Arnaud Démare s’impose à nouveau, avec autorité

Arnaud Démare est en pleine bourre, et il l’a une nouvelle fois démontré, ce lundi, sur le Tour de Wallonie. Déçu de sa septième place de la veille, la faute à un sprint trop long, le coureur picard s’est parfaitement vengé lors de la deuxième étape en dominant Caleb Ewan dans un sprint cette fois-ci très court. Après Milan-Turin, il obtient ainsi sa seconde victoire de la saison et apporte à l’Équipe cycliste Groupama-FDJ son quatrième succès de l’année.

« Nos coureurs se sont découverts plus tôt aujourd’hui », Frédéric Guesdon

Avant que les choses ne se corsent sur la route du Tour de Wallonie, mardi et mercredi, les sprinteurs étaient supposés être à nouveau à l’honneur, ce lundi, au terme des 172 kilomètres au programme pour rejoindre Wavre. Le scénario de la veille s’est donc répété, avec une petite échappée de six hommes partie dès les premières minutes et les formations des favoris du jour en gestion à l’avant du peloton. C’est notamment l’équipe du leader Caleb Ewan qui a d’abord endossé ses responsabilités sur la première partie du parcours, ne permettant donc pas à l’échappée de prendre une avance supérieure à quatre minutes. Aux alentours de la mi-course, l’équipe Groupama-FDJ s’est à son tour placée en tête. « Après le ravito, on a retrouvé une portion de petites routes, assez sinueuses, et aussi quelques petites averses, expliquait Frédéric Guesdon. Il valait donc mieux être devant pour éviter les chutes et ainsi éviter de gaspiller des cartouches inutilement. De fait, la deuxième partie de course a été assez nerveuse et tendue, et c’est pour cette raison que nous voulions rester devant sur les 80-90 derniers kilomètres ».

Comme lors de la première étape, c’est le jeune Néerlandais Lars van den Berg qui a été le premier à se mettre au travail pour protéger Arnaud Démare et son train. Progressivement, le peloton s’est rapproché de l’échappée et l’a même engloutie avant le premier passage sur la ligne, à 26 kilomètres du but. « Une fois qu’on est arrivés sur le circuit final, cela s’est déroulé à peu près comme on le pensait, poursuivait Frédéric. Il fallait courir devant et surtout contrôler les attaques car c’était tout de même un circuit casse-pattes ». Une tentative de Philippe Gilbert et de Zdenek Stybar dans une courte montée pavée à dix kilomètres du but a notamment perturbé l’organisation du peloton, qui s’est dès lors retrouvé en file indienne en poursuite. Tout est finalement rentré dans l’ordre à cinq bornes du but, non sans conséquences pour l’emballage final. « Le train était moins présent aujourd’hui car il y a eu plus d’efforts à faire en amont, la course a été plus dure, exposait Frédéric. Ce n’était pas évident de garder trois ou quatre coureurs pour emmener Arnaud aujourd’hui, mais le principal c’était de garder Jacopo, voire Ramon. On voulait surtout être bien placés avant la descente à trois kilomètres. Pour cette raison, nos coureurs se sont découverts un peu plus tôt, à l’instar de Ramon, et on a ensuite un peu laissé faire les autres équipes ».

« Je suis super content », Arnaud Démare

Bien remonté par Jacopo Guarnieri dans le dernier kilomètre, Arnaud Démare a alors adopté une tactique différente de la veille. « J’ai décidé de prendre la roue de Caleb Ewan à 400 mètres car Jacopo avait fait pas mal d’efforts auparavant, expliquait le vainqueur du jour. J’ai attendu qu’il lance mais dès l’instant où on a atteint notre vitesse maximum, je me sentais capable de le passer. C’est ce qui s’est produit et c’est super. C’était un sprint court, sur 150 mètres. Ce n’est pas ce que j’ai l’habitude de faire, mais c’était le bon timing à respecter aujourd’hui ». « Il y a un tel niveau de sprinteurs ici que ça tient à peu de choses, poursuivait Frédéric. Hier c’est Arnaud qui s’est retrouvé un peu tôt devant. Aujourd’hui, la consigne n’était pas forcément d’être dans la roue de Caleb Ewan, mais ça s’est déroulé différemment et c’est ce qu’il s’est passé. C’est le genre de choses qui se décide sur le terrain, avec l’expérience qu’on engrange de courses en courses et d’années en années. En général, Arnaud préfère des sprints longs mais il se sent fort actuellement et il était sûr de lui. On sait que Caleb Ewan est très très rapide sur les 100 derniers mètres, et quand il a lancé, j’ai eu peur qu’Arnaud ne le remonte pas, mais il a vraiment la cuisse en ce moment ».

Il s’agit en tous les cas de la deuxième victoire en douze jours pour Arnaud Démare. « Je suis super content, poursuivait l’intéressé. C’est une nouvelle victoire devant un beau plateau, et on a encore eu une équipe solide, même si on les a moins vus dans le dernier kilomètre. Aujourd’hui, le travail en amont était important. Il fallait rester aux avant-postes pour rester à l’économie et c’est ce qu’on a bien fait ». Bien entouré et bien en jambes, Arnaud Démare souhaite désormais faire perdurer sa belle embellie. « Demain, je sais que ça va être compliqué, ajoutait-il enfin. Le parcours n’est pas facile mais on va s’accrocher. Il y a peut-être moyen de passer… » Même son de cloche chez le directeur sportif, pas rassasié. « Notre objectif de victoire d’étape est rempli mais ce n’est pas pour autant qu’on compte s’arrêter là, concluait-il. Demain, Arnaud peut avoir ses chances mais ça dépendra aussi du déroulement de la course. Ce sera forcément difficile avec une côte de 700 mètres à 10% à huit kilomètres de l’arrivée. On partira malgré tout avec l’envie de tenter notre chance avec lui puis on verra en fonction des circonstances de course. On pourra aussi donner la carte aux jeunes, notamment à Kevin, qui peut être un prétendant sur ce genre de terrain. Il a montré de très belles choses sur le Binck Bank Tour l’an passé, sur un terrain similaire. Alors pourquoi pas ».