le match, complétait Sébastien Joly. Il fallait qu’il puisse s’exprimer et il l’a fait. Il était bien entendu déçu dans le bus mais c’est normal car on ne peut pas se satisfaire d’une deuxième place ». Alors que Tobias Ludvigsson a pour sa part gagné un rang au général (6e), le terrain va désormais quelque peu se corser sur Tirreno-Adriatico. « Les trois jours à venir vont permettre à Thibaut de se tester et de s’exprimer librement, disait encore Sébastien. Pour le train, ce sera rendez-vous dimanche ». « Cette deuxième place est tout de même motivante en vue du dernier sprint, concluait Arnaud. On sera encore plus usés qu’on ne l’est aujourd’hui. C’est à moi de bien gérer les prochains jours pour arriver le plus frais possible ».

1 commentaire

Jac34

Jac34

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Le 10 mars 2022 à 07:31

Bravo Arnaud !! On a retrouvé notre Arnaud . Il est vrai que l’adhérence était loin d’être parfaite mais Arnaud était là. Naturellement ce sprint est encourageant pour le train, qui lui aussi a été récompensé. Dimanche prochain sprint et en attendant Thibaut va nous montrer où il en est.