C’est ce vendredi que les choses sérieuses devaient débuter en territoire britannique. À l’issue de trois étapes réservées aux sprinteurs, de premiers reliefs étaient au programme du quatrième acte, tracé sur 187 kilomètres en direction de Burton Dassett. « L’arrivée du jour convenait parfaitement aux qualités de Romain, lançait Jérôme Gannat. Il y avait un petit circuit de 12,5 kilomètres à faire deux fois dans le final, avec trois passages de la bosse d’arrivée, qui n’était pas évidente : 900 mètres à 7-8% sur une route très étroite. On s’est fait discret en début de course pour essayer de garder un maximum de coureurs dans le final pour placer Romain dans les différentes bosses. C’était aussi une course de placement ». Le peloton n’a d’abord eu aucune difficulté à maîtriser une échappée de quatre hommes, dont l’avantage maximal a flirté avec les cinq minutes avant de redescendre sous la barre des deux minutes à l’entrée dans les cinquante derniers kilomètres. Peu après, le peloton s’est heurté à un premier mur, puis les coureurs sont entrés sur le circuit. La première montée de Burton Dassett a été franchie dans la foulée, et Remco Evenepoel a lancé les hostilités. « On s’attendait davantage à des mouvements dans l’avant-dernier passage, mais les quatre qui sont sortis n’ont pas pris plus d’une dizaine de secondes d’avance, relatait Jérôme. On savait aussi que ça allait collaborer derrière, et Lorenzo a également passé quelques relais pour rattraper l’échappée ».

« C’était un gros objectif », Romain Grégoire

Une chasse de dix kilomètres a malgré tout été nécessaire pour opérer un regroupement général. « On a pris la course dans le bon sens et les mecs ont fait un gros boulot toute la journée pour me placer, certifiait Romain. Sur le circuit final, ce n’était pas simple car certains ont voulu lancer la course de loin et la rendre difficile, comme Remco. On a assez bien géré la chose en restant patient et en faisant les efforts quand il le fallait. Les mecs ont tous répondu présent, mais mention spéciale à Olivier Le Gac, qui a fait une course de fou. Il était là sans arrêt et il savait faire les placements à la perfection ». Le Franc-Comtois était d’ailleurs idéalement positionné pour le deuxième et avant-dernier passage par la bosse de Burton Dassett. Il a pu suivre quelques accélérations, sans toutefois insister lorsque quelques attaquants se sont manifestés dans les dix derniers kilomètres menant à l’arrivée. Encore relativement étoffé, le peloton s’est organisé pour ramener tout le monde dans le rang à quatre bornes de la ligne. « L’objectif était ensuite d’être bien placé au dernier virage, à un kilomètre de l’arrivée, ajoutait Jérôme. Quentin et Lorenzo ont bien œuvré dans ce sens ».

Quand ses coéquipiers se sont écartés, Romain Grégoire a pris ses responsabilités. « J’ai joué ma chance pleinement en allant me positionner idéalement à un kilomètre de la ligne », disait-il. « Il s’est mis dans le train Soudal-Quick Step et il a été intelligent en ne suivant pas Evenepoel, mais plutôt un coureur qu’il connaît bien, à savoir Sam [Watson], relatait Jérôme. Il est monté fort dès le pied et ça a mis Romain en bonne position ». Aux avant-postes à 500 mètres du but, le puncheur tricolore a alors parfaitement contrôlé la situation. « Quand Romain est comme ça, quand il sait qu’il peut gagner, il ne fait pas d’erreur, assurait Jérôme. Il a pris les bonnes roues et on sentait qu’il était confiant, serein. Il a été patient, car on s’était dit qu’il fallait lancer le sprint avant le dernier virage, car les 200 derniers mètres étaient moins difficiles, à 4% ». C’est exactement ce que le Bisontin a fait, en démarrant son effort à environ 250 mètres, pour se porter en tête dans la foulée et ne plus jamais la lâcher. « Quand j’ai senti l’ouverture, j’y suis allé, et ça a tenu jusqu’à la ligne », racontait-il, euphorique. Devant Julian Alaphilippe, le coureur de la Groupama-FDJ a ainsi pu célébrer une vraie victoire en costaud. « C’est vraiment top, lâchait-il. C’était un gros objectif de gagner ici. Toute l’équipe a fait un travail incroyable et mérite cette victoire. Je suis vraiment content. On a le maillot de leader en prime, donc on ne pouvait pas espérer beaucoup mieux ! »

« Ce sera un nouveau défi », Jérôme Gannat

Si son compatriote a fini dans le même temps, les autres concurrents ont terminé à deux secondes, et Romain Grégoire a donc pris les commandes du général devant Matthew Brennan. Une journée pleine. « À l’origine, c’est La Conti qui était inscrite à cette épreuve, rappelait Jérôme. On a finalement décidé d’aligner l’équipe WorldTour, mais quasiment tout le staff est celui de La Conti. C’est important pour eux aussi de côtoyer des coureurs comme Romain et de jouer les premiers rôles sur de belles courses comme le Tour de Grande-Bretagne ». Samedi, toute l’Équipe cycliste Groupama-FDJ tentera d’entretenir cette belle dynamique en direction de l’ascension de The Tumble (5,5 km à 7,3%). « C’est quasiment leur Alpe d’Huez ici, souriait Jérôme. C’est une bosse qui peut convenir aux qualités de Romain. On a une équipe avec des coureurs d’expérience comme Olivier et Quentin pour l’entourer, et ce sera un nouveau défi pour nous ». « Je suis prêt à me battre, lançait Romain. De toute façon, quand on a un maillot de leader sur les épaules, on est dans l’obligation de le faire ! »

A lire dans cette catégorie…

0

  • #Tour of Britain
 - Etape 6
0

  • #Tour of Britain
 - Etape 5
0

  • #Tour of Britain
 - Etape 3