Encore à la lutte pour le podium au moment de débouler dans la dernière ligne droite, Arnaud Démare n’a finalement pu défendre correctement ses chances à l’arrivée de Milan-San Remo. Enfermé sur la gauche de la chaussée, l’ancien lauréat de l’épreuve a frotté les barrières et crevé, le forçant à arrêter de pédaler. Il a ainsi terminé l’épreuve en roue libre, au-delà du top 20, mais après avoir néanmoins exhibé une excellente forme dont il pourra profiter sur ses prochains rendez-vous.

Au départ de Milan ce samedi matin, dans une « Primavera » pour l’occasion estivale, il fallait bien du courage pour se projeter à l’avant. Pas moins de 305 kilomètres de course officielle étaient en effet au menu de la journée, sans comptabiliser les dix kilomètres de fictif. Ils ont pourtant été sept à faire la différence dès les tous premiers instants : Mattia Bais (Andorni-Sidermec), Manuele Boaro (Astana), Fabio Mazzucco, Alessandro Tonelli (Bardiani-CSF), Damiano Cima (Gazprom-RusVelo), Hector Carretero (Movistar) ainsi que Marco Frapporti (Vini-Zabu). Leur avantage a rapidement grimpé, mais compte tenu de la réduction du nombre de coureurs par équipes, les formations de favoris n’ont pris aucun risque. Aux 10-12 minutes lâchées habituellement, seulement six ont été accordées, au maximum, lors de cette 111ème édition de la Classicissima.

Les sept fuyards sont dès lors restés dans le viseur du peloton, où la Groupama-FDJ a aussi réalisé sa part du travail par l’intermédiaire d’Ignatas Konovalovas. La course s’est aussi occasionnellement enfoncée dans les terres, sur un parcours inconnu, où s’est progressivement intensifié le tempo à l’entrée dans la deuxième partie de course. Les coureurs ont d’abord franchi le Niella Belbo, puis le long mais très roulant Colle di Nava. Attentifs, les coureurs de Frédéric Guesdon sont alors remontés pour aborder la descente dans de bonnes conditions. D’autant le peloton retrouvait ensuite le parcours original, le long de la côte. L’échappée vaillante, a alors été réintégrée à quelques hectomètres du pied de la Cipressa, premier juge de paix de la journée. Les premières offensives ont alors jailli et les premières défaillances sont alors apparues chez quelques sprinteurs. Arnaud Démare, lui, était encore bien au chaud dans la première partie du peloton.

« Une petite déception vis à vis du podium », Arnaud Démare

Au sommet, c’est un peloton déjà bien désépaissi qui s’est dirigé vers le Poggio. Bien remonté et protégé par Stefan Küng à l’approche de cette ultime difficulté, Arnaud Démare s’est ensuite débrouillé tout seul et a d’ailleurs fait forte impression en conservant sa place dans les dix premiers du groupe quand de nombreux coureurs continuaient à lâcher prise. Deux hommes se sont malgré tout détachés : le vainqueur sortant Julian Alaphilippe et le récent lauréat des Strade Bianche Wout van Aert. Présent dans un groupe d’une quinzaine d’hommes en contre, Arnaud Démare n’a jamais vu les 5-10 secondes se boucher avec le duo de tête, qui s’est donc joué donc la gagne. Van Aert s’est alors offert son premier Monument en réglant le Français au sprint. À la bagarre pour le podium quelques longueurs plus loin, le leader de la Groupama-FDJ n’a pas été en mesure de s’exprimer.

« Je me prends une vague sur la gauche qui me pousse sur les barrières, et je crève, précisait l’intéressé. Je ne sais pas si ça me coûte le podium car j’étais mal embarqué pour faire un beau sprint, mais il restait 300 mètres et il y avait encore moyen de remonter. C’est la petite déception, car physiquement, j’étais encore très bien. Il n’y a en revanche pas de regrets quant à la victoire. Les deux devant étaient au-dessus. C’est monté très vite dans le Poggio. On était à la rupture. On voit d’ailleurs qu’on arrive en petit comité et je ne pensais d’ailleurs pas qu’on était si peu ». Sa 24ème place sur la ligne apparaissait naturellement bien loin des objectifs initiaux. « On espérait beaucoup mieux ce matin, confirmait Frédéric. On avait un groupe en forme physiquement et très motivé. On partait vraiment pour gagner. Le résultat est un peu mitigé car nous n’avons pas été éliminés physiquement, mais par un incident. C’est une petite déception. On n’aurait certes pas joué la gagne pour autant mais je pense qu’il y avait moyen d’aller chercher le podium. C’était en tout cas une journée très difficile, ils ont fait 300 kilomètres sous une grosse chaleur. On est un peu déçus à l’arrivée mais tout le monde a vraiment donné son maximum ».

Pour Arnaud Démare, cap désormais sur le Tour de Wallonie où il tentera d’ajouter quelques succès à son escarcelle. Stefan Küng rejoindra lui Thibaut Pinot sur le Critérium du Dauphiné mercredi.

1 commentaire

Jac34

Jac34

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Le 9 août 2020 à 07:46

C’est toujours plaisant d’entendre les commentateurs dirent qu’Arnaud est toujours là en haut du Pogio. Bravo Arnaud tu es vraiment le seul sprinteur français .