Antoine Duchesne a le sourire. Il avait rejoint l’équipe Groupama-FDJ l’hiver dernier avec la ferme envie de disputer les classiques auprès d’Arnaud Démare. Après avoir retrouvé le groupe dans Gand-Wevelgem dimanche dernier, il ajoutera cette saison le Tour des Flandres et Paris-Roubaix. Il achève de préparer les deux monuments chez lui, à Saint-Paul-Trois-Châteaux. « Mercredi, j’ai fait 5 heures sans jambière et en short. Il faisait 17 degrés. Quand j’ai vu les conditions météo de ‘’A Travers les Flandres’’ à la télévision, j’ai été très content de mon choix quant à ma maison adoptive et celui de mon équipe de ne pas en être ! »

Antoine, tu disputes le Tour des Flandres dimanche, c’est un objectif atteint ?

C’est vrai, les classiques m’ont incité à venir dans cette équipe. Je les ai disputées ces dernières années auprès de Bryan Coquard. Cette année, c’est Arnaud qui avait besoin de coureurs comme moi et qui a poussé pour que je vienne dans son équipe. Il souhaitait avoir quelqu’un de plus pour être là et faire le travail en course. Pour lui c’était important et moi j’adore ces classiques.

C’est facile d’intégrer le groupe des coureurs de classiques de Groupama-FDJ ?

Humainement, c’est très facile, je m’entends super bien avec tout le monde. J’ai de bonnes affinités. Physiquement, avec le changement de règle et sept coureurs engagés par chaque équipe au lieu de huit, ça m’a retiré une chance d’y être à tous les coups. De plus, je n’ai pas connu un hiver à la hauteur de ce que j’avais voulu. J’ai connu des soucis au niveau digestif. Au Tour Down Under, en janvier, il a fait très chaud et ça n’a rien arrangé. Je n’ai donc pas eu la forme adéquate et je ne n’ai pas eu les performances que je suis capable de d’avoir. Ça  m’a mis de côté.

La chute de Mickael Delage t’a relancé ?

Malheureusement pour Mika, heureusement pour moi, je suis revenu dans Gand-Wevelgem dimanche dernier. J’ai trouvé la recette qui fonctionne pour mettre de côté mes soucis de santé. Désormais ma forme est bonne, la santé aussi. Je pense avoir fait un bon Gand-Wevelgem. J’ai pris la barre jusqu’au premier Kemmel puis j’avais encore la forme pour finir la course. C’est un bon retour. J’aurai un rôle similaire dans les Flandres, je vais vivre une journée comme ça.

« J’arrive dans les classiques avec de la fraicheur. »

Ce ne doit pas être évident de faire un travail qui ne se voit pas toujours ?

J’aime avoir un rôle précis. Je suis très bon pour faire ces choses-là, je pense n’avoir rien à envier à tous les grands équipiers qui font ça. De plus, Arnaud est un leader qui est humble et reconnaissant. Dimanche je me suis écarté tandis que la retransmission télé avait commencé depuis peu, mon boulot était fini. Ça peut paraître ingrat mais quand Arnaud que l’on sait capable de gagner rentre dans le bus et t’embrasse, qu’il te dit merci parce que ton travail l’a amené au podium, c’est top. Je n’ai pas toujours connu ça. Mon travail est reconnu en quelques secondes. Travailler pour un mec qui est capable de faire ça, ca donne le moral. Chez Direct Energie, j’avais plus un statut d’électron libre pour essayer d’anticiper la grande bagarre. Je me disais que je serais peut-être capable de me battre avec les meilleurs si la situation est parfaite mais bon… 

Est-ce facile de changer d’équipe ?

Il y a d’abord la façon de travailler puisque tous les coureurs travaillent avec les coaches de l’équipe. Auparavant, j’étais conseillé par le nutritionniste Denis Richet et j’ai changé. Et j’ai changé de vélos, de selle, de pédales, de semelles… Ça fait beaucoup et j’ai eu peu plus de mal à trouver mes repères, à être bien partout. Là, c’est bon. Je dois dire aussi que le staff de l’équipe a été top pour m’aider, pour que je sois bien. Là c’est parti.

Tu es Canadien et ta culture du cyclisme n’est pas la même que pour un Français. Comment as-tu débuté ?

J’habitais près du Lac Saint-Jean au nord du Canada. Jeune, j’ai pratiqué tous les sports et puis ma grande sœur s’est inscrite dans un nouveau club de vélo en 2004. Je ne savais pas que le Tour existait, j’ai vu ma première course en 2005 à la télévision. J’ai commencé à en faire, petit à petit, et je n’étais vraiment pas bon. J’ai connu une croissance tardive et je suis devenu meilleur assez tard. J’ai un peu gagné avant de venir en France, à Wasquehal, quand j’étais junior. J’ai couru avec Arnaud. Chez les U23 j’ai beaucoup été avec la sélection du Canada. J’ai fini par y arriver. Sans gagner. Quand on finissait à 10, j’arrivais dixième et j’ai été donc obligé de courir avec agressivité pour essayer de gagner. Et je n’ai pas encore trouvé la chance de le faire chez les pros.

« Chaque année, je me sens plus fort et je pense que je vais m’approcher du top que je peux atteindre. »

Chez les pros, tu as néanmoins une progression linéaire ?

J’ai été stagiaire en 2012 pour l’équipe Spidertech dirigée par Steve Bauer puis j’ai couru un an dans l’équipe d’Axel Merckx Bontrager-Trek avant de faire quatre ans dans l’équipe de Jean-René Bernaudeau. J’ai eu la chance d’être toujours sur le programme World Tour, j’ai fait la Vuelta et le Tour, les classiques, beaucoup de courses de haut-niveau. J’ai 26 ans, pour être dans le final de telles épreuves, il me manque des années… Jeune tu peux gagner des sprints ou en montagne. Quand tu es baroudeur, c’est rare. Chaque année, je me sens plus fort et je pense que je vais m’approcher du top que je peux atteindre. Je suis passé pro sans gagner une course. Je fais ma carrière pro de cette façon mais j’ai aussi des satisfactions, comme le maillot à pois que j’ai décroché il y a deux ans dans Paris-Nice. De toute façon, à force de travailler comme je le fais pour Arnaud ou dans les Grands Tours, je vais continuer de progresser.

Tu te plais dans l’équipe Groupama-FDJ ?

Je m’y plais beaucoup, c’est une belle structure mais il m’a fallu comprendre comment la roue tourne.

Quel est ton programmes de courses ?

Le Tour des Flandres, Le Grand Prix de l’Escaut, Paris-Roubaix, le Tour du Finistère et le Tro Bro Leon. J’arrive dans les classiques avec de la fraicheur. J’ai moins couru que les années passées. Si je suis retenu dans un Grand Tour, ce sera plus vraisemblablement pour la Vuelta. Dans le Giro, l’équipe est autour de Thibaut Pinot. Dans le Tour, les places sont chères, il y aura des coureurs pour Thibaut, des coureurs pour Arnaud. Pour moi ce sera compliqué d’y être sauf si je marche très fort dans les deux prochains mois.

Gilles Le Roc’h    

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