À l’inverse des éditions précédentes, les sprinteurs n’étaient pas conviés aux festivités du Tour de l’Ain cette année. La première étape, traditionnellement à leur avantage, présentait dès ce mercredi une difficulté de taille. À quarante bornes du but, le peloton devait ainsi arpenter le Col de Portes (14,6 km à 5,4%), unique relief du jour, mais naturellement suffisant pour opérer une vraie sélection. Sur les cent-vingt kilomètres de plat précédant l’ascension, un trio s’est constitué en tête et a pu ouvrir la route avec un peu plus de deux minutes d’avance sur le paquet. L’écart était approximativement celui-ci avant les premières pentes, et il n’a naturellement fait que décroître dans le Col de Portes alors que l’écrémage s’opérait petit à petit par l’arrière. En revanche, à mi-chemin dans la bosse, la formation Visma-Lease a Bike a sérieusement haussé le ton et trois hommes se sont rapidement distingués du reste. « Il fallait vraiment que je gère mon effort, car ça a vraiment fait mal aux jambes, et le but pour moi était de ne pas me mettre dans le rouge pour pouvoir produire un beau sprint à l’arrivée, expliquait Tom Donnenwirth. J’avais vraiment de bonnes jambes lors du déblocage hier, et je me suis dit que ça pouvait le faire aujourd’hui, sur un parcours qui me convenait en plus vraiment bien ». À l’instar de ses coéquipiers, il a ainsi pris place dans un groupe de poursuivants d’une dizaine, puis d’une vingtaine d’unités. « On a été dominé sur les attaques, mais ce sont les premiers efforts après une longue période sans course, ajoutait Yvon Caër. On n’a pas paniqué, on savait que Lorenzo allait pouvoir boucher le trou dans la descente ».

Et c’est effectivement ce qu’il s’est produit. Pointé à une petite vingtaine de secondes du trio de tête au sommet du Col de Portes, le groupe de poursuite a pu opérer la jonction dans la descente grâce au jeune Transalpin de la Groupama-FDJ, qui a d’ailleurs poursuivi son effort jusqu’en bas, avec son leader David Gaudu dans la roue. Au sein d’un groupe de vingt-neuf coureurs figuraient alors le Breton, Tom Donnenwirth, Lorenzo Germani, Brieuc Rolland ainsi que Clément Braz Afonso. Ce dernier n’a pas tardé à être mis à l’ouvrage après l’attaque d’Oliver Mattheis sur la portion plane de treize kilomètres menant à l’arrivée. « Les gars m’ont tous fait confiance, et j’en ai besoin pour ‘marcher’, confiait Tom. Ils m’ont dit que je pouvais gagner, que je faisais partie des mecs les plus rapides du peloton. Toute l’équipe a vraiment été au top toute la journée, en roulant dans la bosse, dans le final. Il y a eu du mouvement, mais je suis toujours resté serein. Je me suis répété que ça pouvait le faire, et je ne voulais vraiment pas me louper ». Grâce notamment au travail abattu par Clément Braz Afonso, l’homme de tête a été revu à deux kilomètres de la ligne, et s’est alors mis en place le train Groupama-FDJ. Mené par Brieuc Rolland, celui-ci s’est porté en tête de groupe peu après le passage de la flamme rouge, et n’a dès lors plus été délogé.

Dans le dernier virage, à 200 mètres de la ligne, Lorenzo Germani a déboulé pour lancer les deux derniers wagons, à savoir Tom Donnenwirth et David Gaudu, et le tout s’est conclu par un sublime doublé et la première victoire dans les rangs professionnels du Béarnais. « C’était du tableau noir, s’émerveillait l’intéressé. Les mecs m’ont placé idéalement à 100 mètres de l’arrivée, je n’avais plus qu’à faire un gros sprint, mettre la balle au fond, et ça a marché. Je dois vraiment remercier toute l’équipe qui a bossé pour moi et qui m’a fait confiance. Ce n’est que du bonheur. C’est un jour qui restera, c’est certain. Il y a eu des hauts et des bas cette saison, mais j’ai toujours voulu croire en mes capacités et je me suis dit que ça allait finir par se débloquer. J’espère que ce déclic est arrivé et que ça continuera comme ça pour la fin de saison ». Comme un symbole, Tom Donnenwirth a levé les bras sur la ligne en même temps que son leader David Gaudu, deuxième, et lui aussi victorieux pour la première fois chez les pros à l’occasion d’un doublé – avec Thibaut Pinot – sur cette même course. « Le final a été une vraie réjouissance, confiait Yvon. On a construit ça ensemble et on a fait exactement ce qui était convenu. On a fait confiance à Tom, ça a marché, mais je veux souligner aussi le travail des équipiers car tout le monde s’est mis en place quand il le fallait. C’est une vraie satisfaction collective ».

Jeudi, c’est donc avec le maillot jaune sur les épaules que Tom Donnenwirth démarrera la deuxième étape du Tour de l’Ain, qui devrait éclaircir bien plus nettement le classement général.

A lire dans cette catégorie…

0

  • #Tour de l'Ain
0

  • #Tour de l'Ain
 - Étape 2
0

  • #Tour de l'Ain
 - étape 3