L’ouverture du Tour de la Provence, ce jeudi, sonnait le retour à la compétition du champion de France Arnaud Démare. Dès sa reprise, le sprinteur picard avait d’ailleurs une carte à jouer du côté de Six-Fours-les-Plages, mais le parcours accidenté et une sérieuse offensive comprenant le champion du monde Julian Alaphilippe n’a pas favorisé un emballage massif des plus limpides. La victoire s’est malgré tout disputée au sprint et le meilleur scoreur de l’an passé s’est emparé d’une solide deuxième place sur la ligne, seulement dépassé par Davide Ballerini dans les tous derniers mètres.

Si l’arrivée de la première étape du Tour de la Provence était localisée en bord de mer, le parcours au global n’avait rien d’une promenade de santé ce jeudi. C’est d’ailleurs, pour l’anecdote, avec le Col de l’Espigoulier qu’Arnaud Démare et ses coéquipiers ont inauguré leur saison 2021. Dans cette ascension, deux hommes se sont très vite extirpés sans opposition du peloton, et la Groupama-FDJ n’a ensuite pas tardé à faire jour de ses velléités. « Il était clair qu’on allait avoir le poids de la course, glissait Thierry Bricaud. Il ne faut pas oublier qu’Arnaud a marqué les esprits en fin de saison dernière, et même si on a remis les compteurs à zéro, ça reste une référence au niveau mondial. C’est donc tout à fait normal qu’on nous laisse la responsabilité de la course ». Le jeune Clément Davy, promu de la Conti, s’est donc très vite saisi des rênes du peloton pour ne les abandonner que cent bornes plus loin. « Il était impatient et plein d’envie depuis plusieurs jours, commentait Thierry. Il savait qu’il serait le premier à aller rouler. Il l’a très bien fait, et intelligemment fait, car il n’y avait pas non plus nécessité de s’affoler. Quand la course s’est vraiment mise en route, il a un peu payé ses efforts mais il a complètement rempli son rôle et il apprend son métier ».

« C’était vraiment très tendu », Thierry Bricaud

C’est peu après la mi-parcours, précisément après 110 des 183 kilomètres au programme du jour, que la course a pris un nouveau tournant. La formation Deceuninck-Quick Step a durci le tempo et lancé trois cartouches dans l’abrupte montée du Brulat avant qu’un trio ne se forme au sommet, comprenant le champion du monde en titre Julian Alaphilippe ainsi que Gianni Moscon et Giulio Ciccone. « C’était un terrain de jeu un peu compliqué pour nous, concédait Thierry. On s’est fait chahuter et on s’est alors mis un peu en retrait car ce n’était plus à nous d’assumer. D’autres équipes ont voulu nous déstabiliser, c’est normal, chacun joue son rôle. Les trois qui sont sortis étaient aussi potentiellement dangereux dans l’optique du général et c’est aussi pourquoi on a laissé faire pendant un moment ». Décroché l’espace de quelques minutes mais bien entouré de ses collègues, Arnaud Démare a réintégré le peloton à une soixantaine de kilomètres de la ligne. Le trio de tête s’est alors forgé une avance maximale de près d’une minute et trente secondes, mais les efforts conjugués de plusieurs écuries ont ramené l’écart sous la minute au terme de la dernière difficulté du jour. « Quand on a compris dans la dernière heure que le sprint était encore envisageable, on a évidemment remis la main à la patte », ajoutait Thierry.

Rudy Molard a dès lors activement participé à la chasse pour favoriser un emballage massif, mais le cheminement vers l’arrivée n’était pas des plus simples ce jeudi. « La préparation du sprint était extrêmement difficile aujourd’hui, avec les infrastructures sur la route, les voitures arrêtées sur le bas-côté, à plus de 50km/h et avec un vent de côté, soulignait Thierry. C’était vraiment très tendu. Il fallait surtout être vigilant à ne pas faire de faute de pilotage pour ne pas tomber. Évidemment, dans ces conditions-là, on n’avait plus vraiment notre train en place, comme on sait d’habitude si bien le faire ». « Dans le final, on n’avait pas beaucoup d’infos sur le bord de la route, complétait Arnaud. Du moins, on ne les voyait pas bien. On a du coup eu du mal à s’organiser, aussi à cause des aménagements urbains qui étaient difficiles à négocier. Mais on savait qu’il fallait être placés devant. Dans un rond-point, j’ai pris à droite avec Ramon et on a perdu la roue de Jacopo, Miles et Kono. C’était chaud. J’ai dû perdre 20-25 places avant de revenir dans les trois derniers kilomètres ». Bien drivé par Jacopo Guarnieri, le champion de France a finalement entamé la dernière ligne droite dans les toutes premières positions.

« Je me fais davantage avoir tactiquement », Arnaud Démare

« Je voyais que ça n’allait pas assez vite et je ne voulais pas me faire déborder ou me faire enfermer, alors j’ai pris la décision de lancer, ajoutait Arnaud. Le sprint en lui-même était bien explosif, je suis content, mais c’est vrai que le vent ne m’a pas aidé. Je me fais davantage avoir tactiquement que physiquement, c’est au final rassurant ». Malgré un joli bond au moment de son accélération, le champion de France n’a pu contenir la remontée de Davide Ballerini, qui a su pleinement profiter de l’aspiration. « Il y avait un fort vent 3/4 face, détaillait Thierry. Arnaud lance un poil loin mais ce sont les circonstances du sprint qui l’imposaient. Ce n’est pas vraiment une erreur. Il y a d’ailleurs beaucoup de positif aujourd’hui. Nos gars marchent bien, Arnaud marche très bien. Il fait un très beau sprint, il n’y a pas de regrets à avoir ». Le Picard de 29 ans ouvre ainsi sa saison par un podium, le second de l’année pour la Groupama-FDJ. « Collectivement, on n’était pas vraiment groupés aujourd’hui, mais les gars sont forts et quand on va mettre tout ça roue dans roue, ça va faire mal ! », lâchait-il. Il faudra pour cela peut-être attendre dimanche, car la deuxième étape demain « paraît plus compliquée qu’aujourd’hui », annonçait Thierry Bricaud. « Ce ne sera pas à nous d’assumer. On va laisser faire. Si on a les jambes, on s’accrochera, mais s’il y a un sprint, ce sera à maximum 50-60 coureurs. Le final est dur et la météo devrait aussi être éprouvante demain ».

2 commentaires

Bacquet

Bacquet

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Le 12 février 2021 à 12:38

Bien sur que 2e ce n’est pas la victoire mais c’est bien quand même bon courage pour la suite

Jac34

Jac34

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Le 11 février 2021 à 20:01

Bravo Arnaud, même second quel beau sprint !!!! Si j’en crois Thierry Bricaud il nous faut attendre Dimanche. Ce n’est pas grave , nous regarderons les paysages et attendrons patiemment Dimanche.