Et de vingt ! En pleine bourre, inarrêtable, la « Conti » Groupama-FDJ cumule désormais vingt victoires en cette saison 2022. Ce dimanche, elle a conclu le Tour Alsace de la meilleure des manières. Finlay Pickering a non seulement confirmé sa première place au général, mais Samuel Watson, bien mis en orbite par ses coéquipiers, a même pu aller conquérir la victoire d’étape après un sprint puissant en faux-plat montant. C’est donc par un double succès que les hommes de Jérôme Gannat quittent les routes alsaciennes. L’embellie se poursuit.

Sur le papier, le Tour Alsace devait essentiellement se jouer sur les deuxième et troisième étapes. Mais à la suite de la prise de pouvoir de Finlay Pickering vendredi, la « Conti » avait tout de même du pain sur la planche en vue des deux derniers actes, moins accidentés. La quatrième étape vers Altkirch samedi n’a d’ailleurs pas été une partie de plaisir. « C’était une journée compliquée, confessait Jérôme Gannat dimanche soir au moment de tirer un bilan complet. Il y a d’abord eu une échappée de dix coureurs, avec cinq pas trop mal placés au général. On a contrôlé au début, puis on est arrivés dans les bosses. Joe a été distancé, et on a perdu Romain sur chute. On était donc réduits à quatre et un contre avec cinq autres coureurs est reparti. Par conséquent, Sam, Reuben et Laurence ont dû rouler. Heureusement, l’écart s’est réduit dans le final, mais c’était chaud. On n’a jamais été très menacés, mais l’écart est quand même souvent resté autour des trois minutes, et on a perdu des coureurs importants. En plus de cela, dans les deux derniers kilomètres un peu tortueux, une première chute a impliqué Reuben, et une deuxième a stoppé Finlay dans le dernier virage ». Malgré une journée mouvementée, l’Anglais et le Néo-Zélandais demeuraient bien premier et quatrième du classement général samedi soir, à la veille de l’ultime étape. La moins accidentée.

« Je devais finir le travail », Sam Watson

« C’était la même étape que l’an dernier, très roulante, mais avec énormément d’aménagements urbains autour de Mulhouse, reprenait Jérôme. Le départ a été extrêmement rapide, avec une première heure à 48 km/h de moyenne, mais ça s’est heureusement posé par la suite et une échappée est sortie. Pour nous, c’était parfait. Le plus dangereux était à quatre minutes et ils n’étaient que quatre devant ». Le reste de la journée a ainsi été plus calme et plus aisé à contrôler. « On avait désigné Joe et Laurence pour rouler dans un premier temps, puis Uno-X et les équipes de sprinteurs sont venues aider, ajoutait Jérôme. La priorité était le général, mais s’il y avait la possibilité d’un sprint pour Sam, qui avait fait troisième ici l’an dernier, on avait décidé de ne pas le faire travailler ». « Aujourd’hui, on s’est assurés de laisser partir une petite échappée pour que d’autres équipes nous aident en poursuite, expliquait d’ailleurs Sam Watson. Nous avons parfaitement rempli cette mission, ce qui m’a permis de viser la victoire d’étape et de conserver le maillot jaune de Finlay ». Son compatriote ajoutait d’ailleurs : « J’ai une nouvelle fois été protégé par l’équipe. Reuben, Laurence et Joe ont roulé fort à l’avant, et Sam m’a toujours maintenu en bonne position. C’était une journée plus simple qu’hier ! ». De fait, un regroupement a pu s’opérer dans les dix derniers kilomètres, laissant présager une arrivée au sprint à Berrwiller.

« Reuben a relayé Joe dans le final alors que Laurence était plus sur la réserve afin de lancer Sam, ce qu’il a parfaitement bien fait dans le dernier kilomètre, relatait Jérôme. L’arrivée était dans un petit faux-plat montant avec un dernier kilomètre technique, soit le type de sprint où Sam est le plus fort ». Excellemment placé dans la ligne droite d’arrivée par le champion de Nouvelle-Zélande Espoirs, le champion de Grande-Bretagne U23 a fourni son effort à 150 mètres et facilement disposé de ses adversaires, tout en puissance. « L’équipe a super bien roulé et j’ai ressenti beaucoup de pression de voir une équipe si forte travailler pour moi, commentait Sam. Je savais que je devais finir le travail, car on n’a pas souvent l’occasion d’avoir le leadership dans cette équipe étant donné que beaucoup peuvent gagner. Dans le final, je n’ai rien eu d’autre à faire que de suivre Laurence. Je suis très heureux que nous puissions clôturer l’épreuve de cette manière. On remporte le général avec Finlay, l’étape avec moi. Mais plus important encore, on a roulé comme un seul homme et pris soin les uns des autres pendant toute la course ». « Sam avait déjà gagné Gand-Wevelgem et une étape de la Course de la Paix avec la sélection britannique, rappelait Jérôme. Il avait aussi gagné le championnat de Grande-Bretagne Espoirs en faisant deuxième au scratch derrière Cavendish, mais je lui disais souvent « quand est-ce que tu lèves les bras avec notre maillot ? » C’est désormais fait ».

« C’est exceptionnel », Jérôme Gannat

Cette dix-neuvième victoire de la saison pour la Conti a immédiatement été suivie de la vingtième, lorsque Finlay Pickering a franchi la ligne vêtu de jaune, assurant de fait sa victoire au général. « C’était une très bonne journée, lançait le jeune homme de 19 ans. C’est une superbe victoire de Sam après un excellent travail des gars. C’est incroyable de remporter le Tour Alsace. C’est une belle course, proche de là où je vis, à Besançon. J’espère suivre les traces des coureurs qui ont remporté l’épreuve par le passé. C’était une belle course dans une belle région. Je suis super fier de mon équipe et super fier de porter le maillot de la Groupama-FDJ ». Alors que le rythme du calendrier est désormais sur le point de ralentir pour la formation bisontine, il était également temps pour Jérôme Gannat de poser son regard sur six mois de course riches en émotions, et en succès. « C’est exceptionnel, on n’a plus vraiment les mots, disait le directeur sportif du groupe. Je ne sais pas si on pourra rééditer une saison comme celle-ci. Je l’espère, mais en tous les cas, il faut qu’on en profite, et que la WorldTour profite de notre vivier aussi. Parfois, on ne s’en rend pas compte… On est à vingt victoires aujourd’hui alors qu’on était à douze sur les trois premières saisons. Il faut rendre hommage aux coureurs avant tout. Cela est possible grâce à leurs qualités exceptionnelles. Ceci dit, il faut aussi créer un collectif et un environnement favorables, où tout le monde s’y retrouve. Cette année, c’est une vraie réussite de ce point de vue. Ils sont tous jeunes, ont tous du talent, sont tous ambitieux, et peuvent tous gagner. Mais quand il faut se mettre au service du collectif, ils répondent tous présents. C’est ce qui fait la réussite de l’équipe ».

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