S’il demeure prudent vis à vis du calendrier communiqué il y a peu par l’Union Cycliste Internationale, qui reste bien entendu sujet à modifications selon la situation sanitaire, Marc Madiot se projette néanmoins avec « gourmandise » sur une fin de saison atypique, mais aussi très compacte, lors de laquelle il compte bien être présent sur tous les fronts avec son Équipe cycliste Groupama-FDJ.

Marc, les coureurs doivent-ils être performants dès le 1er août ?

Il faudra en tout cas qu’ils soient prêts à courir et à enchaîner les courses parce qu’il n’y aura pas de séances de rattrapages, dans ce sens où la saison sera courte et resserrée. Il faudra être opérationnel au maximum pour attaquer la fin de saison dans des conditions acceptables. Il ne faudra peut-être pas à 100%, mais il faudra être globalement prêt.

« On ne va pas faire les difficiles »

Des Classiques comme Strade Bianche et Milan-Sanremo sont prévues début août et seront disputées sans véritable préparation. Est-ce un gros problème ?

Non, ce ne sera pas un problème puisque ce sera pour tout le monde pareil ! Il y aura sûrement une ou deux courses avant. On verra bien, mais ça va rendre la course forcément différente. La préparation sera un peu décalée, c’est le moins qu’on puisse dire, mais on fera avec. On ne va pas faire les difficiles. Le calendrier sera ce qu’il sera. Il n’est pas idéal en tout état de cause mais le plus important est que les courses puissent se dérouler et que l’on puisse, nous Équipe cycliste Groupama-FDJ, participer à un maximum d’entre elles. Ça s’arrête à ça.

Faut-il s’attendre à un Tour de France avec moins de ferveur en septembre ?

Ce sera forcément différent. Le public du Tour de France du mois de juillet sera nécessairement quelque peu amputé. On aura peut-être davantage un public de connaisseurs que de vacanciers, mais encore une fois, l’important est que la course ait lieu et qu’elle se passe bien, dans de bonnes conditions. L’essentiel dans toute cette période c’est que ça puisse courir et qu’on puisse retrouver des évènements les plus proches possibles de ce qu’on connait habituellement. Je crois que tout le monde sera content de retrouver une course, tout comme on sera content de revoir un match de foot. S’il y a un petit peu moins de monde que d’habitude, ce ne sera pas un drame. Je pense que, de toute façon, les gens qui ne seront pas sur le bord de la route seront devant leur téléviseur au moment des arrivées d’étape. Ceci compensera cela.

Un Tour de France sans nouveau champion de France, ce serait dommage ?

Si cela devait être le cas, on ferait avec aussi, et ce ne serait pas non plus la fin du monde. Le plus important, c’est qu’on puisse remettre un dossard à partir du 1er août. Ensuite, les conditions dans lesquelles on le remettra ne seront sans doute pas toujours top, mais il faudra avec et on s’adaptera à la situation, que ce soit pour le Tour ou les autres courses.

Une campagne de Classiques en sens inverse, qu’est-ce que ça change ?

Cela n’a aucune incidence dans la mesure où ça ne touche pas la même population de coureurs. De mon côté, je suis surtout curieux de voir ce que ça peut donner de faire les Classiques après un Grand Tour, puisqu’on aura fait au moins le Tour. Ça, ça m’intrigue. Et puis, on regardera tout ça avec une certaine gourmandise puisqu’on en aura été privé pendant très longtemps. On aura forcément un appétit d’ogre et il faudra profiter de tous ces moments. Ce n’est pas possible que tout soit parfait. Il y aura forcément des accrocs en termes d’organisation, de calendrier, des épreuves un peu moins bonnes en termes de participation, que les déroulés de course ne soient pas les mêmes que par le passé… Mais tout ça, ce n’est pas grave. Il faut voir le bon côté des choses : la vie reprend, les courses reprennent, on n’a pas baissé les bras et on est de retour en course. C’est comme ça que je vais essayer de vivre le moment. Dans toute cette période, je pense qu’il faudra apprécier la saveur de la course plutôt que pointer les inconvénients qu’on pourra rencontrer à certains moments.

« On aura notre propre Boxing Day »

Le 25 octobre se dérouleront Paris-Roubaix, le Giro et la Vuelta. Cela peut-il poser des soucis d’ordre logistique ?

On ne s’est pas encore concrètement projetés là-dessus mais il est certain qu’il faudra être opérationnel. Ce sera surtout un « Super Dimanche » de cyclisme. Il faut imaginer le fan de vélo ! Il sera presque obligé d’avoir trois télés à la maison… même s’il y aura probablement des aménagements d’horaires pour faire en sorte qu’on puisse en voir un maximum. Je pense même qu’il y a une communication particulière à faire sur une journée comme celle-là. C’est comme pour les matchs de foot en Angleterre à Noël : on aura notre propre Boxing Day ! Pour la logistique, on se débrouillera. Et quand bien même la logistique ne serait pas tout à fait identique à l’accoutumée, ce ne serait pas un drame. Moi j’ai envie de vivre cette journée là, ce sera assez historique.

Le Giro et la Vuelta en automne, est-ce source à problématiques ?

Par le passé, même quand ces courses étaient organisées à leur période initiale et attendue, les organisateurs parvenaient toujours à s’adapter aux situations, notamment météorologiques. Ce sera le cas cette fois-ci encore. Honnêtement, je n’ai pas d’inquiétudes à ce sujet et vis à vis des parcours. Les personnes en charge sauront ajuster et arranger le terrain si besoin est. Pour nous, ces nouvelles dates bousculent forcément quelque peu nos repères, mais en même temps, c’est une curiosité supplémentaire et ce n’est pas désagréable ! Il sera en tout cas difficile de doubler le Tour avec le Giro. Avec la Vuelta, pourquoi pas. Il faudra regarder ça de plus près quand tout le calendrier sera entériné de manière définitive.

Les leaders de l’équipe participeront-ils à des courses françaises ?

Oui bien sûr ! À partir du moment où ça rentrera dans le cadre de leur préparation, nos leaders participeront à des épreuves en France, évidemment. Quoiqu’il en soit, toutes les équipes françaises doivent participer au calendrier français et tous les organisateurs français doivent inviter les équipes françaises. On sera donc présent au départ, mais on n’oubliera pas nos amis étrangers. Le mot d’ordre en interne est très simple : on participera au maximum de courses avec le maximum de coureurs. Dans la mesure du possible, on fera le plus grand nombre de courses qu’on peut faire, même si le calendrier sera par moments très très chargé.

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