L’apprentissage se poursuit pour Valentin Madouas. À la découverte du Tour de France cette année, le Breton a pris part à sa toute première échappée ce vendredi. Et quelle échappée ! Sur une étape au profil de montagnes russes en direction du Puy Mary, le jeune homme de 24 ans a d’abord mené une chasse effrénée pour rejoindre le groupe de tête avant de faire parler sa ténacité dans le final, reprenant plusieurs coureurs qui l’avaient auparavant distancé pour finalement accrocher une belle quatrième place sur la ligne.

Au départ de la treizième étape du Tour de France, la consigne au sein de l’Équipe cycliste Groupama-FDJ était des plus limpides : prendre l’échappée. La mise en pratique de cette consigne, en revanche, était bien moins évidente sur le terrain. Les tentatives n’ont pourtant pas manqué, et les grimpeurs ont crânement tenté leur chance dans le Col de Ceyssat après vingt kilomètres, mais c’est d’abord sans l’équipe qu’une échappée de cinq hommes et un contre d’une dizaine se sont créé après quarante kilomètres. « Ça n’a pas été simple, reconnaissait Thierry Bricaud. On avait beaucoup d’envie mais il y a eu un très gros départ et une grosse première heure et demie de course. On était souvent bien présents dans les coups mais ça a bien failli partir sans nous ». Quand le peloton s’est enfin décidé à relâcher quelque peu la pression, Valentin Madouas a senti le moment opportun pour sauver les meubles. « Chacun savait ce qu’il avait à faire, on voulait absolument être devant, quoiqu’il en soit, poursuivait Thierry. Rudy, Thibaut, Seb y sont allés avant. Valentin s’est senti aussi impliqué qu’eux et a pris l’initiative. C’est très bien ce qu’il a fait aujourd’hui ».

« Ce qu’a fait Valentin est très bien », Thierry Bricaud

« On s’était fait piéger, j’ai donc voulu essayer de rentrer, résumait l’intéressé. J’ai bouché quasiment 1’30 tout seul. Je devais tout donner et rentrer le plus vite possible pour pouvoir récupérer en vue des dernières difficultés. J’ai fait de gros efforts mais ils étaient nécessaires ». D’abord revenu sur le groupe de contre, le Breton a ensuite opéré la jonction avec la tête de la course, dès lors composée de dix-sept hommes dont quelques grands noms : Julian Alaphilippe, Dani Martinez, Maximilian Schachmann, Marc Soler, Pierre Rolland ou bien Dan Martin. N’étant aucunement menacé par les échappés du jour, le paquet a lâché du lest et ne s’est plus préoccupé du gain de l’étape. Valentin Madouas et ses compagnons de fuite ont pu prendre dix minutes d’avance et donc rêver de victoire au Pas de Peyrol. Avant ce final, néanmoins, Neilson Powless a tenté d’anticiper, mais il a été repris et largué par Maximilian Schachmann dans les contreforts du Col de Neronne, avant-dernière ascension de la journée. Dans cette difficulté, Valentin Madouas a d’abord été décroché par les principaux poursuivants mais il les a ensuite rattrapé à la faveur d’une belle remontée dans le Pas de Peyrol.

« Il m’en manque un petit peu, mais ça va venir », Valentin Madouas

À l’arrivée, seul Dani Martinez, vainqueur, ainsi que Lennard Kämna et Maximilian Schachmann l’ont finalement devancé. « Je savais que ça allait être très dur dans le final, avec des pourcentages très raides, et il fallait avoir beaucoup de fraîcheur, confiait-il. Ça s’est fait à la jambe et il m’a manqué un petit quelque chose pour pouvoir faire mieux. Je me sentais plutôt bien mais je pense que l’énergie que j’ai donné au début pour rejoindre l’échappée me coûte une meilleure performance. La gagne, peut-être pas, mais il y avait sans doute possibilité de s’en rapprocher ». « Il n’aurait peut-être pas gagné sans ses efforts du début d’étape, mais cela a sans nul doute influencé son rendement dans le final, constatait également Thierry Bricaud. Il a toujours été un peu à contretemps mais il ne pouvait pas faire autrement. Ça prouve néanmoins qu’il marche très fort, car il fait une sacrée journée et réussit à faire quatrième à l’arrivée. Malgré sa jeunesse, Valentin se connait bien. Il n’a pas voulu se mettre dans le rouge et il est monté à sa main, à son rythme, et c’est ce qui lui a permis d’aller chercher des coureurs dans le final ».

Au terme de plus de cinq heures d’efforts, le Breton a donc signé son premier top 5 sur le Tour de France, ce qui ne représente pas rien. « Je suis content car les jambes tournent bien, disait-il. Devant, c’est quand même le vainqueur du Dauphiné qui gagne devant un vainqueur d’étape au Dauphiné. Cela prouve que je suis presque à leur niveau. Il m’en manque un petit peu mais ça va venir, et je suis plutôt content de ma performance ». Après la huitième place de Sébastien Reichenbach jeudi à Sarran, c’est une nouvelle validation du nouveau cap fixé par l’Équipe cycliste Groupama-FDJ sur ce Tour de France. « Les gars sont dans le coup, ils essaient et c’est l’attitude qu’on veut voir et avoir, concluait Thierry. On va renouveler ça demain et tous les jours qui suivent, jusqu’à ce qu’on y arrive

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