Ce devait être le premier emballage massif du Tour de France 2021. Dans les rues de Pontivy, ils n’ont finalement été qu’une dizaine à se disputer la victoire dans la dernière ligne droite, la conséquence à une série de chutes dans le final. Pris dans l’une d’entre elles à cinq kilomètres du but, Arnaud Démare n’a pas été en mesure de défendre ses chances mais est heureusement ressorti indemne. Miles Scotson est lui passé au travers et s’est ainsi classé douzième sur la ligne. David Gaudu, pour sa part, a conclu l’étape à vingt-six secondes du vainqueur Tim Merlier et se retrouve désormais douzième du classement général.

« Il n’y a pas la place pour tout le monde », Frédéric Guesdon

Au sortir de deux premières étapes mouvementées, et dynamitées par les meilleurs puncheurs mondiaux, les gros bras du sprint étaient censés faire leur véritable apparition sur la scène du Tour de France ce lundi, dans le troisième acte breton entre Lorient et Pontivy. De par ce scénario semble-t-il joué d’avance, l’échappée s’est ainsi constituée très rapidement avec cinq hommes : Cyril Barthe, Maxime Chevallier (B&B Hotels), Michael Schär (AG2R-Citroën), Jelle Wallays (Cofidis) ainsi que le maillot à pois Ide Schelling (Bora-hansgrohe). Le peloton a temporisé quelques instants mais deux équipes n’ont pas tardé à venir prendre la chasse à leur compte, dont l’Équipe cycliste Groupama-FDJ pour son homme fort Arnaud Démare. Sur ses terres, c’est Valentin Madouas qui s’est alors mis à la planche pendant une centaine de kilomètres. « On voulait absolument que ça arrive au sprint et nous avions désigné Valentin pour rouler derrière l’échappée, expliquait Frédéric Guesdon. Il a fait un excellent boulot. À deux – avec Thomas De Gendt -, ils ont maintenu l’échappée à deux minutes ». Le jeune puncheur tricolore a ensuite passé la main, après le passage du sprint intermédiaire où Arnaud Démare s’est doté de sept points supplémentaires.

La course est alors entrée dans les soixante derniers kilomètres, et sous une météo changeante, la tension a grimpé d’un cran au sein du peloton. « Compte tenu du parcours proposé, ça devient forcément nerveux relativement tôt, appuyait Frédéric. Les routes sont sinueuses, pas très larges, il y a du public, des villages compliqués à traverser… Tout le monde a le même objectif : courir devant. C’est le cas des sprinteurs, qui veulent jouer la victoire, et des coureurs du classement général, qui ne veulent pas perdre de temps. Ça fait beaucoup de monde, et il n’y a justement pas la place pour tout le monde ». Dans un final sous haute tension, une série de chutes s’est alors initiée à un peu plus de dix bornes tandis que chaque leader tentait de se frayer un chemin avant l’ultime descente vers Pontivy. Valentin Madouas a été l’un des premiers à toucher terre, heureusement sans dommages. Primoz Roglic a connu le même sort quelques instants plus tard, puis ce sont plusieurs coureurs qui ont été projetés au sol à cinq kilomètres de la ligne. Parmi eux se retrouvait malheureusement Arnaud Démare, la carte maîtresse de la Groupama-FDJ ce lundi.

« Logiquement frustré et déçu », Arnaud Démare

L’ancien champion de France a certes pu se relever et repartir, mais ses espoirs étaient partis en fumée. « J’avais dit ce matin que le final allait être chaud, racontait l’intéressé. Heureusement, il n’a pas plu, mais rien que sur le sec c’était un carnage. Je tombe et il n’y a pas grand-chose à dire… Un coureur va tout droit dans un virage et je le heurte. Je suis logiquement frustré et déçu car j’étais en bonne posture ». Suite aux diverses cassures, c’est donc un peloton ultra-rétréci qui s’est présenté sous la flamme rouge, et le sprint en lui-même a été marqué par un ultime accrochage violent entre Caleb Ewan et Peter Sagan. Tim Merlier a finalement tiré les marrons du feu dans ce final d’étape chaotique. « C’est évidemment une déception, sur le premier sprint du Tour, d’être mis hors jeu sur une chute à cinq kilomètres de l’arrivée, commentait Frédéric. Maintenant, on va essayer de positiver. Arnaud n’a rien de cassé, il va repartir demain et on va se reconcentrer pour faire une belle étape et un beau sprint ». « Sur le moment, ça allait plutôt au niveau des séquelles, reprenait Arnaud. Il faut veiller maintenant à ce que des douleurs ne se réveillent pas, car une chute laisse toujours des traces. Je retiens que je m’en sors bien. Je vais passer entre les mains de l’ostéopathe, bien récupérer, et j’espère être opérationnel dès demain ».

À l’arrivée, seul Miles Scotson a passé la ligne avec le premier groupe, en douzième position. Retardé par les chutes, David Gaudu a lui accusé vingt-six secondes de retard à l’arrivée, terminant notamment au sein du groupe Pogacar. Il pointe désormais au douzième rang du général, à cinquante-deux secondes du maillot jaune Mathieu van der Poel et vingt-et-une du podium. « C’est toujours embêtant de perdre du temps, mais il faut là aussi positiver, concluait Frédéric Guesdon. Ça aurait pu être bien pire. Au final, vingt secondes de perdues sur une telle étape, ce n’est pas un drame ».

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