Malgré une demi-heure de souffrance, c’est une journée qui restera gravée pour David Gaudu. Ce mercredi, sur le Tour d’Espagne, le grimpeur breton a eu la chance de défendre le maillot rouge de leader aux côtés de ses compères, à l’occasion d’un contre-la-montre par équipes de vingt-quatre autour de Figueres. L’union et la solidité des coureurs de l’Équipe cycliste Groupama-FDJ n’auront pas suffi pour conserver la tunique, en dépit d’une honorable neuvième place à 24 secondes de la formation victorieuse, mais le Français demeure placé, au sixième rang du général, avant la première « réelle » étape de montagne jeudi.
Après trois étapes en Italie et une arrivée en France, la Vuelta atteignait enfin le territoire espagnol ce mercredi. Le tout avec David Gaudu aux commandes du classement général. Grâce au maillot rouge acquis la veille à Voiron, le Breton permettait d’ailleurs à l’Équipe cycliste Groupama-FDJ d’être l’ultime écurie à s’élancer lors du contre-la-montre par équipes faisant office de cinquième étape. Vingt-quatre kilomètres étaient proposés aux coureurs autour de Figueres, en Catalogne, avec quelques belles lignes droites, mais aussi quelques passages plus techniques. « On avait analysé le parcours il y a déjà plusieurs mois, indiquait Maxime Latourte, l’un des entraîneurs de l’équipe. On avait également réalisé une séance de travail technique lors du stage à Tignes, où on avait essayé de travailler sur un parcours similaire. Stefan n’était pas là, mais les six autres si. Jeudi dernier, à Turin, on avait essayé de retrouver un parcours identique et de mettre en place la stratégie d’équipe ». Une reconnaissance « grandeur nature » a également pu être effectuée ce mercredi, quelques heures avant l’horaire fatidique, prévue pour 18h05. « Partir en dernier, voir le maillot rouge dans la file des coureurs devant soi, c’est tout de même quelque chose qui marque, soutenait Frédéric Guesdon. Ce n’était pas comme d’habitude ».
« Que du plaisir », David Gaudu
David Gaudu et ses compères n’ont toutefois pas semblé subir la pression lors des premiers kilomètres. Si bien qu’ils ont atteint le premier point intermédiaire, après 7,5 kilomètres, en cinquième position, à peine six secondes derrière le meilleur temps. La deuxième partie du tracé s’est avérée plus difficile pour la formation tricolore, alors repoussée à vingt-sept secondes. Dans le dernier tronçon, la casse a finalement été bien limitée, puisque Stefan Küng, Rémi Cavagna, Thibaud Gruel et David Gaudu ont franchi la ligne avec un temps de 25’51, leur attribuant la neuvième place du jour, à vingt-quatre secondes des vainqueurs d’UAE Team Emirates. « Avec le groupe qui est le nôtre, je pense qu’on est plus ou moins là où on pouvait prétendre être, commentait Maxime. Il y a eu quelques erreurs techniques, on a perdu sans doute une ou deux secondes ici ou là, mais on n’aurait pas pu faire bien mieux que la huitième place. Ce n’était pas parfait, mais c’était tout de même correct ». « Le résultat est assez bon, confirmait Frédéric. Il faut rappeler qu’on partait à sept, et qu’on n’avait pas que des spécialistes. On est satisfait de notre performance ». Rémi Cavagna abondait : « On n’avait pas envie de décevoir, et c’était important de faire honneur à ce maillot rouge, même si on savait qu’il serait difficile de le garder face à Visma-Lease a Bike ».
Seize secondes plus rapide que la Groupama-FDJ, l’équipe de Jonas Vingegaard a ainsi permis au Danois de récupérer la tunique de leader ce mercredi. Pour autant, rien ne pouvait faire disparaître le grand sourire sur le visage de David Gaudu à l’arrivée. « On laisse le maillot, mais ça n’a été que du plaisir, confiait le Breton. La cérémonie protocolaire, l’essayage hier, enfiler le maillot ce matin… Tout ça n’a duré que 24 heures, mais c’est un des plus beaux moments de ma carrière. J’ai connu quelques victoires, mais porter un maillot de leader sur un Grand Tour est encore un autre sentiment. Je suis fier de ça. Tout le monde a tout donné aujourd’hui. J’avais trois sacrés rouleurs avec moi à la fin, mais il ne faut pas oublier tous ceux qui étaient là avant et qui ont pu amener l’équipe vers le haut, que ce soit depuis le départ de la Vuelta, ou jusque dans les 4-5 derniers kilomètres aujourd’hui. Je pense qu’on a vécu une expérience que peu d’équipes vont pouvoir vivre sur cette Vuelta ». David Gaudu n’a d’ailleurs pas tout perdu ce mercredi, puisqu’il occupe désormais la sixième place du classement général, à seize secondes de Vingegaard, tandis que le premier vrai test en montagne se profile en Andorre jeudi. « Je profite tant que ça marche, assurait David. Je vais prendre du plaisir jusqu’au bout et on verra où cela nous mène ». « C’est une très belle étape demain, ajoutait Frédéric. Beaucoup connaissent les cols car on les a déjà empruntés par le passé. On espère qu’on va continuer sur notre bonne lancée, mais on est confiant ! »