À la recherche de ses meilleures sensations depuis le départ du Tour d’Espagne, Stefan Küng a profité de son exercice de prédilection, ce jeudi, pour relever la tête. À Vallodolid, sur un contre-la-montre réduit à tout juste 12 kilomètres, le coureur helvète a ainsi pu jouer les premiers rôles. En tête au second point intermédiaire lors de son passage, il a finalement concédé onze secondes au vainqueur Filippo Ganna sur la ligne d’arrivée. Il s’est malgré tout assuré une solide sixième place dans cette 18e étape, tandis que Rémi Cavagna a terminé treizième, à vingt secondes de l’Italien, mais seulement deux du top 10.
L’unique contre-la-montre individuel de la Vuelta se présentait ce jeudi, mais dans des conditions différentes de celles imaginées initialement. Pour des raisons de sécurité, ce ne sont plus vingt-sept kilomètres, mais un peu plus de douze, que les coureurs devaient couvrir dans les rues de Vallodolid. « Le parcours a été complètement modifié, assurait David Han. Il devait notamment y avoir une petite difficulté, qui n’était plus présente. On avait une première partie un peu technique en ville d’environ trois kilomètres, puis un aller/retour sur une grande route. L’aller était avec un léger vent 3/4 face, et le retour était légèrement 3/4 dos. Surtout, en passant de vingt-sept à douze kilomètres, cela a remis beaucoup de monde dans le match, et je pense que c’était un petit désavantage pour Rémi et Stefan ». L’Auvergnat a été le premier des deux spécialistes à s’élancer, peu après 15 heures, et s’est octroyé le troisième temps provisoire à son arrivée, après 13 minutes et 21 secondes d’efforts. « J’ai fait le maximum aujourd’hui, même si j’ai peut-être perdu 3-4 secondes dans les virages au début, disait le Tricolore. Ensuite, j’ai bien déroulé, j’ai poussé jusqu’à la ligne et je n’ai vraiment pas eu un moment de faiblesse. Je ne peux pas être déçu. Je suis plutôt satisfait ».
« Un pas dans la bonne direction », Stefan Küng
Si Rémi Cavagna a par la suite perdu quelques positions, Stefan Küng a lui fait forte impression en passant dans la même seconde que le leader d’alors au premier intermédiaire (km 4) puis en établissant la meilleure marque au second « checkpoint » (km 8), trois secondes devant Ganna. « Je voulais partir vite pour être capable de jouer la gagne », confiait le coureur suisse. Au terme du dernier tronçon, il a finalement dû s’incliner de onze secondes par rapport à son rival italien, prenant alors la troisième place provisoire. Suite au passage du reste de la concurrence, et notamment des favoris du général, l’ancien double champion d’Europe du chrono a finalement glissé en sixième position tandis que Ganna a obtenu la victoire. « La Vuelta a été très compliquée pour moi physiquement, confiait Stefan. J’ai attrapé le Covid juste avant le Tour de Pologne et ça m’a freiné dans ma préparation. L’an passé, j’avais presque la sensation de voler sur la Vuelta. Cette année, ce n’était clairement pas le cas. J’ai beaucoup souffert, mais je me bats tous les jours, car je suis un coursier, j’aime courir, et je sentais que ça allait un mieux ces derniers jours. J’ai tout donné, je me fais battre par plus fort, je n’ai pas de regret. C’est quand même un pas dans la bonne direction ».
Le Suisse s’est quoi qu’il en soit adjugé son meilleur résultat sur ce Tour d’Espagne, tandis que Rémi Cavagna a hérité de la treizième place, à seulement deux secondes du top 10. « Avec un coureur dans les cinq et deux dans les dix, ça aurait été un bon chrono, donc on est un peu déçu, ajoutait David. Ceci étant dit, Stefan et Rémi ont fait un chrono propre. La densité est importante, il y a des coureurs du classement général qui sont là comme souvent, et encore plus en troisième semaine. Après avoir gagné l’an passé, et en tant que spécialiste, c’est une petite contre-performance pour Stefan de finir sixième, mais par rapport aux dernières semaines, je pense qu’il était bien mieux qu’en Pologne, qu’il progresse chaque jour, et ce chrono va lui faire du bien pour les championnats du monde et d’Europe. Pour les cinq autres coureurs, la consigne était plutôt de le faire de manière appliquée, mais tout en pensant à demain. L’étape risque d’arriver au sprint mais elle sera aussi exposée au vent ».