La moisson continue pour Romain Grégoire ! Aucunement rassasié par ses récents succès, le jeune Franc-Comtois a encore fait parler la poudre ce dimanche, à l’occasion de la cinquième et dernière étape du Tour de Luxembourg. Cette fois-ci, il s’est imposé au terme d’une échappée d’une vingtaine de kilomètres avec Ben Healy, dont il s’est débarrassé à un kilomètre de l’arrivée. Intraitable, le puncheur de 22 ans s’est ainsi adjugé son sixième succès de la saison, son douzième chez les pros, tout en permettant à l’Équipe cycliste Groupama-FDJ d’atteindre la barre des quinze victoires en 2025.
Vers Luxembourg, l’Équipe cycliste Groupama-FDJ arrivait non seulement en terrain connu ce dimanche, mais aussi en terrain conquis, lors du dernier acte du Tour national. Valentin Madouas et David Gaudu, à deux reprises, s’étaient ainsi déjà imposés sur le circuit final proposé dans les rues de la capitale du Grand-Duché. De quoi donner des idées à Romain Grégoire, revanchard après la perte du maillot jaune 48 heures plus tôt, et au fait du tracé après l’avoir reconnu samedi matin. « Je m’en voulais beaucoup, pour moi et pour l’équipe, d’être passé à côté vendredi, confiait-il. Je n’étais pas à mon niveau et j’avais à cœur de montrer aujourd’hui que je pouvais faire beaucoup mieux que ça, et m’imposer ». « On s’attendait à une grosse bagarre pour l’échappée, et étant donné qu’il y avait beaucoup de coureurs loin au général, ça nous faisait un peu peur, indiquait Benoît Vaugrenard. Le but était donc de mettre un mec dans l’échappée, car on ne sait jamais, et c’est ce qu’a très bien fait Enzo ». Avec une dizaine de concurrents, le Beauvaisien est ainsi parvenu à s’extirper, mais le peloton est resté à distance raisonnable toute la journée, sous une pluie battante. Peu avant le circuit final, le pensionnaire de la Groupama-FDJ a accéléré en compagnie de Mats Wenzel en tête tandis que le peloton ne pointait plus qu’à quarante secondes.
« Il fallait de l’audace », Benoît Vaugrenard
« On avait vu qu’UAE temporisait car leur but était de ne pas aller chercher l’échappée, donc il était grand temps de mettre en route, reprenait Benoît. Il y avait une belle descente qui était propice pour le faire, on s’est exécuté, et cela a fait venir d’autres équipes ». Au pied de la première des trois ascensions du Pabeierberg (800m à 9,2%), précédant la ligne d’arrivée d’environ un kilomètre, les choses sérieuses ont alors débuté. Romain Grégoire a été parfaitement déposé par Lorenzo Germani, auteur d’un train soutenu dans les premières pentes, avant de prendre le sillage de Ben Healy. « Ce n’était pas forcément le plan de partir d’aussi loin, mais on sait que ça peut se décanter tôt sur un circuit comme ça, surtout sous la pluie, et qu’il est très compliqué pour un peloton de s’organiser, exposait Romain. Quand j’ai vu Ben Healy attaquer, je n’ai pas hésité une seule seconde. On sait que c’est un coureur à suivre quand ça part de loin, car il va toujours rouler, et rouler fort ». « Il fallait être en capacité de le suivre, et Romain l’était, puis on a vite vu que ça temporisait derrière car Healy était assez loin au général, précisait Benoît. C’était bon pour nous ».
Au passage sur la ligne, à deux tours du terme, le duo franco-irlandais est retombé sur le groupe d’Enzo Paleni, puis a empêché le retour de Marc Hirschi de l’arrière tout en allant chercher le dernier échappé, Wenzel, à vingt bornes du terme. La coopération s’est avérée extrêmement fluide entre les deux hommes, et l’écart a très vite gonflé à trente secondes, et même à une minute après un nouveau passage du Pabeierberg. Au son de cloche annonçant l’ultime boucle de douze kilomètres, Romain Grégoire et Ben Healy comptait plus d’une minute d’avance sur le groupe des favoris. Le dernier tour n’a aucunement changé la donne, et le duo s’est présenté au pied de la montée finale avec l’assurance de batailler pour la gagne. « Il était clair qu’on avait chacun notre carte à jouer, indiquait Romain. La sienne était de monter à fond depuis le pied et la mienne était d’attendre le final pour jouer sur mon explosivité. Ce n’était pas facile, mais je me suis accroché jusqu’au sommet ». Seulement, le Franc-Comtois ne s’est pas contenté de cela. « Avec ce final technique et ces quelques virages, j’ai pris l’option de le contrer à un kilomètre de l’arrivée », souriait-il. « Il fallait de l’audace pour l’attaquer en haut de la bosse, affirmait Benoît. Il m’a fait peur car Healy n’est pas du genre à lâcher ». Et si l’Irlandais n’a effectivement pas baissé pavillon, cela s’est avéré insuffisant pour boucher la vingtaine de mètres le séparant du Bisontin.
« J’ai vécu une semaine assez folle », Romain Grégoire
Après un ultime effort dans la dernière ligne droite, Romain Grégoire a donc pu se relever et lever les bras avant même de franchir la ligne. « C’était juste, car il n’était pas loin derrière, mais ça a tenu, savourait le jeune Tricolore. C’est assez fou de me retrouver là cinq jours après ma première victoire. J’ai vécu une semaine assez folle au Luxembourg, et faire cette dernière étape sous la pluie a rendu les choses encore plus difficiles. Je suis juste trop heureux de lever les bras ». Impressionnant de maîtrise et de force, il a ainsi apporté la quatrième victoire en cinq ans à l’Équipe cycliste Groupama-FDJ dans cette même étape. Il s’est aussi imposé pour la quatrième fois en ce mois de septembre. « Avec deux victoires d’étapes, le contrat de la semaine est largement rempli, ponctuait Benoît. Je retiens aussi l’investissement collectif. Eddy et tous les autres ont fait une superbe course, et on avait un leader à la hauteur. Ça le remet également en confiance après l’étape de vendredi. On peut désormais affirmer que c’était un jour sans et que les jambes sont vraiment là ». De très bon augure en vue des prochaines échéances.